
L’inflation des prix à la production inquiète l’économie américaine
Les derniers chiffres de l'inflation aux États-Unis suscitent des inquiétudes grandissantes quant à la trajectoire des prix dans la première économie mondiale. En janvier, l'indice des prix à la production (PPI) a bondi de 0,4%, dépassant les attentes des analystes qui tablaient sur une hausse plus modérée de 0,3%. Sur un an, la progression atteint 3,5%, un niveau encore élevé malgré les efforts acharnés de la Réserve fédérale pour juguler l'inflation.
Une inflation plus tenace que prévu
Si l'inflation globale montre quelques signes d'apaisement depuis son pic de l'été dernier, les prix à la production semblent plus récalcitrants. Leur hausse résiliente en janvier, supérieure aux anticipations, renforce les craintes d'une inflation durablement installée dans le tissu économique américain.
Plusieurs facteurs expliquent cette résistance des prix en amont :
- La vigueur de la demande malgré la remontée des taux directeurs
- Les tensions persistantes sur les chaînes d'approvisionnement
- La cherté des matières premières et de l'énergie
- La pression sur les salaires dans un marché du travail tendu
Menace pour les marges des entreprises
Cette hausse soutenue des coûts de production représente un défi majeur pour les entreprises américaines. Face à l'inflation de leurs intrants, elles doivent soit comprimer leurs marges, soit répercuter ces surcoûts sur leurs prix de vente, avec le risque de perdre en compétitivité ou de voir leurs ventes s'éroder si les consommateurs deviennent plus réticents.
Les chiffres de janvier montrent que les pressions inflationnistes restent fortes en amont. Les entreprises vont devoir naviguer avec précaution pour préserver leur rentabilité sans casser la demande.
– Gita Gopinath, économiste en chef du FMI
Quel impact sur la politique de la Fed ?
Cette évolution des prix à la production complique sans doute la tâche de la Réserve fédérale, engagée dans un cycle de resserrement monétaire musclé pour refroidir l'économie et maîtriser l'inflation. Si l'inflation sous-jacente (hors alimentation et énergie) montre des signes de décélération, la vigueur des prix producteurs milite pour une politique toujours restrictive.
Plusieurs responsables de la Fed ont d'ailleurs récemment plaidé pour une remontée plus forte des taux afin de ramener plus rapidement l'inflation vers l'objectif de 2%. Le dilemme pour l'institution est d'éviter de casser la croissance en durcissant trop brutalement le loyer de l'argent.
- Scénario central : poursuite du resserrement monétaire au même rythme
- Risque haussier : accélération du cycle de hausses face à l'inflation persistante
- Risque baissier : pause dans les hausses si la croissance faiblit nettement
Quelle trajectoire pour 2025 ?
Les chiffres de janvier relancent le débat sur la trajectoire de l'inflation et de l'économie américaine pour 2025. Si un atterrissage en douceur reste le scénario privilégié par la plupart des analystes, avec un ralentissement progressif de la hausse des prix et un rythme d'activité modéré, le risque d'une inflation plus tenace ou d'une récession ne peut être écarté.
2025 s'annonce comme une année charnière, un test grandeur nature de la capacité de la Fed à juguler l'inflation sans précipiter l'économie dans la récession. Le chemin est étroit mais pas impossible.
– Janet Yellen, Secrétaire au Trésor des États-Unis
Une inflation durablement supérieure à l'objectif de 2% de la Fed compliquerait la tâche de l'institution, qui devrait alors maintenir plus longtemps une politique restrictive, au risque de peser sur la croissance. À l'inverse, un reflux marqué et généralisé des pressions sur les prix lui donnerait plus de latitude pour assouplir sa politique si l'économie donnait des signes inquiétants de faiblesse.
Dans ce contexte économique et monétaire incertain, les prochains chiffres d'inflation et de croissance seront scrutés de près par les marchés pour déceler un éventuel changement de trajectoire. Les prix à la production en particulier donneront de précieux indices sur l'évolution des pressions inflationnistes en amont et la capacité des entreprises à protéger leurs marges sans compromettre la demande.