Mistral AI : Le Concurrent Français d’OpenAI Décrypté

Saviez-vous que la France abrite une start-up qui ambitionne de rivaliser avec les géants américains de l’intelligence artificielle ? En plein cœur de Paris, Mistral AI s’est donnée une mission audacieuse : démocratiser l’IA tout en restant fidèle à des valeurs d’innovation et de durabilité. Depuis sa création en 2023, cette entreprise a attiré l’attention du monde entier, portée par des levées de fonds impressionnantes et des partenariats stratégiques. Mais derrière les chiffres et les promesses, que vaut vraiment ce concurrent d’OpenAI ? Plongeons dans l’univers de Mistral AI pour comprendre ce qui la rend unique.

Mistral AI : Une Ambition Européenne dans l’IA

Lancée en 2023, Mistral AI n’a pas tardé à faire parler d’elle. Fondée par trois anciens chercheurs de Google et Meta, cette start-up française s’est fixée un objectif clair : rendre l’intelligence artificielle accessible à tous, tout en défiant les leaders du secteur comme OpenAI. Avec une valorisation atteignant **6 milliards de dollars** en seulement deux ans, elle se positionne comme une figure incontournable en Europe.

Qui se cache derrière Mistral AI ?

Le trio à l’origine de Mistral AI n’est pas composé de novices. Arthur Mensch, le PDG, a peaufiné ses compétences chez DeepMind, la branche IA de Google. Timothée Lacroix, directeur technique, et Guillaume Lample, directeur scientifique, ont quant à eux travaillé chez Meta, où ils ont exploré les méandres de l’IA. Leur expérience dans ces géants technologiques américains leur a donné une vision claire : l’Europe peut – et doit – jouer un rôle majeur dans cette révolution.

Ils ne sont pas seuls dans cette aventure. Des conseillers comme Jean-Charles Samuelian-Werve et Charles Gorintin, issus de la start-up Alan, ainsi que Cédric O, ancien ministre du numérique, apportent leur expertise. Ce dernier a d’ailleurs suscité quelques débats en raison de ses anciennes fonctions publiques, mais cela n’a pas freiné l’élan de l’équipe.

Une mission : démocratiser l’IA

Mistral AI se distingue par son slogan : « mettre l’IA de pointe entre les mains de tous ». Contrairement à certains acteurs qui gardent jalousement leurs technologies, la start-up mise sur une approche plus ouverte. Une partie de ses modèles est disponible en *open source*, sous la licence Apache 2.0, permettant aux développeurs du monde entier de les utiliser gratuitement pour des projets variés.

« Go and download Le Chat, which is made by Mistral, rather than ChatGPT by OpenAI. »

– Emmanuel Macron, président de la France

Cette philosophie a même séduit Emmanuel Macron, qui n’a pas hésité à vanter les mérites de *Le Chat*, l’assistant conversationnel de Mistral, lors d’une interview télévisée. Un soutien de poids pour une entreprise qui veut incarner une alternative européenne face aux mastodontes américains.

Les modèles phares de Mistral AI

Mistral AI ne se contente pas de belles paroles : elle propose une gamme de modèles impressionnants. Voici un aperçu de ce qu’elle a dans sa besace :

• Mistral Large 2 : le modèle vedette, conçu pour rivaliser avec les grands noms comme GPT-4.
• Pixtral Large : une IA multimodale capable de traiter texte et images, sortie en 2024.
• Codestral : un outil dédié à la génération de code, prisé des développeurs.
• Les Ministraux : des modèles légers pour les appareils mobiles.
• Mistral Saba : une IA spécialisée dans la langue arabe.

Ces outils ne sont pas tous gratuits. Les modèles premium, comme Mistral Large 2, sont réservés à un usage commercial via des API ou des licences, tandis que d’autres, comme Mistral NeMo (développé avec Nvidia), sont accessibles à tous. Cette dualité reflète la stratégie de Mistral : allier ouverture et rentabilité.

