Lutte contre l’inflation : les pistes de la BCE selon deux chercheurs
Alors que l'inflation reste élevée en zone euro, deux chercheurs affirment que la Banque centrale européenne (BCE) peut continuer à abaisser lentement ses taux directeurs. Selon eux, la BCE est entrée dans un "dernier kilomètre facile" dans sa lutte contre l'inflation. Découvrez les grandes lignes de leur analyse qui sera présentée la semaine prochaine lors de la réunion annuelle de la BCE à Sintra au Portugal.
Une décomposition de l'inflation éclairante
Dans leur étude, Giorgio Primiceri et Domenico Giannone ont utilisé un modèle décomposant l'inflation en fonction de l'offre, de la demande et de l'effet de la politique monétaire sur cette dernière. Leur conclusion est optimiste :
Notre modèle prévoit un 'dernier kilomètre facile' au cours des prochains trimestres.
Giorgio Primiceri et Domenico Giannone
Selon leurs projections, l'inflation devrait revenir à l'objectif de 2% de la BCE dès l'année prochaine, et s'y maintenir jusqu'en 2026, même avec une baisse du taux directeur à 2,5% contre 3,75% actuellement. Des prévisions en phase avec les attentes du marché.
La reprise post-Covid, principal moteur de l'inflation
Contrairement aux analyses dominantes, les auteurs estiment que c'est avant tout la reprise plus forte que prévu de la demande après la pandémie, plus que les contraintes d'offre, qui a fait flamber l'inflation en 2021-2022. Un resserrement monétaire plus précoce aurait certes limité la hausse des prix, mais au prix d'une perte significative de croissance :
Étant donné que l'activité économique était déjà mise à l'épreuve par des conditions d'offre défavorables, cette politique a probablement contribué à éviter un nouveau déclin substantiel de l'activité économique.
Giorgio Primiceri et Domenico Giannone
Vers une normalisation graduelle
Au vu de ces éléments, la BCE peut donc poursuivre une baisse progressive de ses taux, tout en atteignant son objectif d'inflation. Cette stratégie devrait permettre de préserver la croissance, déjà fragilisée par un contexte international incertain.
Cette étude apporte un éclairage intéressant sur les moteurs de l'inflation et les marges de manœuvre de la BCE. Si ses conclusions se confirment, la zone euro pourrait connaître un soft landing malgré les turbulences récentes. Un scenario optimiste qui sera sans doute débattu la semaine prochaine à Sintra.