L’inflation accélère en Allemagne malgré les efforts de la BCE
Mauvaise nouvelle pour l'économie allemande et plus largement européenne. Selon les données préliminaires publiées mercredi par l'Office fédéral de la statistique, l'inflation en Allemagne a encore accéléré en mai pour atteindre 2,8% sur un an, après 2,4% en avril. Un chiffre supérieur aux attentes des analystes qui tablaient sur une hausse de 2,7%.
La BCE peine à juguler l'inflation
Cette accélération de la hausse des prix outre-Rhin met une nouvelle fois en lumière les difficultés de la Banque Centrale Européenne à ramener l'inflation dans sa cible, proche mais inférieure à 2%. Malgré plusieurs tours de vis monétaires opérés depuis l'été dernier, la BCE ne parvient pas pour l'instant à endiguer la flambée des prix, alimentée par la reprise économique post-Covid et amplifiée par la crise ukrainienne.
Pourtant, la présidente de la BCE Christine Lagarde a encore durci le ton début mai, jugeant "très probable" de nouvelles hausses de taux dans les mois à venir si l'inflation ne décélère pas. Mais pour l'instant, l'institution de Francfort semble courir après une inflation qui s'enracine, y compris en Allemagne réputée pour sa rigueur budgétaire et sa faible inflation.
Un casse-tête pour Berlin
Cette poussée inflationniste, la plus forte depuis la réunification allemande, place le gouvernement d'Olaf Scholz dans une position délicate. D'un côté, l'exécutif doit soutenir la croissance et le pouvoir d'achat des ménages face à la flambée des prix de l'énergie et des produits alimentaires. Mais de l'autre, une politique trop expansionniste risquerait d'alimenter encore l'inflation et de déstabiliser la monnaie unique.
Il faut retrouver le chemin de la stabilité des prix sans casser la croissance.
Olaf Scholz, chancelier allemand
Un équilibre périlleux à trouver donc pour la première économie européenne, dont dépend largement la santé de la zone euro. Si l'Allemagne ne parvient pas à contenir l'inflation, c'est tout l'édifice monétaire européen qui pourrait vaciller. À l'inverse, un tour de vis budgétaire trop brutal à Berlin risquerait de plomber la croissance du continent.
Des signaux encourageants mais fragiles
Quelques éléments plus favorables sont toutefois à noter. Sur un mois, la hausse des prix en Allemagne n'a été "que" de 0,2% en mai, un rythme moins soutenu que les mois précédents. Surtout, l'inflation "core", hors éléments volatils comme l'énergie et l'alimentation, semble se stabiliser autour de 2%. Signe que la transmission de la hausse des prix à l'ensemble de l'économie n'est peut-être pas si forte que redoutée.
Mais la prudence reste de mise. D'une part car les tensions sur les chaînes d'approvisionnement, déjà ravivées par la reprise post-Covid, pourraient s'intensifier avec le regain de tensions géopolitiques, à commencer par la guerre en Ukraine. D'autre part car les attentes d'inflation des ménages et des entreprises restent élevées, ce qui peut créer des boucles prix-salaires délétères.
Pour l'heure, la BCE comme Berlin navigueront donc à vue, scrutant les prochains indicateurs économiques. En espérant que cette poussée inflationniste, certes préoccupante, ne soit qu'un feu de paille lié aux soubresauts de la reprise. Mais gare à ne pas sous-estimer ce réveil des prix qui pourrait s'avérer plus durable qu'anticipé.
