L’UE approuve la fusion de 35 milliards de dollars entre Synopsys et Ansys
Dans un secteur technologique en pleine effervescence, une méga-fusion vient de franchir une étape décisive. La Commission européenne a en effet donné son accord pour l'acquisition par Synopsys, leader des logiciels de conception de puces, de son concurrent Ansys, spécialiste de la simulation logicielle. Mais ce feu vert de Bruxelles est assorti de conditions visant à préserver la concurrence sur ce marché stratégique.
Un mariage à 35 milliards de dollars
Annoncée en janvier dernier, cette transaction valorisée à 35 milliards de dollars est la plus importante dans le secteur technologique depuis le rachat de VMware par Broadcom pour 69 milliards. L'objectif de Synopsys est de combiner ses outils de conception de semi-conducteurs avec les solutions d'Ansys qui permettent de modéliser et analyser le comportement physique des produits comme les puces.
Inquiétudes sur la concurrence
Mais ce rapprochement entre deux poids lourds suscite des craintes chez les régulateurs quant à ses effets sur la concurrence. En créant un géant intégré de la conception et simulation de puces, il pourrait évincer les rivaux ne disposant pas d'une telle combinaison. C'est pourquoi la Commission européenne a conditionné son approbation à des cessions d'activités dans les domaines où les deux firmes se chevauchent.
Grâce aux remèdes structurels clairs proposés par les parties, la concurrence sur ces marchés sera préservée et les clients continueront à avoir accès à des outils innovants à des prix compétitifs.
Teresa Ribera, vice-présidente exécutive de la Commission européenne
Les remèdes proposés
Synopsys avait déjà conclu un accord pour vendre son groupe Optical Solutions à Keysight. Mais il va aussi devoir céder ses logiciels d'optique et de photonique tels que Code V, LightTools, LucidShape, RSoft et ImSym. De son côté, Ansys se sépare de PowerArtist, un outil d'analyse et d'optimisation de la consommation énergétique des circuits électroniques.
Validations internationales
Si l'aval de l'UE est une étape cruciale, la fusion doit encore obtenir le feu vert d'autres régulateurs à travers le monde, en particulier la Federal Trade Commission américaine et l'autorité chinoise SAMR. Mais le remède structurel validé par Bruxelles semble avoir convaincu les autorités britanniques. Synopsys et Ansys, qui ont d'importants liens avec la Chine, travaillent de manière coopérative avec les différentes juridictions. Elles espèrent boucler l'opération au premier semestre 2025.
Cette méga-fusion illustre les enjeux de concurrence entourant les outils logiciels indispensables à l'industrie des semi-conducteurs. Alors que la conception de puces toujours plus complexes nécessite des solutions intégrées allant du design à la simulation, le risque est de voir émerger des acteurs dominants aux dépens de l'innovation. D'où l'intervention des régulateurs pour définir les lignes rouges et les garde-fous. Un équilibre subtil entre avancées technologiques et dynamisme concurrentiel.