Lyft s’allie à Mobileye, May Mobility et Nexar pour accélérer les véhicules autonomes

Lyft, le géant américain du VTC, accélère dans la course aux véhicules autonomes. La firme de San Francisco vient d'annoncer coup sur coup plusieurs partenariats d'envergure avec des leaders des technologies de conduite autonome. Une stratégie ambitieuse pour tenter de combler son retard sur son grand rival Uber, qui a pris une longueur d'avance dans ce domaine. Lyft compte bien devenir un acteur incontournable de la révolution des transports autonomes qui se profile.

Mobileye, May Mobility, Nexar : des alliances complémentaires

Le premier accord a été noué avec Mobileye, la filiale d'Intel spécialisée dans les systèmes de vision par ordinateur pour véhicules. Certaines voitures équipées de la technologie de conduite autonome de Mobileye, du niveau 4 où le véhicule peut théoriquement se passer de conducteur dans la plupart des situations, seront disponibles sur la plateforme Lyft pour transporter des passagers. Les deux entreprises n'ont pas précisé la date ni la zone de lancement de ce service.

Deuxième partenaire de choix, la startup May Mobility. Dès 2025, cette jeune pousse du Michigan déploiera des monospaces autonomes Toyota Sienna sur l'application Lyft dans les rues d'Atlanta. May Mobility, fondée en 2017, s'est fait une spécialité des services de navettes autonomes dans des environnements fermés type campus ou zones d'affaires. Ce projet à Atlanta marque un changement d'échelle pour la startup qui vise maintenant le grand public.

Enfin, Lyft s'est associé à Nexar, une société new-yorkaise qui analyse les comportements routiers grâce au deep learning appliqué aux images de caméras embarquées. Lyft va partager ses données avec Nexar pour l'aider à développer des solutions avancées de sécurité routière. Un partenariat stratégique qui tombe à pic, quelques mois seulement après que le directeur commercial de Lyft ait quitté l'entreprise... pour devenir CEO de Nexar !

Tenir la dragée haute à Uber

Cette rafale d'accords démontre la volonté de Lyft de tenir son rang dans la compétition effrénée vers les véhicules autonomes. Son concurrent Uber a en effet pris de l'avance en multipliant les initiatives :

• Partenariat avec Motional pour des taxis autonomes à Las Vegas
• Alliance avec Waymo (Google) pour lancer un service dès 2025
• Collaboration avec Cruise (General Motors) à San Francisco
• Tests de livraisons autonomes avec Serve Robotics et Motional

Lyft avait bien noué des partenariats avec Motional dès 2020 et Argo AI en 2021 mais avec moins de réussite. Le service avec Motional à Las Vegas devrait ainsi s'arrêter et la jeune pousse Argo AI a carrément mis la clé sous la porte en 2022. D'où l'importance pour Lyft de rebondir et viser juste avec ses nouveaux alliés.

Des enjeux majeurs pour l'avenir de la mobilité

Au-delà de la bataille entre Lyft et Uber, l'enjeu est de taille. Les véhicules autonomes pourraient révolutionner nos déplacements dans les années à venir, avec à la clé de multiples bénéfices :

• Sécurité routière renforcée en éliminant l'erreur humaine
• Optimisation du trafic et réduction de la congestion
• Mobilité améliorée pour les personnes âgées ou handicapées
• Diminution du nombre de véhicules individuels et des besoins en stationnement

Les véhicules autonomes et les VTC comme Lyft joueront un rôle clé pour façonner la mobilité du futur, plus sûre, fluide et accessible à tous. Le chemin est encore long mais les avancées s'accélèrent.

Brian Goldsmith, analyste mobilités, Gartner

Des défis techniques et réglementaires à surmonter

Si l'avenir des véhicules autonomes semble prometteur, de nombreux obstacles restent à franchir avant un déploiement massif. Malgré les progrès fulgurants de l'intelligence artificielle ces dernières années, faire circuler des voitures sans chauffeur en toute sécurité dans un environnement ouvert reste un immense défi technologique. Les conditions météo difficiles, les "cas extrêmes" sur la route, l'interaction avec les autres usagers... Autant de situations complexes à maîtriser.

L'autre grand enjeu est réglementaire. La plupart des pays n'autorisent pas encore la circulation de véhicules totalement autonomes sur routes ouvertes. Les législateurs avancent prudemment, au rythme des avancées technologiques et des retours d'expérience des nombreux tests en cours. Un cadre juridique est indispensable pour clarifier les responsabilités en cas d'accident. Sans oublier la question épineuse de l'acceptabilité sociale et de la confiance des citoyens envers ces véhicules robotisés.

Les acteurs comme Lyft et Uber l'ont bien compris. S'allier avec les meilleurs spécialistes de la conduite autonome est crucial pour avancer vite et bien sur le plan technique. Tout en sensibilisant le grand public, les élus et les régulateurs à ces technologies via des projets pilotes pour préparer leur adoption à grande échelle. La route est encore longue mais le futur de la mobilité autonome se construit dès aujourd'hui.