Meta défié par des alternatives open source audacieuses
Dans un contexte où la confiance envers les géants des réseaux sociaux s'effrite, les regards se tournent vers des alternatives open source qui promettent de redonner le contrôle aux utilisateurs. Pixelfed, Loops et Sup, des clones respectifs d'Instagram, TikTok et WhatsApp, ont ainsi lancé une campagne Kickstarter pour financer leur développement. Une initiative audacieuse qui soulève la question : le fediverse peut-il devenir le nouveau standard des médias sociaux ?
L'open source à l'assaut des GAFAM
Alimenté par le protocole ActivityPub, le fediverse (contraction de "federated" et "universe") regroupe un écosystème d'applications sociales décentralisées et interopérables. Son représentant le plus connu, Mastodon, a connu un regain d'intérêt suite au rachat de Twitter par Elon Musk. Cette dynamique profite désormais à d'autres aspirants :
Pixelfed, le Instagram éthique
Lancé en 2018 par le développeur canadien Daniel Supernault, Pixelfed reproduit les fonctionnalités clés d'Instagram dans une version respectueuse de la vie privée. Fini le tracking publicitaire et la compression agressive des photos. Chacun peut héberger sa propre instance et la fédérer avec le reste du réseau.
Loops, le TikTok qui vous appartient
Encore en version alpha, Loops ambitionne de décentraliser le format à succès des vidéos courtes façon TikTok. Au programme : des recommandations transparentes basées sur des critères éditoriaux et non sur une IA opaque. Les créateurs conserveront la maîtrise de leur audience et de leurs données.
Sup, la messagerie chiffrée de bout en bout
WhatsApp promet le chiffrement mais appartient à Meta. Sup offrira une alternative décentralisée où la confidentialité sera garantie par design. Les messages transiteront uniquement via les serveurs choisis par les utilisateurs, sans passer par un tiers imposé.
Un modèle économique à inventer
Pour passer à l'échelle, ces initiatives devront trouver leur propre modèle économique. En effet, impossible de répliquer celui des géants basé sur l'exploitation des données personnelles à des fins publicitaires. Plusieurs pistes sont envisagées :
- Un financement communautaire pérenne via des dons récurrents, sur le modèle de Wikipedia.
- Des offres premium avec des fonctionnalités avancées pour les créateurs et les organisations.
- Des partenariats avec des acteurs partageant les mêmes valeurs (hébergeurs éthiques, etc).
Le pari est osé mais la demande est là, comme en témoigne le succès initial de la campagne Kickstarter. Un signe que de plus en plus d'internautes aspirent à reprendre le contrôle de leurs échanges en ligne. Le fediverse saura-t-il saisir cette opportunité ? Réponse dans les mois à venir, à commencer par la livraison des premières versions stables de Pixelfed, Loops et Sup aux contributeurs. Un petit pas pour ces applis, un grand pas pour le web décentralisé ?
Il est temps que le contrôle revienne dans les mains des gens !
– Daniel Supernault, créateur de Pixelfed, Loops et Sup