L’ouverture du débat public : un tournant pour le technocentre EDF de Fessenheim
C'est un moment charnière qui s'ouvre pour l'avenir du site de la centrale nucléaire de Fessenheim, dans le Haut-Rhin. Le 10 octobre marque le coup d'envoi d'un débat public crucial autour du projet de technocentre porté par EDF. Pendant 4 mois, citoyens, élus, associations et acteurs économiques sont invités à s'informer et s'exprimer sur ce projet industriel d'envergure, qui pourrait redonner un nouveau souffle au territoire.
Un projet industriel innovant au cœur des enjeux de transition énergétique
Installé sur une emprise de 15 hectares jouxtant la centrale en cours de démantèlement, le futur technocentre a pour vocation de recycler des métaux très faiblement radioactifs issus du démantèlement d'installations nucléaires. Une activité novatrice, permise depuis février 2022, qui ouvrirait de nouvelles perspectives pour la filière.
C'est un enjeu industriel majeur : fondre du métal qualifié de faiblement radioactif, cela se fait déjà dans une filière EDF en Suède, mais à cette échelle, sur ce territoire, ce serait une première.
Jean-Louis Laure, président de la commission particulière du débat public
Concrètement, le technocentre transformerait ces métaux en lingots de fonte ou d'acier d'une vingtaine de kilos, utilisables de façon conventionnelle. Il assurerait aussi des activités de maintenance pour le parc nucléaire. Un défi technologique, avec un gisement estimé à 500 000 tonnes sur 40 ans.
Un débat public pour éclairer les enjeux du territoire
Au-delà de sa dimension industrielle, le projet revêt des enjeux économiques et sociaux majeurs pour ce territoire fragilisé par la fermeture de la centrale en 2020. EDF évoque la création potentielle de près de 200 emplois, une bouffée d'oxygène attendue localement.
Mais le technocentre soulève aussi des questions environnementales et sanitaires, que le débat public entend mettre en lumière. Quels impacts sur la nappe phréatique, la biodiversité, la qualité de l'air ? Comment seront gérés les transports de matières radioactives depuis d'autres sites en France et en Europe ? Autant de sujets sur lesquels les citoyens sont invités à s'exprimer.
Un dispositif multiple pour toucher tous les publics
Pour permettre une participation la plus large et éclairée possible, la commission particulière du débat public met en place un dispositif complet d'information et d'expression :
- Réunions publiques et rencontres de proximité
- Visites de sites (technocentre, autres installations de recyclage)
- Modules pédagogiques adaptés (jeunes, seniors...)
- Plateforme participative en ligne
Le débat est aussi ouvert aux habitants et acteurs allemands, le site étant proche de la frontière. Une dimension transfrontalière importante pour un projet qui s'inscrit dans la transition énergétique européenne.
Et après le débat ?
Au terme des échanges, en février 2025, la commission dressera un compte-rendu et formulera des recommandations à EDF. Charge ensuite à l'électricien de dire ce qu'il retient ou non du débat, et d'annoncer sa décision finale sur le projet.
La consultation publique ne donne pas de pouvoir de décision au public, mais permet de l'associer à celle qui sera prise par les autorités.
Jean-Louis Laure, président de la commission particulière du débat public
Un débat donc consultatif, mais essentiel pour définir un projet industriel territorialement accepté et partagé. Une étape clé aussi pour EDF, qui entend rester un acteur majeur du nucléaire tout en faisant évoluer son modèle. Les prochains mois seront décisifs pour savoir si le pari du technocentre sera réussi, et s'il ouvrira la voie à une nouvelle filière française de l'économie circulaire du nucléaire.
