Lilly acquiert Morphic pour son traitement oral prometteur
Les grands laboratoires pharmaceutiques ont les yeux rivés sur les biotechs innovantes, sources de traitements d'avenir. Eli Lilly vient d'en faire la démonstration éclatante en déboursant pas moins de 3,2 milliards de dollars pour acquérir Morphic Therapeutic. La biotech américaine développe des petites molécules inhibitrices de l'intégrine, une protéine impliquée dans les maladies inflammatoires chroniques de l'intestin (MICI) comme la rectocolite hémorragique et la maladie de Crohn.
Un traitement oral en phase II, grande promesse des MICI
Le joyau de Morphic est le MORF-057, un candidat-médicament administré par voie orale actuellement en essais de phase II. Il cible l'intégrine, qui contribue à la prolifération des lymphocytes dans l'intestin, un mécanisme central dans le développement des MICI. Selon le directeur scientifique de Lilly, Daniel Skovronsky, ce type de thérapie pourrait permettre un traitement précoce de ces pathologies invalidantes, voire être utilisé en combinaison à un stade plus avancé.
Pipeline alléchant avec des actifs précliniques prometteurs
Au-delà de son produit phare, Morphic dispose d'un pipeline préclinique ciblant des maladies auto-immunes, pulmonaires, intestinales ainsi qu'en oncologie. De quoi renforcer durablement le portefeuille de Lilly dans des aires thérapeutiques majeures et porteuses.
Course effrénée des géants pharma sur les MICI
Mais la concurrence fait rage sur le marché des MICI, avec des médicaments par voie orale comme le Velsipity de Pfizer, ou des anticorps injectables tels que l'Entyvio de Takeda, qui a généré 5,6 milliards de dollars en 2023. Les laboratoires rivalisent d'innovations, entre nouvelles cibles, modes d'administration et améliorations incrémentales pour doper leurs blockbusters.
Les thérapies par voie orale pourraient ouvrir de nouvelles possibilités pour des traitements précoces de ces maladies.
Daniel Skovronsky, directeur scientifique de Lilly
Un pipeline MICI à étoffer pour Lilly
Certes, Lilly dispose déjà d'un anticorps contre les MICI, l'Omvoh approuvé en Europe en 2023. Mais avec ce rachat, le laboratoire comble un manque dans son pipeline et compte bien commercialiser à terme un nouveau traitement par voie orale. Car l'enjeu est de taille, avec près de 7 millions de personnes touchées par une MICI dans le monde, dont 80 000 en France pour la seule rectocolite hémorragique.
Lilly poursuit sa stratégie d'acquisitions ciblées
Cette acquisition majeure confirme la stratégie offensive de Lilly, qui n'hésite pas à sortir le chéquier pour renforcer son pipeline dans des domaines clés. Le laboratoire réinvestit ainsi les profits colossaux générés par ses médicaments contre le diabète et l'obésité. Après Morphic, nul doute que Lilly scrutera le marché à la recherche d'autres pépites issues des biotechs.