Macron dissout l’Assemblée nationale après la déroute aux Européennes
En annonçant de manière inattendue la dissolution de l'Assemblée nationale ce dimanche soir, Emmanuel Macron a pris acte de la claque électorale subie par son camp aux élections européennes. Avec seulement 15% des voix selon les premières estimations, la liste Renaissance est largement distancée par le Rassemblement national qui obtient entre 31,5 et 33% et double ainsi son score. Un résultat qui rebat les cartes du jeu politique français.
Le RN grand vainqueur, Macron et sa majorité laminés
C'est un véritable séisme qui s'est produit dans les urnes ce 9 juin. Alors que les sondages annonçaient un duel serré, le parti de Marine Le Pen décroche finalement une victoire sans appel, reléguant la majorité présidentielle loin derrière. Un échec cinglant pour Emmanuel Macron, qui avait fait campagne pour ces élections en les érigeant en « référendum » sur sa politique et son bilan.
La liste Renaissance réalise un score très décevant, très loin de ses attentes. C'est un vrai désaveu pour le président et sa majorité.
Brice Teinturier, directeur d'Ipsos
Au-delà de la poussée du RN, c'est aussi le bon score de la gauche unie derrière l'alliance PS-Place Publique, autour de 14%, qui fragilise le camp présidentiel. À l'inverse, la droite classique s'effondre et ne dépasse pas les 10%. Un paysage politique totalement redessiné donc, qui met l'exécutif sous pression.
Macron contraint de dissoudre pour espérer ressouder sa majorité
Face à ces résultats, Emmanuel Macron a voulu réagir vite et fort. En annonçant dès ce soir la dissolution de l'Assemblée nationale et la convocation de législatives anticipées les 30 juin et 7 juillet prochains, le chef de l'État espère retrouver une légitimité et une majorité plus solides. Un pari risqué alors que la plupart des observateurs prédisent une Assemblée encore plus morcelée et instable qu'actuellement.
Mais le président veut croire que ce « temps de clarification » peut permettre à son camp de remobiliser son électorat et de retrouver un projet clair. Pas sûr cependant que cela suffise à enrayer la dynamique RN et la poussée de la gauche, sur fond de fortes préoccupations sociales et environnementales des Français.
Un pari très incertain pour la majorité sortante
En jouant son va-tout avec cette dissolution, Emmanuel Macron prend le risque de voir sa majorité laminée et de perdre toute capacité à gouverner. Les prochaines semaines de campagne législative s'annoncent donc très intenses et décisives pour l'avenir de son quinquennat et de ses réformes.
Il lui faudra convaincre qu'il a entendu le message des urnes et qu'il est prêt à infléchir son cap. Tout en essayant de discréditer ses adversaires RN et de gauche, accusés de vouloir le « chaos ». Un exercice d'équilibriste périlleux, pour un président fragilisé qui joue son avenir politique lors de ces législatives à haut risque.
Les cartes sont donc totalement rebattues et de nouveaux équilibres vont devoir se construire au Parlement. Avec une polarisation et une radicalisation accrues, dans un contexte de défiance persistante envers le pouvoir en place. Rarement une séquence électorale aura semblé aussi ouverte et incertaine sous la Ve République…
