L’intelligence artificielle, alliée des représentants du personnel
Les représentants du personnel font face à un défi de taille : bien comprendre la situation économique et sociale de leur entreprise pour mieux défendre les intérêts des salariés, notamment en période de restructurations. Un challenge que l'intelligence artificielle les aide désormais à relever, en devenant un outil précieux d'analyse de données. Le cabinet Syndex, qui conseille les CSE, en témoigne dans son dernier baromètre.
L'IA pour décrypter les données sociales et financières
Masses salariales, pyramides des âges, bilans comptables, prévisions d'activité... Les entreprises regorgent de données que les élus du personnel doivent rapidement analyser pour préparer les négociations.
Grâce aux algorithmes de machine learning, les outils développés par Syndex ou d'autres acteurs sont capables d'extraire automatiquement les données clés, de les croiser et de générer des visualisations parlantes. Un gain de temps et d'efficacité pour les élus, qui peuvent se concentrer sur l'analyse et les propositions.L'IA nous permet de gagner un temps précieux pour décortiquer ces informations complexes et volumineuses. On obtient une vue d'ensemble et on identifie les points de vigilance beaucoup plus vite qu'avant.
indique un représentant CFDT d'une grande entreprise industrielle
Mieux évaluer les conséquences des plans sociaux
En cas de plan social, chaque minute compte pour les représentants du personnel qui doivent évaluer la situation, proposer des alternatives aux suppressions de postes et négocier les mesures d'accompagnement.
- Quels sont les secteurs les plus touchés ?
- Quelles catégories de salariés sont concernées ?
- Quelles conséquences sur la pyramide des âges, les compétences, l'égalité femmes-hommes ?
Analyser les inégalités salariales femmes-hommes
L'IA devient aussi un outil précieux pour traquer les écarts de rémunération injustifiés entre les femmes et les hommes.
De quoi muscler les revendications pour réduire les écarts lors des négociations annuelles obligatoires (NAO) ou des discussions spécifiques sur l'égalité professionnelle. Les entreprises ont désormais l'obligation de publier leur index d'égalité salariale, une donnée que l'IA permet aussi de mieux analyser.Déceler une inégalité salariale nécessite d'analyser finement de nombreux paramètres : poste, coefficient, ancienneté, diplôme, évolution de carrière... Un travail de fourmi que l'IA facilite grandement. On repère beaucoup plus vite les cas problématiques.
souligne une élue CFTC
Suivre les risques psycho-sociaux et la QVT
L'impact des réorganisations sur la santé des salariés est une préoccupation majeure des élus du personnel. Mais il n'est pas toujours simple d'objectiver le mal-être ou les risques psycho-sociaux. L'IA peut là aussi donner des clés d'analyse, en croisant par exemple l'évolution de l'absentéisme, du turn-over, des expressions individuelles (mails, comptes-rendus d'entretien) ou collectives (tracts, questions DP). Des signaux faibles qu'un algorithme repère plus facilement qu'un humain dans la masse de données. De quoi permettre aux représentants du personnel d'alerter plus vite sur la dégradation des conditions de travail et de la QVT.
L'humain garde la main
Si l'IA s'avère précieuse, elle ne remplace pas pour autant l'analyse et l'action des représentants du personnel, bien au contraire.
Un avis partagé par le cabinet Syndex pour qui "l'IA doit rester un outil au service du dialogue social et de la défense des intérêts des salariés, avec une éthique irréprochable". Le rôle des élus du personnel reste plus que jamais central et stratégique. Face aux transformations du monde du travail, l'intelligence artificielle peut être une alliée précieuse des représentants des salariés. A condition de ne pas se laisser aveugler par la technique, mais d'en faire un levier de progrès social. Le dialogue social a encore de l'avenir !L'IA est un outil d'aide à la décision qui nous fait gagner du temps. Mais il faut toujours garder un regard critique sur les informations fournies et c'est à nous de construire les revendications et les argumentaires.
insiste un élu CGT