L’ultimatum de Trump : achetez américain ou taxé
Alors que les tensions commerciales entre les États-Unis et l'Europe ne cessent de s'exacerber, le président élu Donald Trump vient de lancer un nouvel ultimatum à l'Union Européenne. Dans un message publié sur son réseau social Truth Social, il demande à l'Europe d'augmenter significativement ses achats de pétrole et de gaz américains afin de réduire le déficit commercial croissant avec les États-Unis. Et il brandit la menace de droits de douane punitifs en cas de refus...
Un déficit commercial au cœur des tensions
Depuis son élection, Donald Trump n'a eu de cesse de dénoncer les déséquilibres commerciaux entre les États-Unis et leurs partenaires, faisant de la réduction du déficit commercial américain une priorité absolue de sa politique étrangère. Et l'Europe, avec qui Washington accuse un lourd déficit, est particulièrement dans le viseur du président.
Pour y remédier, Trump entend bien utiliser l'arme énergétique. Grâce au boom du pétrole et du gaz de schiste, les États-Unis sont devenus un exportateur net d'hydrocarbures et cherchent à conquérir de nouveaux marchés à l'international. L'Europe, fortement dépendante des importations et soucieuse de diversifier ses approvisionnements, apparaît comme un débouché naturel pour les hydrocarbures made in USA.
La pression monte sur l'Europe
Mais les importations européennes restent encore limitées au goût de Washington. Selon Eurostat, les États-Unis fournissaient 47% du gaz naturel liquéfié (GNL) et 17% du pétrole importés par l'UE au premier trimestre 2024. Un niveau insuffisant selon Donald Trump, qui entend bien accentuer la pression.
« J'ai dit à l'Union européenne qu'elle devait combler son énorme déficit avec les États-Unis en achetant à grande échelle notre pétrole et notre gaz. Sinon, ce sont les droits de douane qui s'appliquent !!!! »
– Donald Trump, sur Truth Social
Une menace à peine voilée de sanctions douanières si l'Europe ne se plie pas aux exigences américaines. Washington espère ainsi contraindre les Européens à délaisser leurs fournisseurs traditionnels, comme la Russie ou le Moyen-Orient, au profit des hydrocarbures américains.
L'Europe entre le marteau et l'enclume
Face à cet ultimatum, l'Europe se retrouve dans une position délicate. Soucieuse de préserver de bonnes relations commerciales avec son allié d'outre-Atlantique, elle n'entend pas pour autant se voir dicter sa politique énergétique. La Commission européenne assure ainsi être prête à discuter avec la future administration américaine, mais rappelle que l'UE s'est engagée à « supprimer progressivement les importations d'énergie en provenance de Russie et à diversifier ses sources d'approvisionnement ».
L'Europe pourrait néanmoins avoir du mal à résister à la pression américaine. Le marché européen est stratégique pour les exportateurs US, qui y écoulent déjà plus de la moitié de leur pétrole. Et les majors et négociants qui contrôlent le raffinage européen sont tentés d'acheter américain lorsque les conditions de marché sont favorables.
Mais céder au chantage trumpien comporte aussi des risques pour l'UE, qui craint de voir sa sécurité d'approvisionnement fragilisée par une trop grande dépendance au pétrole et au gaz américains. Sans compter qu'en pliant face aux menaces, l'Europe donnerait des gages à Donald Trump et l'encouragerait à utiliser l'arme commerciale pour imposer ses vues dans d'autres domaines.
Pétrole contre produits européens
Au final, c'est un véritable bras de fer qui s'engage entre les deux rives de l'Atlantique. Avec d'un côté, un Donald Trump déterminé à exploiter le levier énergétique pour rééquilibrer la balance commerciale. Et de l'autre, une Europe tiraillée entre le souci de diversifier ses approvisionnements et la volonté de ne pas se laisser imposer ses choix par Washington.
Un délicat exercice d'équilibriste, qui teste une nouvelle fois la solidité des liens transatlantiques. Reste à savoir qui, de l'Europe ou des États-Unis, finira par lâcher du lest. Les prochains mois s'annoncent en tout cas décisifs et riches en rebondissements sur le front de la guerre commerciale à coups de droits de douane et de barils de pétrole...