L’industrie tech américaine se soulève contre les restrictions sur les GPU
L'annonce par l'administration Biden de nouvelles règles restreignant sévèrement les exportations de GPU d'intelligence artificielle vers la Chine a déclenché une vague d'indignation sans précédent au sein de l'industrie technologique américaine. Des poids lourds comme Nvidia, Oracle, mais aussi des associations professionnelles et même la Commission européenne, tous s'accordent pour condamner une décision jugée précipitée et dévastatrice pour la compétitivité des États-Unis sur l'échiquier mondial de l'IA.
Le cœur de la polémique ? La création par le gouvernement de nouveaux statuts et acronymes alambiqués pour encadrer la diffusion des précieux GPU, ces cartes graphiques ultra-performantes indispensables au développement des modèles d'IA les plus avancés. Ken Glueck, vice-président exécutif d'Oracle, n'y est pas allé de main morte, raillant "l'un des règlements les plus destructeurs à avoir jamais frappé l'industrie technologique américaine". Selon lui, ce cadre aurait "réussi à réduire de 80% le marché mondial des puces pour les entreprises américaines et à le céder aux Chinois", sapant au passage tous les efforts du CHIPS Act pour restaurer le leadership américain dans les semi-conducteurs.
Une gifle pour les géants de la tech made in USA
Nvidia, via son vice-président Ned Finkle, a également fait part de son agacement face à une mesure perçue comme anti-concurrentielle et néfaste pour le commerce international. Même son de cloche chez OpenAI, qui prône davantage de contrôles sur les exportations de modèles d'IA, tout en rappelant l'importance des investissements étrangers. Les mastodontes Google et Microsoft, s'ils restent murés dans le silence, n'en pensent sans doute pas moins.
Les associations professionnelles montent au créneau
Face à ce qu'elle considère comme une menace pour les chaînes d'approvisionnement mondiales et l'attractivité de la technologie américaine, l'Information Technology Industry Council (ITI), qui regroupe des poids lourds comme Amazon, Apple, Google ou Microsoft, exhorte la future administration Trump à "retirer la règle". Son président Jason Oxman a adressé des courriers en ce sens à la secrétaire au Commerce et aux dirigeants du Congrès.
La Semiconductor Industry Association (SIA) n'est pas en reste, déplorant un "changement de politique précipité à quelques jours d'une transition présidentielle et sans contribution significative de l'industrie". John Neuffer, son président, met en garde contre "des dommages involontaires et durables à l'économie américaine et à la compétitivité mondiale dans les semi-conducteurs et l'IA".
L'Europe s'inquiète des répercussions
Les ondes de choc ont rapidement traversé l'Atlantique. Henna Virkkunen et Maroš Šef?ovi?, hauts responsables de la Commission européenne, se sont dits "préoccupés" par ces mesures restreignant l'accès aux puces d'IA pour certains États membres de l'UE et leurs entreprises. Tout en rappelant l'étroite coopération avec les États-Unis, en particulier sur les questions de sécurité, ils soulignent que l'Europe représente une opportunité économique et non un risque pour la sécurité américaine. Un appel du pied à la future administration pour revoir sa copie ?
Trump, un espoir pour apaiser les tensions ?
Alors que la grogne s'intensifie des deux côtés de l'océan, certains placent leurs espoirs dans l'arrivée au pouvoir de Donald Trump pour calmer le jeu. Le nouveau locataire de la Maison Blanche saura-t-il faire preuve de davantage de doigté que son prédécesseur dans ce dossier explosif ? Rien n'est moins sûr, tant les relations sino-américaines restent un sujet brûlant. Une chose est sûre : pour l'industrie technologique américaine, l'heure est à la mobilisation tous azimuts pour tenter de faire plier Washington. L'avenir de l'IA made in USA est en jeu.
