L’industrie chimique française innove pour un avenir durable
La chimie est souvent pointée du doigt pour son impact environnemental. Pourtant, en France, tout un écosystème d'entreprises innove pour verdir ce secteur stratégique et relocaliser la production. Biocontrôle, chimie fine, molécules complexes... Plongée dans les coulisses d'une industrie en pleine mue.
Une industrie à la croisée des chemins
Longtemps délocalisée, la chimie fine européenne fait aujourd'hui face à une concurrence asiatique exacerbée. Résultat : une balance commerciale devenue déficitaire juste après la crise du Covid, au profit de la Chine et de l'Inde.
Pour Philippe Guerret, président-fondateur de M2i Group, spécialisée dans les phéromones et la chimie pharmaceutique, "la relocalisation d'activités industrielles doit être au cœur de notre politique économique". Mais pas à n'importe quel prix. Inutile de lutter sur les volumes et les coûts. La clé ? Miser sur l'innovation et les productions à haute valeur ajoutée.
M2i Group, pépite française du biocontrôle
Fondée en 2012, M2i illustre cette stratégie sur deux piliers : le biocontrôle à base de phéromones et la chimie pharmaceutique. En rachetant en 2013 le site historique de Solvay à Salin-de-Giraud (Bouches-du-Rhône), l'entreprise a misé sur un outil industriel existant pour développer des intermédiaires complexes.
Notre usine produit aujourd'hui une quarantaine de familles de phéromones, protégées par autant de brevets. C'est de la chimie fine multi-étape, jusqu'à des structures nécessitant plus de 4 étapes de synthèse.
Philippe Guerret, président-fondateur de M2i Group
En parallèle, M2i a relancé la production d'actifs pharmaceutiques clés, malgré la concurrence asiatique, comme le bromure de pinavérium contre les effets secondaires des chimiothérapies. Le site, qui tournait au ralenti en 2013, emploie désormais près de 100 personnes. Preuve qu'il est possible de réindustrialiser, même sur des marchés matures.
Le futur s'écrit à Lacq
À Lacq (Pyrénées-Atlantiques), M2i a installé son centre de R&D et une usine flambant neuve dédiée à la formulation de produits de biocontrôle. Homologué depuis 2022 en Amérique du Nord et du Sud, l'entreprise vise désormais le marché des grandes cultures, comme le maïs.
D'où un nouvel investissement de plusieurs millions d'euros, avec le soutien de France 2030. L'objectif : tripler les capacités de production pour répondre à une demande mondiale en plein boom. Le site, qui compte aujourd'hui 45 collaborateurs, pourrait encore s'agrandir.
Cap sur les 100 millions d'euros
Avec un objectif de 100 M€ de chiffre d'affaires à moyen terme, M2i Group mise sur une croissance interne et externe ambitieuse, en renforçant sa présence industrielle en France, mais aussi à l'international, avec un projet de déploiement en Amérique latine.
Pour Philippe Guerret, cette trajectoire n'est possible qu'en s'inscrivant dans le temps long:
Il faut de vraies politiques industrielles qui reposent sur les entrepreneurs, les financements et les pouvoirs publics. La souveraineté industrielle passe par des usines et des salariés fiers d'aller y travailler !
Philippe Guerret, président-fondateur de M2i Group
Un message fort, alors que la chimie française se cherche un nouveau modèle. Car malgré les défis, le potentiel est là, entre savoir-faire, innovation et volonté de réindustrialiser le pays. À l'image de M2i Group, la filière fourmille de pépites, prêtes à faire mentir les pronostics pessimistes.
Attractivité des métiers, nouveaux produits, décarbonation... Les chantiers ne manquent pas pour construire la chimie française de demain. Une chimie plus propre, plus sûre et plus connectée aux besoins de la société. Le défi est lancé !
