L’impact de l’avertissement du Médecin-Chef des USA sur les spiritueux
Le secteur des spiritueux a subi un véritable séisme boursier la semaine dernière, suite à la publication d'un rapport alarmant du Médecin-Chef des États-Unis, Vivek Murthy. Dans ce document, la plus haute autorité sanitaire du pays appelle à la mise en place d'étiquettes d'avertissement contre le cancer sur les bouteilles d'alcool, provoquant une onde de choc sur les marchés financiers.
Un rapport qui pointe les liens entre alcool et cancer
Le rapport du Médecin-Chef ne mâche pas ses mots. Il désigne la consommation d'alcool comme la troisième cause évitable de cancer aux États-Unis, juste derrière le tabac et l'obésité. Surtout, il établit un lien direct entre la consommation d'alcool et sept types de cancers, notamment ceux du sein, du côlon et du foie, quel que soit le type d'alcool consommé.
La consommation d'alcool est la troisième cause évitable de cancer aux États-Unis, après le tabac et l'obésité.
– Rapport de l'administration du Médecin-Chef des USA
Un coup de tonnerre sur les marchés
La réaction des marchés financiers ne s'est pas fait attendre. À Wall Street, les grands noms des spiritueux comme Brown-Forman (Jack Daniel's) ou Constellation Brands (Corona) ont vu leur action chuter de plus de 2%. Même constat en Europe, avec des baisses marquées pour Pernod Ricard (-2,67%), Rémy Cointreau (-4,77%), Campari (-4,23%) ou Diageo (-3,97%).
Les grands brasseurs n'ont pas été épargnés. AB InBev, numéro un mondial de la bière, a perdu 2,77%, tandis que ses concurrents Carlsberg et Heineken reculaient respectivement de 1,38% et 1,86%. Un véritable coup de tonnerre pour un secteur habitué à une croissance régulière ces dernières années.
Quelle réponse des industriels ?
Pour l'instant, les principaux acteurs du secteur sont restés mutiques. Sollicités par la presse, Diageo, Pernod Ricard, Heineken ou AB InBev n'ont pas souhaité commenter les recommandations du Médecin-Chef. Mais en coulisses, c'est l'effervescence. Les industriels craignent que ces étiquettes n'affectent durablement l'image et les ventes de leurs produits.
Certains envisagent déjà des actions de lobbying pour contrer cette initiative. D'autres réfléchissent à renforcer leur communication sur la consommation responsable. Une chose est sûre : l'industrie des spiritueux ne compte pas se laisser faire sans réagir.
Quel avenir pour la régulation de l'alcool ?
Reste à savoir si ces recommandations seront suivies d'effet. Leur sort est d'autant plus incertain que l'administration Biden arrive en fin de mandat. C'est désormais au Congrès et au président élu Donald Trump qu'il reviendra de trancher. Or ce dernier, dont le frère est décédé des suites de l'alcoolisme, est connu pour ses positions anti-alcool.
Au-delà de ce cas précis, l'initiative du Médecin-Chef pose la question de la régulation de l'alcool dans nos sociétés. Après le tabac, les sodas ou la malbouffe, les spiritueux seront-ils le prochain terrain de bataille des autorités sanitaires ? Une chose est sûre : le débat ne fait que commencer.