L’Italie et Stellantis : Un Partenariat Prometteur
Les relations entre l'Italie et Stellantis, géant de l'automobile né de la fusion entre PSA et Fiat Chrysler, semblent sur le point de prendre un nouveau tournant. Giorgia Meloni, présidente du Conseil italien, a en effet déclaré lors d'un événement organisé par son parti que son gouvernement était prêt à travailler main dans la main avec le constructeur, à condition que ce dernier maintienne les emplois et les usines dans la péninsule.
Cette main tendue intervient dans un contexte tendu, marqué par des accusations répétées de délocalisation à l'encontre de l'ex-patron Carlos Tavares, et peu après sa démission surprise début décembre. « Nous évaluons les cas économiques selon leurs propres mérites », a tenu à préciser Mme Meloni. « Cela vaut pour Stellantis comme pour toute autre entreprise opérant en Italie. Si l'approche est constructive, s'il y a une volonté de maintenir les usines et les emplois, nous serons prêts à faire notre part du travail ».
Cap sur l'avenir de l'automobile italienne
Une réunion stratégique sur l'industrie automobile transalpine est d'ores et déjà programmée pour le 17 décembre. Seront présents autour de la table le ministre de l'Industrie Adolfo Urso, des représentants de Stellantis ainsi que les syndicats locaux. L'objectif : définir une feuille de route commune pour pérenniser la filière automobile, véritable fleuron du made in Italy.
Car au-delà du dossier Stellantis, c'est bien l'avenir de tout un pan de l'économie italienne qui se joue. Le pays, berceau historique de Fiat, a vu son influence s'éroder ces dernières années face à la concurrence étrangère. Miser sur l'innovation, la montée en gamme et la transition énergétique semble la clé pour redonner un nouveau souffle à cette industrie.
Un nouveau chapitre pour Stellantis ?
Du côté de Stellantis, ce rapprochement avec les autorités transalpines est accueilli avec prudence mais bienveillance. Le groupe, qui possède 14 marques dont les italiennes Fiat, Alfa Romeo, Lancia ou Maserati, a tout intérêt à maintenir une présence industrielle forte dans un pays qui reste l'un de ses principaux marchés en Europe.
À moyen terme, la priorité sera d'investir massivement dans l'électrification et les véhicules à faibles émissions, une évolution incontournable face au durcissement des normes environnementales. Cela nécessitera des embauches de profils qualifiés, mais aussi une montée en compétence des salariés actuels. Un défi que Stellantis devra relever main dans la main avec l'État italien.
Rome met la pression, Paris temporise
Si l'Italie pousse pour un engagement fort, la France, l'autre nation de poids chez Stellantis, se montre plus en retrait. L'Élysée suit le dossier de près mais n'a pas souhaité commenter les derniers développements. Une position qui s'explique par la répartition des forces au sein du groupe : la famille Agnelli-Elkann, à la tête de Fiat, est le premier actionnaire de Stellantis avec 14,4% du capital, devant l'État français (6,2%) et le chinois Dongfeng (5,6%).
Mais en coulisses, Paris n'est pas insensible aux sirènes transalpines. Emmanuel Macron a d'ailleurs évoqué le sujet avec Giorgia Meloni lors de leur rencontre à Rome le 23 octobre dernier, plaidant pour une « approche européenne » des enjeux industriels. Car au-delà des intérêts nationaux, c'est bien la place de l'Europe face aux géants chinois et américains qui se joue.
Prochaine étape : un sommet européen de l'automobile ?
C'est en tout cas le souhait émis par plusieurs eurodéputés, dont l'Italien Massimiliano Salini (PPE). L'idée : réunir à Bruxelles les principaux acteurs du secteur (constructeurs, équipementiers, syndicats...) afin de définir une stratégie commune face aux défis de la mondialisation et de la décarbonation. Avec en filigrane, la création d'un « Airbus de la batterie » pour rattraper le retard sur l'Asie.
Un projet ambitieux, qui nécessiterait un alignement des planètes politiques et industrielles. Mais face à l'urgence, l'Europe n'a plus le choix : c'est unis que les Vingt-Sept pourront peser dans la compétition mondiale. Le tandem italo-français, s'il parvient à s'accorder, aura un rôle clé à jouer pour porter cette vision. L'avenir de Stellantis, et au-delà de la filière automobile européenne, en dépend.