
Mila Lance un Fonds pour l’Innovation en IA
Et si la recherche en intelligence artificielle (IA) devenait le moteur d’une nouvelle vague de startups au Canada? À Montréal, l’institut Mila, un leader mondial dans le domaine de l’IA, explore une initiative audacieuse : la création d’un fonds de capital-risque pour transformer ses avancées scientifiques en entreprises innovantes. Cette démarche pourrait non seulement renforcer l’écosystème technologique canadien, mais aussi contrer l’exode des talents vers les États-Unis. Plongeons dans ce projet ambitieux qui promet de redéfinir l’avenir de l’innovation.
Mila : Un Pionnier de l’IA à la Croisée des Chemins
Fondé en 1993 par le lauréat du prix Turing Yoshua Bengio, Mila s’est imposé comme un centre d’excellence en recherche sur l’intelligence artificielle. Basé à Montréal, cet institut regroupe des chercheurs de renommée mondiale et collabore avec des institutions académiques comme l’Université de Montréal et l’Université McGill. Mais aujourd’hui, Mila ne se contente plus de produire des publications scientifiques : l’institut veut accélérer la commercialisation de ses découvertes.
Pourquoi ce virage? Parce que la recherche, aussi brillante soit-elle, n’atteint son plein potentiel que lorsqu’elle se traduit en solutions concrètes. Mila souhaite voir ses idées se transformer en startups prospères, ideally ancrées au Canada. Pour y parvenir, l’institut explore la création d’un fonds de capital-risque (VC) dédié, une initiative qui pourrait changer la donne pour l’écosystème tech local.
Un Fonds pour Transformer la Recherche en Réalité
L’idée d’un fonds VC chez Mila est encore à ses débuts, mais elle suscite déjà un vif intérêt. Pour mener à bien ce projet, l’institut a fait appel à Jonathan Shaanan, ancien directeur général de Circle K Ventures, le bras de capital-risque de Couche-Tard. Shaanan, avec son expérience chez BDC Capital, apporte une expertise précieuse pour structurer ce fonds.
Notre objectif est d’amplifier le nombre de startups issues du vivier exceptionnel de talents de Mila, tout en veillant à ce qu’un maximum d’entre elles soient construites ici, au Canada.
– Stéphane Marceau, Directeur Général des Initiatives en IA chez Mila
Ce fonds vise à combler un vide : alors que plus de 50 startups liées à Mila ont levé plus de 100 millions de dollars ces dernières années, l’institut n’a mobilisé qu’une petite équipe pour soutenir ces initiatives. En structurant un fonds dédié, Mila pourrait non seulement augmenter le nombre de startups, mais aussi mieux accompagner les chercheurs dans leur transition vers l’entrepreneuriat.
Un Écosystème en Ébullition à Montréal
Montréal est déjà un hub mondial pour l’IA, grâce à des institutions comme Mila et à des startups comme Cohere ou Protexxa. Cependant, un défi persiste : retenir les talents et les entreprises au Canada. Trop souvent, des chercheurs prometteurs, après avoir publié des travaux révolutionnaires, sont attirés par des investisseurs américains et fondent leurs entreprises aux États-Unis.
Ce phénomène, souvent appelé la fuite des cerveaux, préoccupe les acteurs de l’écosystème tech canadien. Une étude récente du fonds VC Leaders Fund a révélé une baisse significative de la proportion de startups à fort potentiel basées au Canada. Le fonds de Mila pourrait inverser cette tendance en offrant un soutien financier et stratégique aux entrepreneurs locaux.
Les Acteurs Clés du Projet
Pour concrétiser ce fonds, Mila s’appuie sur une équipe de choc. Outre Jonathan Shaanan, Stéphane Marceau, responsable des initiatives en IA, et Alex Shee, entrepreneur en résidence, jouent un rôle central. Leur mission? Transformer les scientifiques en entrepreneurs, ou, comme le dit Marceau, en « scientifiques venture » capables de bâtir des entreprises de classe mondiale.
Leur stratégie repose sur trois piliers :
- Identifier les recherches prometteuses à fort potentiel commercial.
