L’Italie envisage de relancer son programme nucléaire
Près de 35 ans après la fermeture de son dernier réacteur nucléaire suite à un référendum, l'Italie envisage sérieusement de renouer avec l'atome. Selon les récentes déclarations du ministre italien de l'Énergie Gilberto Pichetto Fratin, Rome est en discussion avec plusieurs opérateurs internationaux, dont le français EDF et l'américain Westinghouse, pour la construction de réacteurs nucléaires de nouvelle génération sur le sol italien.
Vers une relance du nucléaire en Italie ?
Alors que la péninsule fait face à une crise énergétique sans précédent liée à la guerre en Ukraine et à sa dépendance au gaz russe, le gouvernement de Giorgia Meloni semble déterminé à diversifier le mix énergétique national et à renforcer la souveraineté énergétique du pays. Dans ce contexte, l'option nucléaire revient sur le devant de la scène.
Le ministre Pichetto Fratin a souligné que "l'ampleur des investissements dans l'énergie nucléaire nécessite une coopération avec plusieurs acteurs internationaux". Des négociations seraient ainsi en cours avec le groupe français EDF, un des leaders mondiaux du nucléaire civil, ainsi qu'avec l'américain Westinghouse Electric Company, pour étudier la faisabilité de nouveaux projets nucléaires en Italie.
Miser sur les réacteurs de nouvelle génération
Si le retour au nucléaire se confirme, l'Italie devrait se tourner vers des réacteurs de pointe comme les EPR (réacteurs pressurisés européens) développés par EDF ou encore les petits réacteurs modulaires (Small Modular Reactors ou SMR) sur lesquels mise Westinghouse. Ces technologies de nouvelle génération promettent une sûreté renforcée, une modularité et des coûts maîtrisés par rapport aux centrales traditionnelles.
Le nucléaire de nouvelle génération allie sûreté, flexibilité et performance. C'est une option crédible pour décarboner notre mix énergétique sur le long terme.
Gilberto Pichetto Fratin, ministre italien de l'Énergie
Un chemin semé d'embûches
Malgré la volonté affichée par le gouvernement, la relance du nucléaire en Italie devra surmonter de nombreux obstacles, à commencer par l'acceptabilité sociale. Le traumatisme de Tchernobyl reste vif dans les mémoires et une large part de la population reste opposée à l'atome. Il faudra aussi trouver des sites adaptés dans un pays à la sismicité élevée.
Autre défi de taille : le financement de tels projets, qui se chiffrent en milliards d'euros et s'étalent sur des décennies. L'État devra convaincre les investisseurs et rassurer sur la viabilité économique et la rentabilité des futures centrales, alors même que les énergies renouvelables poursuivent leur essor.
Quel calendrier pour le nouveau nucléaire italien ?
Si les discussions avec EDF et Westinghouse semblent bien engagées, aucun calendrier précis n'a encore été dévoilé par les autorités italiennes. Mais une chose est sûre : il faudra encore de nombreuses années avant de voir le premier électron nucléaire de nouvelle génération circuler sur le réseau transalpin.
En attendant, Rome doit poursuivre ses efforts de transition énergétique en misant sur les renouvelables, l'efficacité énergétique et la sobriété. Des leviers incontournables à court et moyen terme pour réduire la dépendance aux énergies fossiles et lutter contre le changement climatique, en complément d'un éventuel retour de l'atome au pays de Leonardo da Vinci.
- Un référendum en 1987 avait sonné la fin du nucléaire italien
- L'Italie importe près de 90% de son électricité, notamment de France
- Près de 20 ans seraient nécessaires pour construire un nouveau réacteur
