Meta Maintient Ses Fact-Checkeurs Hors des États-Unis Pour l’Instant
Alors que les fake news continuent de proliférer sur les réseaux sociaux, la question de la modération du contenu et de la vérification des faits est plus que jamais au cœur des débats. Meta, maison mère de Facebook et Instagram, vient d'annoncer une décision importante concernant son programme de fact-checking. Pour l'instant, les garde-fous mis en place ces dernières années resteront d'actualité en dehors des États-Unis.
Un changement de cap aux États-Unis
Sous le feu des critiques quant à la propagation de la désinformation sur ses plateformes, Meta avait progressivement déployé un système de vérification des faits s'appuyant sur des experts indépendants. Mais avec l'arrivée d'une nouvelle administration à la Maison Blanche, l'entreprise a décidé de changer son fusil d'épaule outre-Atlantique.
Désormais, les fact-checkeurs seront remplacés par un système de notes communautaires, similaire à celui en vigueur sur le réseau social X (anciennement Twitter) d'Elon Musk. Les utilisateurs eux-mêmes seront chargés de signaler et d'évaluer les contenus potentiellement trompeurs.
Le statu quo maintenu dans le reste du monde
Si le vent tourne aux États-Unis, Meta ne compte pas pour autant abandonner son programme de fact-checking à l'international. C'est ce qu'a confirmé Nicola Mendelsohn, responsable mondial des affaires chez Meta, lors d'une interview accordée à Bloomberg depuis Davos :
Pour le moment, rien ne change dans le reste du monde, nous continuons de travailler avec ces vérificateurs de faits à travers le monde.
– Nicola Mendelsohn, Meta
La dirigeante a toutefois laissé entendre que cette situation pourrait évoluer à l'avenir, au fur et à mesure du déploiement du nouveau système : « Nous verrons comment cela se passe au fil des ans », a-t-elle ajouté. Une manière de ne pas fermer définitivement la porte à un changement de modèle à plus long terme.
Les défis de la réglementation européenne
Si Meta décidait d'étendre son nouveau programme de vérification communautaire en dehors des États-Unis, l'entreprise pourrait se heurter à certains obstacles réglementaires, notamment en Europe. Le Vieux Continent s'est en effet doté d'un arsenal législatif ambitieux pour lutter contre la désinformation en ligne, à l'image du Digital Services Act (DSA).
Ce texte, entré en vigueur en novembre 2022, impose aux grandes plateformes numériques toute une série d'obligations en matière de modération des contenus. Les réseaux sociaux doivent notamment mettre en place des mesures proactives pour identifier et supprimer les fausses informations, sous peine de lourdes sanctions financières.
Dans ce contexte, il paraît difficile pour Meta de se passer entièrement de ses fact-checkeurs professionnels au profit d'un système reposant uniquement sur les signalements des utilisateurs. La pression réglementaire pourrait donc freiner les velléités de changement du géant californien sur le Vieux Continent.
Quel avenir pour le fact-checking ?
Au-delà du cas spécifique de Meta, c'est l'avenir même du fact-checking qui semble en jeu. Alors que la désinformation ne cesse de se répandre sur les réseaux sociaux, faut-il miser sur une professionnalisation accrue de la vérification des faits ou au contraire responsabiliser davantage les utilisateurs ?
Les partisans de la première approche mettent en avant la nécessité de s'appuyer sur une expertise indépendante et rigoureuse pour démêler le vrai du faux. Ils craignent qu'un système de modération communautaire ne soit pas à la hauteur des enjeux, voire qu'il puisse être instrumentalisé à des fins de propagande.
À l'inverse, les tenants d'une plus grande implication des utilisateurs estiment que c'est à la communauté elle-même de s'autoréguler. Selon eux, les internautes seraient les mieux placés pour repérer et signaler les contenus problématiques, tandis que les fact-checkeurs professionnels introduiraient une forme de censure.
Une chose est sûre : dans un monde où les fake news prolifèrent à grande vitesse, la question du fact-checking est plus cruciale que jamais. Et si le modèle idéal reste à inventer, les décisions prises par les géants du numérique comme Meta auront un impact décisif sur la façon dont nous consommons et partageons l'information à l'avenir.