Microsoft, Nvidia et OpenAI sous le radar des autorités antitrust
L'intelligence artificielle est en pleine effervescence, mais les géants du secteur Microsoft, Nvidia et OpenAI se retrouvent aujourd'hui dans le collimateur des autorités américaines. Des enquêtes antitrust ont été lancées pour déterminer si leur domination et leurs accords ont violé les lois sur la concurrence. Une situation qui pourrait redéfinir le paysage de l'IA.
Le ministère de la Justice et la FTC se répartissent les rôles
Le ministère de la Justice (DoJ) et la Federal Trade Commission (FTC) ont conclu un accord pour mener des investigations approfondies sur Microsoft, Nvidia et OpenAI, les trois acteurs clés de l'industrie de l'IA :
- La FTC sera en charge d'examiner les liens entre Microsoft et OpenAI, notamment l'investissement de 13 milliards de dollars du géant de Redmond dans la start-up à l'origine de ChatGPT.
- De son côté, le DoJ se concentrera sur les pratiques de Nvidia, leader incontesté des puces pour l'IA, afin de vérifier si sa position dominante ne freine pas la concurrence.
Cet accord marque une intensification de la surveillance de l'écosystème IA par les autorités, qui s'inscrit dans la lignée des efforts de l'administration Biden pour réguler le pouvoir des Big Tech.
Microsoft et OpenAI dans le viseur depuis 2022
Dès juillet 2022, la FTC avait commencé à s'intéresser à OpenAI et son phénomène ChatGPT, réclamant des informations sur :
- Les plaintes de consommateurs concernant des outputs "trompeurs ou préjudiciables".
- Les données d'entraînement ingérées par le modèle.
- La propension de ChatGPT à "halluciner" des réponses.
En janvier 2023, Microsoft a reçu à son tour des demandes d'informations de la FTC sur ses relations avec OpenAI. L'objectif : mieux comprendre l'impact concurrentiel de ce partenariat. Pour Lina M. Khan, présidente de la FTC, il est crucial de s'assurer que les investissements et accords des géants de la tech ne verrouillent pas l'innovation dans ce domaine porteur.
Nvidia, un quasi-monopole sur le hardware IA
Jusque là épargné par les autorités, Nvidia se retrouve rattrapé par son succès. Ses puces IA équipent 80 à 95% des acteurs du marché selon les estimations. Un quasi-monopole que la société assume pleinement, son CEO Jensen Huang déclarant récemment :
Le calcul accéléré et l'IA générative ont atteint le point de bascule. La demande explose dans le monde entier à travers les entreprises, les industries et les nations.
– Jensen Huang, CEO de Nvidia
Résultat, le chiffre d'affaires de Nvidia a bondi de 265% en un an et sa capitalisation dépasse désormais les 3 000 milliards de dollars. Une hégémonie qui n'a pas échappé au ministère de la Justice.
Microsoft-Inflection, un accord suspect ?
La FTC lorgne aussi du côté de l'accord "atypique" de 650 millions de dollars entre Microsoft et la start-up Inflection AI. Conclu en mars, il accorde au géant une licence sur les modèles de la jeune pousse, tout en lui permettant de débaucher une bonne partie de ses effectifs et dirigeants.
Un montage qui interroge l'autorité : Microsoft n'a-t-il pas voulu contourner le contrôle des fusions-acquisitions avec cet investissement d'un genre nouveau ? La question mérite d'être creusée.
Au final, si ces enquêtes antitrust ne présagent pas forcément de sanctions, elles prouvent que les autorités se saisissent enfin des enjeux concurrentiels posés par l'IA. Un signe que le Far West de l'intelligence artificielle touche peut-être à sa fin, pour laisser place à un cadre régulé favorisant une saine compétition. Les prochains mois s'annoncent décisifs pour dessiner les contours de cette industrie d'avenir.