Le Chat : un assistant qui fait des vagues

Si Mistral AI a un produit qui incarne son ambition, c’est bien *Le Chat*. Disponible sur iOS et Android depuis début 2025, cet assistant conversationnel a atteint **1 million de téléchargements** en seulement deux semaines. En France, il s’est même hissé en tête des téléchargements gratuits sur l’App Store, porté par une vague d’enthousiasme local.

Avec son plan Pro à 14,99 dollars par mois, *Le Chat* cherche à séduire les utilisateurs prêts à payer pour des fonctionnalités avancées. Mais peut-il vraiment détrôner ChatGPT ? Pour l’instant, il reste un challenger prometteur, mais encore loin de la domination mondiale de son rival américain.

Une stratégie financière ambitieuse

Parlons chiffres. En moins de deux ans, Mistral AI a levé environ **1 milliard d’euros** (soit 1,04 milliard de dollars). Une ascension fulgurante qui a commencé dès juin 2023 avec un tour de table record de 112 millions de dollars, valorisant l’entreprise à 260 millions alors qu’elle n’avait même pas encore lancé ses premiers modèles.

Six mois plus tard, une série A de 385 millions d’euros a porté sa valorisation à **2 milliards de dollars**, suivie en juin 2024 par une levée de 600 millions d’euros (équité et dette) à **6 milliards de dollars**. Parmi les investisseurs, on retrouve des noms prestigieux : Lightspeed, Andreessen Horowitz, General Catalyst, Nvidia, ou encore Microsoft, qui a injecté 16,3 millions d’euros dans le cadre d’un partenariat stratégique.

Des partenariats qui comptent

Mistral AI ne se contente pas de collecter des fonds : elle tisse des alliances solides. En 2024, elle a signé un accord avec Microsoft pour distribuer ses modèles via Azure, un partenariat qui a suscité quelques critiques en Europe mais qui a été validé par les autorités britanniques. Plus récemment, en janvier 2025, elle a collaboré avec l’AFP pour intégrer des archives textuelles remontant à 1983 dans *Le Chat*.

La start-up a aussi noué des liens avec l’armée française, Pôle Emploi, le groupe Orange, ou encore Stellantis. Ces collaborations montrent une volonté de s’ancrer dans des secteurs clés, tout en diversifiant ses sources de revenus.

Comment Mistral AI gagne-t-elle de l’argent ?

Avec autant de modèles gratuits, on pourrait se demander comment Mistral AI reste rentable. La réponse tient en trois axes :

• Abonnements : Le plan Pro de *Le Chat* à 14,99 dollars par mois.
• API et licences : Les entreprises paient pour accéder aux modèles premium.
• Partenariats : Des deals stratégiques avec des géants comme Microsoft ou IBM.

Pourtant, son chiffre d’affaires reste modeste, dans une fourchette à huit chiffres selon certaines estimations. Un contraste frappant avec sa valorisation, qui laisse présager une pression croissante pour scaler rapidement.

Mistral AI et l’écologie : un engagement sincère ?

Mistral AI se présente comme « le laboratoire IA le plus vert au monde ». Une ambition louable dans un secteur souvent critiqué pour sa consommation énergétique. Ses modèles *Les Ministraux*, optimisés pour les appareils à faible puissance, illustrent cet engagement. Mais face aux géants comme OpenAI, qui déploient des infrastructures massives, cet avantage reste à prouver à grande échelle.

Quel avenir pour Mistral AI ?

Arthur Mensch l’a dit clairement lors du Forum économique mondial de Davos en 2025 : Mistral AI n’est « pas à vendre ». L’objectif ? Une introduction en bourse (IPO) pour consolider sa place sur l’échiquier mondial. Mais pour y parvenir, la start-up devra relever plusieurs défis :

• Augmenter ses revenus pour justifier sa valorisation.
• Rester compétitive face à OpenAI et autres leaders.
• Préserver son identité européenne dans un marché globalisé.

Avec son milliard d’euros levé et son positionnement unique, Mistral AI a toutes les cartes en main pour devenir un acteur majeur. Mais dans l’univers impitoyable de l’IA, la route est encore longue. Une chose est sûre : cette pépite française n’a pas fini de faire parler d’elle.