L’Impact à Long Terme des Excès d’Alcool chez les Jeunes Adultes
Qui n'a pas fait quelques excès d'alcool dans sa jeunesse ? Si beaucoup pensent que ces épisodes n'ont pas de conséquences à long terme une fois la gueule de bois passée, une étude récente vient nous prouver le contraire. Les chercheurs de l'Université de Pennsylvanie ont en effet découvert que les beuveries excessives chez les jeunes adultes entraînent des dommages cérébraux permanents, visibles encore des décennies plus tard et augmentant les risques de développer la maladie d'Alzheimer. Décryptage de cette inquiétante trouvaille.
Un cerveau durablement marqué par l'alcool
L'équipe du Dr Nikki Crowley a soumis des souris à un protocole mimant les excès d'alcool chez les jeunes humains de 18-25 ans, avant de les laisser vieillir normalement. À l'âge moyen (équivalent 35-45 ans chez l'Homme), l'activité de deux types de neurones clés a été analysée :
- Les neurones pyramidaux, excitateurs, agissant comme "l'accélérateur" cérébral
- Les neurones GABAergiques, inhibiteurs, jouant le rôle de "frein"
Résultat : même après une longue période d'abstinence, l'équilibre entre ces deux populations neuronales restait perturbé. Les neurones pyramidaux étaient moins aptes à communiquer, tandis que les neurones GABAergiques recevaient trop de signaux du glutamate, un neurotransmetteur excitateur.
Un déséquilibre similaire à celui observé dans la maladie d'Alzheimer
Or cette dérégulation de la communication neuronale n'est pas sans rappeler celle constatée chez les patients atteints de déclin cognitif et de démence de type Alzheimer. Comme le souligne le Dr Crowley :
Il est crucial que l'accélérateur et le frein soient équilibrés et flexibles pour exécuter des tâches cognitives complexes. On sait que cet équilibre peut être rompu pour diverses raisons, notamment dans les maladies neurodégénératives comme Alzheimer. Nous voulions savoir si la consommation d'alcool pouvait être une cause potentielle de ce dérèglement.
– Dr Nikki Crowley, Université de Pennsylvanie
Et la réponse est sans appel : oui, les excès d'alcool précoces altèrent durablement le fonctionnement cérébral d'une manière rappelant un vieillissement pathologique. Un lien de cause à effet qui fait froid dans le dos quand on sait qu'un jeune sur trois est concerné par le « binge drinking ».
Vers des pistes thérapeutiques ciblées
Mais tout n'est pas perdu pour autant. Ces travaux ouvrent en effet la voie à de nouvelles approches pour réparer les dégâts cérébraux liés à l'alcool et prévenir un déclin cognitif précoce. Les chercheurs envisagent notamment d'utiliser la somatostatine, une protéine capable de rééquilibrer la signalisation neuronale.
Si les dommages du passé sont irréversibles, cette découverte peut au moins nous inciter à une prise de conscience. Car c'est dès la jeunesse que se joue la santé de notre cerveau pour les décennies à venir. Un verre de temps en temps, pourquoi pas, mais attention aux abus répétés qui laisseront des traces indélébiles. Notre mémoire et nos neurones nous diront merci plus tard !