Meta rachète Limitless : fin d’un pendentif AI
Imaginez un petit bijou accroché à votre chemise qui écoute absolument tout ce que vous dites, le transcrit, le résume et vous le restitue quand vous en avez besoin. C’est exactement ce que promettait le pendentif Limitless. Et puis, du jour au lendemain, plus rien : la startup annonce qu’elle arrête la commercialisation et… qu’elle rejoint Meta. L’histoire est terminée ? Pas vraiment. Elle ne fait que commencer, mais sous une autre bannière.
Le rachat qui n’a surpris personne… mais qui intrigue tout le monde
Le 5 décembre 2025, Limitless (ex-Rewind) a publié un billet sobrement intitulé « A new chapter ». Dan Siroker, cofondateur et ex-PDG d’Optimizely, y explique que l’équipe rejoint Meta pour « accélérer la construction de wearables dopés à l’IA » et participer à la vision d’une superintelligence personnelle accessible à tous. Traduction : le pendentif à 99 dollars ne sera plus vendu, les abonnements deviennent gratuits pour un an, et l’application desktop Rewind va doucement tirer sa révérence.
Pourquoi maintenant ? Parce que le marché des objets AI portables est devenu un champ de bataille où les petits joueurs n’ont plus vraiment leur place.
Un marché qui s’est brutalement consolidé
Il y a encore dix-huit mois, lancer un pendentif qui enregistre 7 jours sur 7 semblait fou. Aujourd’hui, c’est presque banal. OpenAI tease des lunettes, Meta sort des Ray-Ban avec caméra et assistant vocal, Google travaille sur ses propres projets, sans parler de Humane, Rabbit ou Friend (qui, lui, a déjà fait un flop retentissant).
Dan Siroker l’écrit noir sur blanc :
« Quand nous avons commencé il y a cinq ans, l’IA était un rêve lointain pour beaucoup. Faire à la fois de l’IA et du hardware relevait de la folie. Aujourd’hui, le monde a changé. Nous ne sommes plus seuls. »
– Dan Siroker, cofondateur de Limitless
En clair : la petite startup de San Francisco, malgré 33 millions de dollars levés auprès d’a16z, NEA ou First Round, ne pouvait plus suivre la cadence des géants.
Que va faire Meta de cette technologie ?
Officiellement, l’équipe Limitless rejoint la division wearables de Reality Labs. Pas de nouveau pendentif Meta en vue (du moins pas tout de suite). L’objectif semble plutôt d’intégrer les briques logicielles développées par Limitless : reconnaissance vocale en temps réel, summarisation ultra-rapide, recherche sémantique dans des heures d’audio, le tout avec une contrainte énergétique folle (le pendentif tenait une journée entière en enregistrement continu).
Ces compétences tombent à pic pour les futures générations de lunettes Ray-Ban Meta ou, plus probablement, pour le projet Orion – les vraies lunettes AR avec affichage holographique que Meta garde encore sous le coude.
Un assistant qui se souvient de tout ce que vous avez dit (et entendu) dans la journée, qui vous souffle la réponse à une question posée trois heures plus tôt lors d’un déjeuner, sans que vous ayez à sortir votre téléphone… Ça change pas mal la donne.
Que devient la vie privée ?
C’est la question que tout le monde se pose. Limitless mettait en avant un chiffrement de bout en bout et un traitement local pour une partie des données. Chez Meta, la réputation en matière de confidentialité n’est… disons… pas la meilleure.
La startup assure que les utilisateurs pourront exporter ou supprimer toutes leurs données. Mais une fois l’équipe intégrée, rien n’empêche Meta d’utiliser les modèles entraînés sur les enregistrements de milliers d’utilisateurs pour améliorer ses propres algorithmes. C’est d’ailleurs probablement une des raisons du rachat.
Les autres victimes collatérales de cette consolidation
Limitless n’est pas un cas isolé. On assiste à une vague de rachats ou de fermetures dans le secteur des wearables AI :
- Humane cherche toujours un repreneur après des ventes décevantes
- Rabbit a levé des centaines de millions mais peine à livrer
- Friend a déjà disparu dans les abysses des gadgets ratés
- Même Rewind (la version logiciel de Limitless pour Mac) avait fini par être limité par Apple sur les questions de confidentialité
Conclusion : pour exister durablement, il faut soit être un géant, soit trouver une niche ultra-spécifique (sport, santé, entreprise). Le grand public, lui, attendra probablement la version made in Cupertino, Menlo Park ou Mountain View.
Et nous, simples mortels, on en retire quoi ?
D’abord, la preuve que l’idée n’était pas folle : des milliers de personnes payaient 19 dollars par mois pour un pendentif qui se souvenait de tout. Ensuite, l’assurance que cette fonction arrivera bientôt – gratuitement ou presque – dans des objets que nous porterons déjà : lunettes, montres, écouteurs.
Enfin, un rappel brutal : dans l’IA grand public, la course se joue désormais à coups de milliards et de data centers, pas de campagnes Kickstarter.
Le pendentif Limitless restera probablement comme le dernier objet « pur AI » conçu par une startup indépendante avant que les géants ne verrouillent complètement le marché. Un peu comme le Pebble face à l’Apple Watch à l’époque.
Fin d’une belle aventure donc. Mais surtout le début d’une ère où votre assistant personnel saura tout de votre vie… et appartiendra à Meta, Google ou OpenAI.
Vous êtes prêts ?