Moins d’importations et plus d’exportations de parfums: un fragile redressement
Après des années de creusement continu, le déficit commercial français montre enfin quelques signes d'amélioration en 2024. Selon les derniers chiffres publiés par les Douanes, il atteint 81 milliards d'euros, contre 100 milliards en 2023 et un record de 162 milliards en 2022. Une embellie bienvenue, même si la situation reste fragile et loin des niveaux d'avant la crise du Covid-19.
Une facture énergétique allégée
Cette réduction du déficit s'explique en grande partie par l'allègement de la facture énergétique, en recul de près de 13 milliards d'euros sur un an. Après la flambée enregistrée lors de la crise énergétique, les prix du pétrole et du gaz naturel ont continué à refluer en 2024.
Parallèlement, les exportations d'électricité ont enchaîné les records, dépassant les 5 milliards d'euros. Un retournement spectaculaire après être tombées au plus bas en 2022 lors de l'arrêt de nombreux réacteurs nucléaires pour des problèmes de corrosion.
Le déficit manufacturier se réduit
Hors énergie, le déficit commercial des biens s'est également amélioré, passant sous la barre des 45 milliards d'euros. Et ce malgré un contexte international peu porteur, marqué par l'intensification de la concurrence chinoise et la faiblesse de la demande allemande, premier partenaire commercial de la France.
Cette meilleure tenue des échanges de produits manufacturés tient beaucoup à un recul plus rapide des importations (-4%) que des exportations (-1,4%). Un rééquilibrage en trompe-l'œil, qui reflète surtout le tassement de la demande intérieure française, en particulier celle liée à l'investissement des entreprises.
L'automobile pénalisée par la chute des importations
Secteur emblématique de ce phénomène : l'automobile. Son déficit commercial s'est réduit de près d'un milliard d'euros, mais essentiellement à cause d'une chute de 7% des importations de véhicules. Un repli qui touche particulièrement les modèles thermiques, dont les achats à l'étranger sont tombés à leur plus bas niveau depuis 2005.
Cosmétiques et chimie résistent, aéronautique et agroalimentaire décrochent
Au global, la part de marché de la France à l'exportation s'est de nouveau érodée, même si certaines filières d'excellence tirent leur épingle du jeu. C'est le cas des parfums et cosmétiques, dont l'excédent commercial bat un nouveau record à plus de 17 milliards d'euros.
Bonne tenue également du côté de l'industrie pharmaceutique et de la chimie, qui a consolidé sa position d'exportateur net malgré un contexte difficile. En revanche, l'agroalimentaire voit son excédent amputé d'un milliard, plombé par le recul des ventes de vins et spiritueux.
Même l'aéronautique, traditionnelle locomotive du commerce extérieur tricolore, marque le pas. Pénalisé par les difficultés persistantes de montée en cadence, son excédent se replie à moins de 29 milliards d'euros et reste inférieur à son niveau d'avant-crise. Les exportations pâtissent aussi des choix industriels d'Airbus, qui produit de plus en plus localement en Chine et aux États-Unis.
Une compétitivité toujours fragile
Si le nombre de PME exportatrices progresse légèrement (+5 600 en un an), cela ne suffira pas à compenser la perte tendancielle de parts de marché de la France, dont la compétitivité demeure fragile. En 2024, elle ne représente plus que 2,7% des échanges internationaux.
On est encore loin d'un vrai rééquilibrage de notre commerce extérieur. L'amélioration reste précaire et dépendante de facteurs exogènes comme les cours de l'énergie. Il faut renforcer dans la durée la compétitivité hors-prix de nos entreprises.
Denis Ferrand, directeur général de Rexecode
Pour redresser structurellement la balance commerciale tricolore, un travail de fond reste nécessaire pour renforcer l'attractivité du site France, soutenir l'innovation et la montée en gamme des produits. Des chantiers de long terme et une mobilisation de tous les acteurs, publics comme privés, qui permettront peut-être d'inverser durablement la tendance dans les années à venir.