Nestlé mis en examen suite au scandale des pizzas Buitoni contaminées
C'est un nouveau rebondissement dans l'affaire des pizzas Buitoni contaminées à la bactérie E.coli. Nestlé France a annoncé vendredi 5 juillet sa mise en examen la veille pour "homicide involontaire, blessures involontaires et tromperie" dans le cadre de l'enquête sur ce scandale sanitaire qui avait éclaté en mars 2022. La filiale exploitant le site de production de Caudry (Nord), d'où provenaient les produits incriminés, a elle aussi été mise en examen quelques jours plus tôt.
Pour rappel, les pizzas surgelées de la gamme Fraîch'Up commercialisées par Buitoni sont soupçonnées d'avoir provoqué la mort de deux enfants ainsi que l'hospitalisation de dizaines d'autres, touchés par une infection à la bactérie Escherichia coli. Dès les premiers cas détectés, Nestlé avait procédé au retrait-rappel de tous les lots et fermé son usine nordiste dans l'attente des conclusions des investigations.
Des défaillances dans les procédures d'hygiène
Très vite, des témoignages de salariés avaient pointé du doigt des manquements aux règles sanitaires sur le site de Caudry. Malgré des contrôles réglementaires a priori conformes, l'enquête a relevé des failles concernant le nettoyage des lignes de production et des zones de stockage. La suppression d'une équipe de nettoyage de nuit, dénoncée en interne, aurait contribué à la dégradation des conditions d'hygiène.
Les procédures ne sont pas respectées et les heures de nettoyage sont consacrées à un simple dégrossissement des surfaces apparentes de l'usine.
– Un salarié de Buitoni Caudry
Une plainte contre Nestlé
Peu après l'ouverture d'une information judiciaire, l'association de consommateurs Foodwatch avait déposé plainte contre Nestlé. Pas moins de sept infractions étaient visées :
- Mise en danger de la vie d'autrui
- Tromperie aggravée
- Exposition ou vente de produits falsifiés ou corrompus
Des accusations gravissimes, auxquelles le géant de l'agroalimentaire va devoir répondre en apportant à la justice tous les éléments permettant de comprendre comment un tel drame a pu se produire.
L'usine Buitoni rachetée par un groupe italien
A l'arrêt depuis mars 2022, le site de Caudry a finalement été cédé en février dernier à Italpizza. Le fabricant transalpin de pizzas surgelées prévoit d'y investir 12 millions d'euros et de relancer la production dès l'automne prochain. La cession aura aussi permis aux 124 salariés de conserver leur emploi.
Reste à restaurer la confiance des consommateurs, fortement ébranlée par ce scandale retentissant. Malgré le rachat et la future remise aux normes de l'usine, il faudra du temps avant d'effacer le souvenir de cette sombre affaire qui a terni durablement l'image de Buitoni et écorné celle de Nestlé. Le marché français de la pizza industrielle en gardera également les stigmates.
Dans l'attente du jugement, la prudence reste donc de mise pour les géants de l'agroalimentaire. Plus que jamais, la sécurité sanitaire et alimentaire doit être une priorité absolue à tous les stades de production. Car derrière les procédures, les certifications et les contrôles, il y a la santé des consommateurs, et aucun profit ne peut justifier qu'on la mette en danger.