- Accompagner les chercheurs dans la création de startups viables.
- Attirer des investisseurs stratégiques, au Canada et à l’international.
Cette approche structurée vise à maximiser l’impact économique des découvertes de Mila tout en renforçant la position du Canada comme leader mondial en IA.
Un Contexte Favorable, Mais des Défis à Relever
Le moment est idéal pour un tel projet. L’IA connaît une croissance fulgurante, et les investisseurs, qu’ils soient canadiens ou étrangers, montrent un appétit croissant pour les startups technologiques. Marceau a d’ailleurs noté un vif intérêt de la part de fonds de capital-risque américains souhaitant se rapprocher de la communauté Mila.
Cependant, des obstacles subsistent. Le financement d’un fonds VC demande des ressources importantes, et les détails, comme la taille du fonds ou les secteurs cibles, restent à définir. De plus, la concurrence internationale est féroce : les États-Unis, avec leurs vastes ressources, attirent facilement les talents et les capitaux.
Nous voulons être plus ambitieux, tout en maintenant l’excellence de notre recherche et en soutenant la création de nouvelles entreprises.
– Hugo Larochelle, Directeur Scientifique de Mila
L’Impact Potentiel sur l’Écosystème Canadien
Si le fonds de Mila voit le jour, il pourrait avoir des répercussions majeures. D’abord, il renforcerait l’écosystème des startups en IA au Canada, en offrant un soutien financier et stratégique aux jeunes entreprises. Ensuite, il contribuerait à retenir les talents locaux, réduisant ainsi la fuite des cerveaux vers l’étranger. Enfin, il positionnerait Mila comme un acteur clé non seulement dans la recherche, mais aussi dans l’innovation commerciale.
Voici quelques impacts attendus :
- Augmentation du nombre de startups en IA basées au Canada.
- Création d’emplois technologiques qualifiés à Montréal et au-delà.
- Renforcement de la collaboration entre recherche académique et industrie.
Un Modèle Inspirant pour l’Avenir
Le projet de Mila s’inscrit dans une tendance mondiale où les institutions académiques cherchent à maximiser l’impact de leurs recherches. Des initiatives similaires existent ailleurs, comme au MIT ou à Stanford, où des fonds universitaires ont donné naissance à des géants technologiques. Mila pourrait devenir un modèle pour d’autres instituts canadiens, comme le Vector Institute à Toronto ou l’Alberta Machine Intelligence Institute à Edmonton.
En intégrant recherche, entrepreneuriat et investissement, Mila pose les bases d’un écosystème intégré. Cette approche pourrait non seulement transformer Montréal en une plaque tournante mondiale pour l’IA, mais aussi inspirer d’autres secteurs technologiques au Canada.
Les Prochaines Étapes
Pour l’instant, le fonds de Mila est encore en phase exploratoire. Les discussions avec des partenaires stratégiques se multiplient, et l’équipe travaille à définir les contours du projet. La nomination récente de Hugo Larochelle comme directeur scientifique marque un tournant : sous sa direction, Mila ambitionne de conjuguer excellence scientifique et impact économique.
Les mois à venir seront cruciaux pour préciser la taille du fonds, ses objectifs d’investissement et ses partenariats. Une chose est sûre : Mila est déterminée à faire de ses recherches un levier pour l’innovation et la prospérité au Canada.
Pourquoi Cela Compte
L’initiative de Mila n’est pas seulement une question de financement. Elle reflète une vision audacieuse : celle d’un Canada qui non seulement produit des idées révolutionnaires, mais les transforme en entreprises capables de rivaliser sur la scène mondiale. Dans un monde où l’IA redéfinit les industries, des soins de santé à la finance, Mila pourrait jouer un rôle clé pour positionner le Canada comme un leader incontesté.
En conclusion, le projet de fonds VC de Mila est une opportunité unique de lier recherche, innovation et entrepreneuriat. Si l’institut réussit à concrétiser cette vision, il pourrait non seulement transformer l’écosystème technologique canadien, mais aussi inspirer d’autres nations à suivre son exemple. L’avenir de l’IA au Canada s’annonce radieux, et Mila est prêt à en être le fer de lance.