Northvolt, Star de la Batterie Électrique, en Faillite
Le secteur des véhicules électriques vient de connaître un séisme. Northvolt, star suédoise de la batterie lithium-ion et grand espoir européen face à la concurrence asiatique, s'est placée sous la protection du chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites. Une chute brutale pour cette startup qui avait levé plus de 6 milliards de dollars depuis sa création en 2016.
Goldman Sachs, grand perdant de la débâcle Northvolt
Parmi les investisseurs sonnés, les fonds de private equity de Goldman Sachs sont en première ligne. Deuxième actionnaire de Northvolt, ils s'apprêtent à passer une charge de 900 millions de dollars, l'intégralité de leur mise. Un coup dur mais pas fatal pour la banque américaine, qui se veut rassurante :
Bien que nous soyons un parmi de nombreux investisseurs déçus par cette issue, il s'agissait d'un investissement minoritaire réalisé par le biais de fonds extrêmement diversifiés.
Communiqué de Goldman Sachs
Pertes de clients et de financements
Comment en est-on arrivé là ? Fondé par deux anciens de Tesla, dont Peter Carlsson qui vient de démissionner de son poste de directeur général, Northvolt a pâti ces derniers mois de la perte d'un gros client et de difficultés à lever des fonds supplémentaires dans un contexte économique tendu. Pourtant, tout avait bien commencé pour ce pionnier européen de la batterie lithium-ion pour véhicules électriques.
L'Europe de la batterie perd son champion
Soutenu par l'Union européenne qui voyait en lui un acteur clé pour réduire la dépendance du Vieux Continent envers les fournisseurs asiatiques, Northvolt avait inauguré en grande pompe sa "gigafactory" en Suède fin 2021. De quoi faire trembler un temps les mastodontes chinois CATL et BYD, ou le Sud-Coréen LG. Las, le rêve européen a tourné court.
Cette retentissante faillite illustre la difficulté pour une startup, même très bien financée, de percer sur le marché ultra-concurrentiel des batteries électriques. Elle pose aussi question sur la stratégie de l'Europe, qui peine toujours à faire émerger des champions dans ce domaine crucial pour l'avenir de son industrie automobile.
Quel impact pour la voiture électrique européenne ?
À court terme, l'impact devrait être limité pour les constructeurs automobiles du continent. Si Northvolt était parvenu à décrocher des contrats auprès de géants comme Volkswagen, BMW ou Volvo, ses volumes restaient très inférieurs aux autres fournisseurs. La plupart des constructeurs ont diversifié leur approvisionnement.
Toutefois, l'effondrement d'un symbole comme Northvolt fait tâche pour l'Airbus des batteries vanté par Bruxelles. Sans initiative d'ampleur, le Vieux Continent risque de voir ses ambitions de souveraineté sur la voiture électrique sévèrement dégradées. Un enjeu majeur alors que le moteur thermique doit être interdit en Europe dès 2035.
Des leçons à tirer pour les startups deeptech
Au-delà du cas Northvolt, cette affaire illustre les risques auxquels sont exposées les jeunes pousses positionnées sur des technologies de pointe à forte intensité capitalistique. Les délais et les investissements nécessaires pour passer du projet à la phase d'industrialisation puis de commercialisation sont souvent sous-estimés.
Quelques éléments à garder à l'esprit pour ces startups "deeptech" :
- Bien calibrer les besoins de financement, en intégrant des marges de sécurité.
- Associer en amont des partenaires industriels et financiers pour sécuriser les débouchés et les tours de table.
- Anticiper les goulots d'étranglement (approvisionnement, recrutements, homologations...)
- Rester agile pour ajuster la stratégie en fonction des aléas.
La protection du chapitre 11 aux États-Unis permettra-t-elle à Northvolt de rebondir avec un nouveau plan industriel et de nouveaux investisseurs ? Réponse dans les prochains mois. Les constructeurs européens retiennent leur souffle.