L’UE renforce ses droits de douane sur les voitures électriques chinoises
Alors que les voitures électriques prennent une place de plus en plus importante dans le paysage automobile mondial, un nouveau front de tensions commerciales s'ouvre entre la Chine et l'Union européenne. Selon plusieurs sources, la France, la Grèce, l'Italie et la Pologne s'apprêtent à voter en faveur de l'imposition de droits de douane pouvant atteindre 45% sur les importations de véhicules électriques fabriqués en Chine. Une décision lourde de conséquences pour le marché européen.
L'Europe se protège face à l'offensive chinoise
Depuis plusieurs années, les constructeurs automobiles chinois multiplient les incursions sur le marché européen des voitures électriques, avec des modèles à bas coût bénéficiant de généreuses subventions publiques. Face à cette concurrence jugée déloyale, la Commission européenne a ouvert une enquête anti-subventions et proposé l'instauration de droits de douane pour rééquilibrer les forces en présence.
Selon le droit européen, ces droits de douane pourraient rester en vigueur pour les 5 prochaines années, sauf opposition d'une majorité qualifiée d'États membres. Mais avec le soutien déjà acquis de la France, la Grèce, l'Italie et la Pologne, qui représentent à eux seuls 39% de la population de l'UE, leur adoption semble quasi-assurée.
Un coup dur pour les ambitions chinoises en Europe
Si ces barrières douanières sont mises en place, elles porteront un coup sévère aux constructeurs chinois comme BYD, Xpeng ou Nio, qui misaient beaucoup sur l'Europe pour leur développement international. Leurs modèles, même avec un bon rapport qualité-prix, peineront à rester compétitifs face aux voitures électriques produites localement.
L'Europe est un marché clé pour nous, avec un fort potentiel de croissance. Des droits de douane élevés remettraient en cause nos projets d'expansion sur ce continent.
– Wang Chuanfu, PDG de BYD
Une telle décision pourrait entraîner des représailles de la Chine et une escalade des tensions commerciales entre les deux puissances. Mais pour les Européens, il s'agit avant tout de défendre l'industrie automobile du continent, un fleuron industriel pourvoyeur de millions d'emplois.
Quelles conséquences pour les consommateurs européens ?
À court terme, les droits de douane sur les voitures électriques chinoises pourraient réduire les options low-cost pour les automobilistes souhaitant passer à l'électrique. Mais ils pourraient aussi inciter les constructeurs européens à accélérer leurs efforts sur ce segment pour combler le vide.
Par ailleurs, en soutenant l'emploi et l'innovation sur son sol, l'Europe espère poser les bases d'une filière automobile électrique compétitive et créatrice de valeur localement. Une stratégie payante sur le long terme ?
Un virage stratégique à négocier
Cette probable taxation des voitures électriques "made in China" constitue un tournant majeur dans les relations commerciales sino-européennes. Elle témoigne d'une volonté de l'Europe de défendre ses intérêts industriels face aux géants émergents.
Pendant des années, nous avons laissé la Chine inonder nos marchés sans réagir. Il est temps de remettre de l'équité dans nos échanges.
– Un diplomate européen
Mais ce rééquilibrage devra se faire avec doigté pour ne pas dégénérer en guerre commerciale ouverte. La Chine reste un partenaire économique majeur avec lequel il faudra composer. Des discussions seront nécessaires pour encadrer la concurrence tout en préservant les intérêts mutuels.
Une nouvelle donne pour l'industrie automobile
Quoi qu'il en soit, cette probable taxation changera durablement le visage du marché automobile européen. Constructeurs, équipementiers et sous-traitants devront s'adapter à ce nouveau contexte en misant plus que jamais sur l'innovation et la montée en gamme.
- Pour les constructeurs européens, c'est l'occasion d'investir massivement dans l'électrique et de rattraper leur retard.
- Les équipementiers devront fournir des solutions toujours plus performantes en matière de batteries, de connectivité ou d'aide à la conduite.
- Toute la chaîne de valeur sera incitée à se transformer pour gagner en compétitivité.
Au final, ce sursaut protectionniste pourrait être l'électrochoc nécessaire pour réveiller l'industrie automobile européenne et l'aider à négocier le virage de l'électrique. Mais gare aux dommages collatéraux d'une guerre commerciale avec la Chine aux conséquences imprévisibles. L'Europe joue gros sur ce dossier sensible.