L’utilisation des réseaux sociaux a peu ou pas d’impact sur la santé mentale
Les réseaux sociaux font partie intégrante de nos vies. Mais depuis quelques années, leur impact sur notre bien-être mental est régulièrement remis en question. Dépression, anxiété, baisse de l'estime de soi... Les plateformes comme Facebook, Instagram ou TikTok sont souvent montrées du doigt. Pourtant, de récentes études viennent nuancer ce tableau alarmiste et apportent un nouvel éclairage sur les liens entre réseaux sociaux et santé mentale.
Passer du temps sur les réseaux sociaux n'affecterait que peu la santé mentale
C'est la conclusion surprenante d'une étude menée par des chercheurs de l'Université Curtin en Australie. En examinant objectivement le temps passé sur les principales plateformes (Facebook, Instagram, Snapchat, Twitter et TikTok) par 425 participants, ils ont découvert que l'utilisation intensive des réseaux sociaux avait très peu, voire aucun lien avec des indicateurs de santé mentale comme la dépression, l'anxiété et le stress.
Selon Chloe Jones, auteure principale de l'étude, « si nous voulons prendre des décisions éclairées dans ce domaine, elles doivent être basées sur des données de qualité. Notre recherche démontre que lorsque vous mesurez objectivement le temps passé sur les réseaux sociaux, les effets sont minimes ou inexistants ».
Des effets différents selon les plateformes
Les chercheurs ont également noté quelques subtilités selon les réseaux étudiés. Ainsi, l'utilisation de TikTok était légèrement associée à une meilleure concentration, tandis que celle de Facebook était faiblement liée à une détresse psychologique. Mais dans l'ensemble, « même en tenant compte de l'âge des utilisateurs, toutes les associations restaient très faibles », souligne Patrick Clarke, psychologue clinique et co-auteur de l'étude.
Le contenu plus déterminant que le temps passé en ligne
Une nuance importante est que cette recherche ne s'est intéressée qu'au temps passé sur les réseaux, pas au type de contenu consulté. Cet aspect pourrait en réalité avoir plus d'impact sur le bien-être mental que la durée d'utilisation en tant que telle. Comme l'explique Chloe Jones :
L'appartenance à une communauté en ligne bienveillante peut être une bouée de sauvetage pour des personnes isolées. À l'inverse, passer des heures à faire défiler des profils d'influenceurs sur Instagram peut être vraiment néfaste si vous avez une image corporelle fragile.
Quand les likes nourrissent les obsessions corporelles masculines
Une autre étude récente de l'Université d'Australie du Sud s'est justement penchée sur le type de contenu problématique pour la santé mentale des hommes. En interrogeant 95 Australiens âgés de 18 à 34 ans, les chercheurs ont découvert que les contenus liés au fitness et à la musculation sur TikTok et Instagram pouvaient alimenter des obsessions malsaines pour l'obtention d'un corps maigre et musclé.
Plus précisément, le fait d'accorder une grande importance aux likes et aux commentaires reçus sur leurs publications était un facteur prédictif significatif de symptômes de dysmorphie musculaire, un trouble qui pousse à se percevoir comme chétif malgré une musculature développée. 19% des participants présentaient d'ailleurs un risque élevé pour cette pathologie.
« Lorsque ces contenus attirent beaucoup de likes et de commentaires positifs, ils renforcent le message que c'est le standard corporel que les hommes devraient viser. À terme, cela peut conduire à des comportements néfastes comme une pratique excessive de la musculation, une alimentation restrictive, voire l'utilisation de stéroïdes », met en garde John Mingoia, co-auteur de l'étude.
Vers une meilleure compréhension des impacts des réseaux sociaux
Alors, faut-il diaboliser les réseaux sociaux ? Ces études montrent surtout la complexité des liens entre santé mentale et utilisation des plateformes sociales. Si le temps passé en ligne ne semble pas être un facteur déterminant en soi, la nature des contenus consommés et l'importance accordée aux interactions (likes, commentaires...) peuvent en revanche avoir des effets délétères.
D'autres recherches seront nécessaires pour mieux comprendre ces mécanismes et identifier les usages à risque. L'objectif n'est pas de diaboliser ces outils qui font désormais partie de notre quotidien, mais bien d'apprendre à les utiliser de manière plus éclairée et bénéfique pour notre équilibre mental.