Nouvelle cyberattaque russe contre l’infrastructure ukrainienne
Dans un nouveau chapitre inquiétant de la guerre hybride entre la Russie et l'Ukraine, la justice américaine vient d'inculper un civil russe pour son rôle présumé dans une vaste campagne de cyberattaques contre les systèmes gouvernementaux ukrainiens. Cette affaire met en lumière l'ampleur de la menace cyber dans les conflits modernes et soulève des questions sur la capacité de l'Ukraine à protéger ses infrastructures critiques face à un adversaire déterminé.
Un complot russe pour semer le chaos en Ukraine
Selon l'acte d'accusation dévoilé mercredi, Amin Stigal, 22 ans, aurait aidé les hackers des services de renseignement militaires russes (GRU) à mettre en place des serveurs utilisés pour lancer des cyberattaques destructrices contre des ministères ukrainiens en janvier 2022, un mois avant l'invasion russe. L'objectif de cette campagne baptisée "WhisperGate" était de semer la panique au sein de la société ukrainienne en compromettant irrémédiablement les données sur les appareils infectés.
D'après les procureurs, Stigal aurait utilisé des cryptomonnaies pour acheter et configurer des serveurs auprès d'une entreprise américaine, permettant ainsi aux pirates du GRU de conduire leurs opérations malveillantes. Lors de ces attaques, de grandes quantités de données sensibles auraient été dérobées, comme des dossiers médicaux, casiers judiciaires et informations d'assurance des citoyens ukrainiens, avant d'être mises en vente sur des forums du dark web.
Une cyberguerre qui dépasse les frontières de l'Ukraine
Mais les ambitions des hackers russes ne se limitaient pas à l'Ukraine. Ils auraient également ciblé à plusieurs reprises une agence gouvernementale américaine basée dans le Maryland entre 2021 et 2022, justifiant ainsi la compétence des procureurs de cet État pour poursuivre Stigal. En octobre 2022, utilisant toujours l'infrastructure mise en place par l'accusé, les pirates s'en sont pris au secteur des transports d'un pays d'Europe centrale ayant fourni une aide civile et militaire à l'Ukraine. Cet incident semble correspondre à une cyberattaque survenue au Danemark à la même période, qui avait provoqué d'importantes perturbations sur le réseau ferroviaire national.
Les cyberattaques étaient conçues pour « semer l'inquiétude » au sein de la société civile ukrainienne quant à la sécurité des systèmes gouvernementaux.
Procureurs américains
Une traque internationale pour traduire les responsables en justice
Actuellement en fuite et présumé en Russie, Amin Stigal risque jusqu'à cinq ans de prison s'il est reconnu coupable. Les États-Unis offrent une récompense de 10 millions de dollars pour toute information permettant sa capture, illustrant leur détermination à poursuivre les auteurs de cybercrimes où qu'ils se trouvent. Cette affaire démontre une nouvelle fois comment les conflits géopolitiques se jouent désormais aussi dans le cyberespace, avec des impacts potentiellement dévastateurs pour les infrastructures et les populations civiles.
Face à cette menace, l'Ukraine et ses alliés doivent impérativement renforcer leur cyber-résilience et leur coopération en matière de sécurité informatique. Car dans cette guerre hybride qui ne dit pas son nom, chaque faille peut être exploitée par un adversaire redoutable pour déstabiliser une nation entière. La bataille pour la souveraineté numérique ne fait que commencer.
