Meta Recrute le Designer Star d’Apple Alan Dye
Imaginez ouvrir votre iPhone tous les matins depuis 2014. Cette fluidité, cette élégance minimaliste, cette sensation que chaque pixel est exactement là où il doit être… Tout cela porte une signature : Alan Dye. Et si demain, cette même magie se retrouvait sur vos lunettes connectées made in Meta ? C’est exactement ce qui est en train de se produire.
Le plus gros transfert de l’année dans le design tech
Décembre 2025. Bloomberg lâche la bombe : Alan Dye, vice-président du Human Interface Design chez Apple, quitte Cupertino après plus d’une décennie de bons et loyaux services. Direction Menlo Park, où Mark Zuckerberg l’attend les bras (presque) ouverts. Le poste ? Diriger un tout nouveau studio créatif au cœur de Reality Labs, la division réalité augmentée et virtuelle de Meta.
Pour ceux qui ne connaissent pas le personnage, Dye n’est pas n’importe quel designer. C’est l’homme qui a supervisé l’évolution d’iOS 7 à iOS 18, qui a donné vie à Apple Watch, qui a fait de Vision Pro une expérience visuelle aussi épurée qu’intuitive. Chez Apple, on le considérait comme l’héritier spirituel de Jony Ive sur tout ce qui touche l’interface utilisateur.
« Our idea is to treat intelligence as a new design material and imagine what becomes possible when it is abundant, capable, and human-centered. »
– Mark Zuckerberg, sur Threads, le 3 décembre 2025
Un studio créatif taillé pour l’ère de l’IA incarnée
Le jour même de l’annonce, Zuckerberg dévoile la création d’un Creative Studio au sein de Reality Labs. Alan Dye n’arrive pas seul : il retrouve Billy Sorrentino (ex-Apple lui aussi), Joshua To, Pete Bristol et toute l’équipe design industrielle et métavers de Meta. Objectif officiel ? Fusionner design, mode et technologie pour créer la prochaine génération de produits où l’intelligence artificielle devient un matériau de conception à part entière.
Concrètement, cela signifie repenser entièrement l’expérience des futures Ray-Ban Meta, des Quest et surtout des mystérieuses lunettes AR que Meta promet depuis des années (nom de code Orion ou Artemis selon les fuites). L’idée : faire de l’IA un compagnon aussi naturel que l’interface d’un iPhone, mais projeté directement devant vos yeux.
Pourquoi Apple tremble (et pourquoi c’est logique)
Chez Apple, la succession est déjà annoncée : Steve Lemay, présent depuis les tout premiers jours d’OS X, prend la relève. Mais perdre Dye au profit de Meta, c’est plus qu’un départ. C’est un symbole. Apple a toujours excellé dans le design logiciel fermé, maîtrisé, premium. Meta, lui, mise tout sur l’ouverture, l’IA omniprésente et les produits grand public à prix (relativement) accessibles.
En recrutant Dye, Meta s’offre non seulement un talent exceptionnel, mais surtout une légitimité esthétique dont la firme manquait cruellement face à Apple et son Vision Pro à 3500 dollars. Car oui, le principal concurrent des futures lunettes AR de Meta ne s’appellera pas Google Glass ou Snap Spectacles… mais bien Apple Glasses, attendues pour 2027 ou 2028.
- Meta a les données (WhatsApp, Instagram, Facebook)
- Meta a l’IA (Llama 4 arrive)
- Et maintenant, Meta a le design Apple
L’IA comme nouveau matériau de design : qu’est-ce que ça change ?
L’expression utilisée par Zuckerberg n’est pas anodine. Parler d’intelligence comme matériau de design signifie que l’IA ne sera plus un simple assistant vocal caché derrière un bouton. Elle deviendra la matière première avec laquelle on sculpte l’expérience : interfaces qui s’adaptent en temps réel, suggestions contextuelles visuelles, interactions gestuelles anticipées, souvenirs augmentés...
Alan Dye a passé dix ans à rendre les interfaces Apple prévisibles et rassurantes. Chez Meta, son défi sera inverse : rendre une IA puissante prévisible et rassurante. Car c’est bien là le vrai enjeu des lunettes AR grand public : comment faire accepter à des centaines de millions de personnes une IA qui voit ce que vous voyez, entend ce que vous entendez, et réagit avant même que vous ne formuliez une demande ?
Les précédents recrutements montrent la stratégie
Ce n’est pas la première fois que Meta va piocher chez les meilleurs. Cet été déjà, plusieurs chercheurs d’OpenAI ont été débauchés (avec des histoires de soupe maison livrée par Zuckerberg himself). En 2024, c’est le patron de Scale AI qui rejoignait l’équipe IA. Le message est clair : Meta est prêt à tout pour dominer l’ère post-smartphone.
Et dans cette guerre, le design n’est pas un détail. C’est l’arme absolue. Car peu importe la puissance de l’IA si l’expérience utilisateur fait fuir les gens dès la première minute (demandez à Humane et son Ai Pin, ou à Rabbit R1…).
Et nous, qu’est-ce qu’on doit en attendre ?
À court terme : des Ray-Ban Meta bien plus intelligentes dès 2026, avec des interfaces holographiques dignes d’Apple, une intégration fluide de Meta AI, et probablement des fonctionnalités de traduction en temps réel ou de navigation augmentée qui feront oublier Google Maps.
À moyen terme : l’arrivée tant attendue des vraies lunettes AR grand public de Meta, celles qui remplaceront enfin le smartphone. Si Alan Dye réussit son pari, elles pourraient combiner le meilleur des deux mondes : l’élégance Apple et la connectivité sociale de Meta.
Et si elles coûtent moins de 1000 dollars (contre 3500 pour le Vision Pro), la bataille est déjà gagnée.
Le départ d’Alan Dye n’est pas qu’une anecdote RH. C’est le signal que la prochaine révolution technologique ne se jouera plus dans les poches, mais sur notre nez. Et pour une fois, c’est Meta qui semble tenir le bon bout du lunettes.