Lilium, le taxi volant électrique, sauvé de la faillite
La fin d'année 2024 aura été un véritable ascenseur émotionnel pour les employés de la start-up allemande Lilium, spécialisée dans le développement de taxis volants électriques. Alors que la situation semblait désespérée suite au licenciement de l'ensemble des salariés le 20 décembre, un miracle de Noël pourrait bien sauver l'entreprise de la faillite.
Un consortium d'investisseurs à la rescousse
Lilium était au bord du gouffre financier malgré des commandes et des partenariats prometteurs. Faute de liquidités, elle avait dû se résoudre à licencier l'intégralité de son personnel, soit 775 personnes, alors qu'elle venait déjà de remercier 250 salariés quelques semaines auparavant. La maison mère avait demandé son placement en procédure d'insolvabilité et d'auto-administration fin octobre.
Mais contre toute attente, le cabinet KPMG mandaté par Lilium pour trouver un repreneur aurait réussi sa mission en un temps record. Le 23 décembre, soit 3 jours seulement après les licenciements massifs, l'entreprise annonçait qu'un consortium d'investisseurs européens et nord-américains, regroupés sous l'entité « Mobile Uplift Corporation GmbH », était prêt à racheter les actifs des filiales allemandes de Lilium.
L'accord devrait permettre de sauvegarder 775 emplois.
Journal Wirtschafts Woche
Un avenir encore incertain malgré ce sursis
La vente devrait être finalisée début janvier 2025, permettant à Lilium de sortir de la procédure d'insolvabilité et de redémarrer ses activités. Néanmoins, la santé financière de l'entreprise reste fragile. Depuis sa création en 2015, la start-up a brûlé pas moins de 1,5 milliard d'euros sans avoir réussi à faire décoller un seul appareil.
Lilium misait beaucoup sur des aides publiques pour l'aider à tenir jusqu'à l'industrialisation de son premier modèle, le Lilium Jet, dont les livraisons sont prévues pour 2026. Mais le parlement allemand, sous pression des écologistes, s'était opposé cet automne à un soutien de la banque publique d'investissement.
Un poids lourd du secteur émergent des eVTOL
Malgré ces difficultés, Lilium fait figure de référence dans le domaine très prometteur des eVTOL (aéronefs électriques à décollage et atterrissage vertical), aux côtés de concurrents comme l'américain Joby Aviation ou l'allemand Volocopter. Portée par d'anciens ingénieurs d'Airbus, l'entreprise revendique un carnet de commandes de :
- 108 achats et réservations fermes
- 82 options
- Près de 600 appareils sous protocole d'accord
Lilium avait même annoncé un projet d'usine en France lors du sommet Choose France en avril 2024. Si la vente se concrétise, ce projet ambitieux pourrait donc être relancé, sous réserve de l'amélioration de la santé financière de l'entreprise.
Un secteur en plein essor malgré les obstacles
L'épisode Lilium illustre bien les défis auxquels font face les entreprises pionnières de la mobilité aérienne urbaine électrique. Malgré l'engouement des investisseurs et du public pour cette nouvelle forme de transport futuriste et décarbonée, le chemin vers la rentabilité est encore long et semé d'embûches.
Outre les besoins de financement colossaux pour développer des technologies de pointe, ces start-ups doivent aussi obtenir les certifications nécessaires pour faire voler leurs engins révolutionnaires. Un processus complexe et chronophage auprès des autorités.
Enfin, il faudra convaincre le grand public et les pouvoirs publics de l'intérêt et de la sécurité de ces nouveaux taxis volants, afin qu'ils s'intègrent harmonieusement dans le paysage urbain de demain. Un défi de taille, mais porteur d'immenses opportunités pour les acteurs qui parviendront à tirer leur épingle du jeu.