Microsoft face à une enquête antitrust au Royaume-Uni
Le géant technologique Microsoft se retrouve une nouvelle fois sous le feu des projecteurs, mais cette fois-ci, c'est du côté des régulateurs britanniques que vient la pression. En effet, l'Autorité de la concurrence et des marchés (CMA) du Royaume-Uni a annoncé le lancement d'une enquête approfondie sur les récentes manœuvres de Microsoft dans le secteur de l'intelligence artificielle, et plus particulièrement son embauche de l'équipe clé derrière la startup américaine Inflection AI.
Une approche innovante qui soulève des questions
Au cœur des préoccupations se trouve ce que certains ont surnommé la "quasi-fusion", une nouvelle stratégie adoptée par les géants de la tech pour contourner le contrôle réglementaire autour de l'IA. Plutôt que d'acquérir directement des startups prometteuses, ces mastodontes optent pour des investissements stratégiques et le recrutement ciblé des fondateurs et talents techniques.
C'est exactement ce qu'a fait Microsoft en mars dernier, en créant une division IA grand public dirigée par les fondateurs d'Inflection AI, dont le scientifique de deep learning Karén Simonyan et le cofondateur de Google DeepMind Mustafa Suleyman. De plus, une grande partie de l'équipe d'Inflection AI a rejoint les rangs de Microsoft, notamment Jordan Hoffmann, un scientifique et ingénieur en IA maintenant à la tête du hub IA de Microsoft à Londres.
L'IA, nouveau terrain de jeu de la concurrence
Cette affaire s'inscrit dans un contexte plus large de surveillance accrue des partenariats et investissements dans l'IA. La CMA mène actuellement des enquêtes préliminaires sur un trio d'alliances, dont la récente participation de Microsoft dans la startup française Mistral AI, ainsi que l'investissement de 4 milliards de dollars d'Amazon dans Anthropic.
Mais c'est surtout l'étroite collaboration entre Microsoft et OpenAI, créateur de ChatGPT, qui devrait faire l'objet d'une enquête approfondie, à l'instar de celle lancée par la Commission européenne.
Les prochaines étapes de l'enquête
Avec le lancement de cette "phase 1", la CMA dispose maintenant de 40 jours ouvrables pour rassembler des preuves et déterminer si ces embauches stratégiques constituent une "fusion" susceptible de nuire à la concurrence au Royaume-Uni. Si tel est le cas, l'autorité passera à une "phase 2" plus poussée qui pourrait durer environ six mois.
Cette enquête met en lumière les défis auxquels sont confrontés les régulateurs face à l'évolution rapide du paysage de l'IA. Alors que les géants de la tech rivalisent pour s'adjuger les meilleurs talents et technologies, il est crucial de s'assurer que la concurrence et l'innovation ne soient pas étouffées dans ce secteur clé pour notre avenir.
Reste à voir si ces "quasi-fusions" seront considérées comme de véritables fusions au regard de la loi, et quelles seront les conséquences pour Microsoft et ses pairs. Une chose est sûre : dans la course à l'IA, la vigilance des régulateurs sera plus que jamais de mise.