
L’incertitude politique fragilise l’économie française
Coup de tonnerre sur la scène politique française. Pour la deuxième fois seulement sous la Ve République, le gouvernement a été renversé par une motion de censure ce mercredi 4 décembre. L'Assemblée nationale a adopté par 331 voix, soit 43 de plus que la majorité requise, le texte déposé par le Nouveau Front populaire (NFP) visant le gouvernement de Michel Barnier.
Cette censure historique intervient seulement trois mois après l'arrivée à Matignon de l'ancien négociateur du Brexit, nommé par Emmanuel Macron suite aux élections législatives de juin dernier. Des élections marquées par un parlement morcelé, sans majorité claire, rendant l'équation politique particulièrement instable et compliquée pour le pouvoir en place.
Un pays plongé dans l'incertitude
Le renversement du gouvernement Barnier replonge donc la France dans une période de forte instabilité politique, seulement six mois après la dissolution surprise de l'Assemblée nationale par le président Macron au soir des élections européennes. Une décision qui avait déjà fait l'effet d'une bombe, en réaction à la claque électorale subie par la majorité présidentielle.
Résultat, le pays se retrouve une nouvelle fois sans cap clair et sans exécutif solide aux commandes. Emmanuel Macron a annoncé vouloir nommer un nouveau Premier ministre d'ici samedi, date symbolique qui marquera la réouverture de la cathédrale Notre-Dame. Mais au vu du paysage politique explosé, difficile d'imaginer qu'un gouvernement puisse à nouveau s'installer durablement à Matignon.
L'économie française menacée
Cette valse incessante au sommet de l'État n'est pas sans conséquence sur l'économie française et les finances publiques du pays. Hasard du calendrier, le gouvernement Barnier a été renversé alors qu'il venait juste d'engager sa responsabilité sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2025. Un texte crucial qui devait permettre de redresser les comptes publics et de contenir le déficit à 6,1% du PIB cette année.
Soixante milliards d'intérêts sur la dette, voilà ce que les Français doivent payer chaque année. Cette réalité ne disparaîtra pas par l'enchantement d'une motion de censure.
Michel Barnier, ancien Premier ministre
Avec un budget rejeté et aucune visibilité sur le prochain gouvernement, les marchés financiers risquent de sanctionner durement ce nouveau plongeon dans l'inconnu. La prime de risque sur les actifs français a déjà augmenté ces derniers jours, signe de la nervosité des investisseurs face à la situation politique. Si une crise majeure semble écartée à court terme, c'est une crise "à petit feu" qui guette, nourrie par l'incertitude permanente.
Des appels à la démission de Macron
Face à cette impasse politique, les oppositions montent au créneau. À gauche, La France insoumise réclame désormais la démission du président de la République. Un appel jugé "irresponsable" par l'Élysée, Emmanuel Macron ayant réaffirmé cette semaine sa volonté d'aller "jusqu'au bout" de son mandat. Mais la pression pourrait encore monter d'un cran.
Même avec un Barnier tous les trois mois, Macron ne tiendra pas trois ans.
Jean-Luc Mélenchon, leader de La France insoumise
Une chose est sûre, la France s'enfonce un peu plus dans une crise politique majeure dont elle aura bien du mal à sortir sans un sursaut et un électrochoc. En attendant, c'est l'économie et les finances publiques du pays qui risquent d'en faire les frais, dans un contexte social déjà particulièrement tendu. Les prochaines semaines s'annoncent décisives pour l'avenir du pays.