Marché du capital-risque canadien en 2024 : Un chemin semé d’embuches
En cette année 2024, le marché canadien du capital-risque traverse une période délicate. Les startups peinent à lever des fonds et les investisseurs se montrent plus sélectifs que jamais. Pourtant, lors du Startupfest qui s'est tenu récemment à Montréal, un vent d'optimisme soufflait parmi les participants. Général partners (GP) et limited partners (LP) s'accordent à dire que le pire est passé et qu'une reprise graduelle s'amorce, même si le chemin sera long et semé d'embûches.
2024, une année charnière pour le capital-risque au Canada
Selon une étude menée par RBCx, 2024 est en passe de devenir l'année la plus difficile pour la levée de fonds des startups canadiennes depuis une décennie. Seuls 500 millions de dollars canadiens ont été levés par 5 fonds de capital-risque au premier semestre, loin des 7 milliards amassés en 2021 et 2022. John Rikhtegar, directeur chez RBCx, résume la situation : « C'est incroyablement difficile pour tout le monde, ce n'est un secret pour personne. »
Un écosystème fragilisé mais résilient
Malgré ce contexte délicat, les acteurs de l'écosystème tech canadien font preuve de résilience et entrevoient des jours meilleurs. Pour Whitney Rockley, co-fondatrice et managing partner de McRock Capital :
Je ne pense pas que nous soyons dans une spirale descendante. Je crois que nous avons touché le fond et qu'il s'agit maintenant de remonter la pente.
Whitney Rockley, McRock Capital
Isaac Souweine, partner chez Pender Ventures, partage cet avis. Il compare la situation actuelle à un « comeback » qui prendra du temps. Les investisseurs sont devenus plus prudents et sélectifs, ce qui se traduit par des fonds plus petits et des cycles de levée plus longs, en particulier pour les fonds émergents.
L'heure de vérité pour les fonds émergents
Dans ce contexte, les fonds de capital-risque émergents sont les plus durement touchés. Comme le souligne Neil Grunberg, co-fondateur et managing partner de Storytime Capital, qui s'apprête à lever son deuxième fonds :
Nous nous préparons en tablant sur un processus deux fois plus long que d'habitude.
Neil Grunberg, Storytime Capital
Sophie Forest, managing partner chez Brightspark Ventures, s'inquiète de l'impact de cette situation sur le financement des startups en phase d'amorçage et de pré-amorçage, traditionnellement soutenues par les fonds émergents. Elle craint qu'à terme, cela ne crée un vide dans l'écosystème de financement entre les incubateurs et les fonds de capital-risque early-stage.
Une pression accrue sur les startups
Du côté des startups, la pression est forte. Celles qui ont levé des fonds pendant la période faste de 2020-2021 sont particulièrement exposées. Beaucoup ont dû réduire leurs effectifs, pivoter leur modèle ou même mettre la clé sous la porte. Les investisseurs anticipent d'ailleurs une accélération de cette tendance dans les mois à venir.
Le réveil des investisseurs américains
Alors que les investisseurs canadiens se montrent frileux, leurs homologues américains semblent retrouver de l'appétit pour la tech canadienne. Plusieurs intervenants notent un regain d'activité des fonds US, qui n'hésitent pas à surenchérir sur les valorisations pour rafler les meilleures startups. Un phénomène qui inquiète certains, à l'image de Rhiannon Davies, co-fondatrice et managing partner de Sandpiper Ventures :
Le Canada est à un moment charnière. Nous risquons de ne pas être en mesure de répondre aux besoins en capital de nos startups. Et nous savons où elles iront chercher cet argent : au sud de la frontière.
Rhiannon Davies, Sandpiper Ventures
Cap sur l'avenir malgré les défis
En dépit d'une conjoncture difficile, l'écosystème tech canadien continue d'avancer. Les startups innovent, s'adaptent et trouvent de nouvelles façons de créer de la valeur. De leur côté, les investisseurs affinent leurs stratégies et misent sur les entreprises les plus prometteuses et résilientes.
La route est encore longue, mais les acteurs du secteur sont confiants. Avec de la détermination, de la créativité et un soutien continu, le Canada a tous les atouts pour renouer avec une dynamique positive et confirmer sa place parmi les grandes nations technologiques.
