NovAsco : Crise et Reprise en Sidérurgie

Accueil - Innovations et Sociétés - Écologie et Innovation - NovAsco : Crise et Reprise en Sidérurgie
NovAsco  Crise et Reprise en Sidérurgie   Innovationsfr
août 21, 2025

NovAsco : Crise et Reprise en Sidérurgie

Imaginez une aciérie, cœur battant de l’industrie lourde, où des fours électriques projettent des éclats incandescents dans l’obscurité. À Hagondange, en Moselle, ce tableau n’est pas qu’une image : c’est le quotidien de centaines de salariés de NovAsco, ex-Ascometal, aujourd’hui confrontés à une nouvelle crise. Placé en redressement judiciaire en août 2025, ce géant de la sidérurgie française doit trouver un repreneur avant fin septembre, sous peine de voir ses quatre sites industriels, et leurs 760 emplois, menacés. Comment en est-on arrivé là, et quelles solutions peuvent émerger pour sauver cette industrie stratégique ?

Une Crise Récurrente pour NovAsco

NovAsco, anciennement Ascometal, n’en est pas à son premier tourment. Depuis 2014, l’entreprise a traversé quatre redressements judiciaires, un cycle qui semble ne jamais s’interrompre. En juillet 2024, le fonds britannique Greybull Capital promettait une relance ambitieuse avec un investissement de 90 millions d’euros, soutenu par 85 millions d’euros de fonds publics. Pourtant, un an plus tard, la réalité est amère : Greybull n’a injecté qu’1,5 million d’euros, laissant l’État comme principal contributeur. Cette défaillance a précipité l’entreprise dans une nouvelle spirale financière.

Le tribunal de Strasbourg, conscient de la trésorerie exsangue de NovAsco, a fixé un ultimatum : les offres de reprise doivent être déposées avant la fin septembre 2025, pour une décision le 25 septembre. Ce délai serré reflète l’urgence d’une situation où chaque jour compte pour les salariés et les fournisseurs.

« On s’attendait à cette décision au regard de la trésorerie, mais les délais sont très courts pour monter une offre solide. »

– Yann Amodoro, secrétaire CGT du comité social et économique (CSE)

Les Enjeux des Quatre Sites Industriels

NovAsco opère sur quatre sites en France : Hagondange (Moselle), Custines (Meurthe-et-Moselle), Saint-Étienne (Loire) et Leffrinckoucke (Nord). Chacun joue un rôle clé dans la production d’aciers spéciaux, notamment pour l’industrie automobile, mais aussi pour la mécanique et, dans une moindre mesure, la défense. Hagondange, avec ses 450 employés, est le cœur névralgique du groupe, abritant une aciérie électrique et un centre de recherche. Pourtant, c’est aussi le site le plus menacé, sans aucune offre de reprise concrète à ce jour.

Les trois autres sites, spécialisés dans l’usinage et le parachèvement, attirent davantage l’intérêt des repreneurs potentiels. Custines, Saint-Étienne et Leffrinckoucke pourraient être repris séparément, mais cette fragmentation risque de démanteler l’unité du groupe, compromettant son rôle stratégique dans l’industrie automobile européenne.

Pour mieux comprendre l’importance de chaque site, voici un aperçu :

  • Hagondange (Moselle) : Aciérie électrique et centre de recherche, 450 salariés, fournisseur clé pour l’automobile.
  • Custines (Meurthe-et-Moselle) : Usinage, environ 70 salariés, intérêt marqué par des repreneurs.
  • Saint-Étienne (Loire) : Parachèvement, une quarantaine de salariés, dépendance forte à un client automobile.
  • Leffrinckoucke (Nord) : Usinage, intérêt potentiel pour une reprise partielle.

Pourquoi NovAsco est-il en Danger ?

La crise de NovAsco s’inscrit dans un contexte plus large de fragilité de la sidérurgie européenne. Plusieurs facteurs se conjuguent pour expliquer cette situation :

Premièrement, la concurrence asiatique inonde le marché européen avec de l’acier à bas coût, rendant difficile la compétitivité des producteurs locaux. Deuxièmement, la baisse de la demande dans l’industrie automobile, principal client de NovAsco, a réduit les volumes de production. Enfin, les droits de douane de 50 % imposés par les États-Unis sur les importations d’acier européen aggravent les contraintes financières.

Un accident survenu à Hagondange en novembre 2024, où trois ouvriers ont été blessés par la chute d’une poche de métal en fusion, a également perturbé la production. Ajoutons à cela des besoins de maintenance sous-estimés, qui ont englouti les ressources financières plus vite que prévu.

« Le cas de NovAsco est symptomatique des difficultés de la sidérurgie européenne. Trouver un repreneur avant fin septembre va être très compliqué. »

– Bruno Jacquemin, délégué général de l’Alliance des Minerais, Minéraux et Métaux (A3M)

L’État et Greybull : un Partenariat Défaillant

En juillet 2024, l’État français a joué un rôle clé dans la reprise de NovAsco par Greybull Capital, injectant 75 millions d’euros, avec 10 millions supplémentaires prévus en août 2025. Mais l’échec de Greybull à honorer ses engagements financiers a suscité la colère des syndicats. « L’État n’a pas surveillé cet argent public », déplore Stéphane Fantoni, délégué syndical CGT, pointant un manque de suivi et de garanties.

Les syndicats reprochent au gouvernement d’avoir fait confiance à un fonds connu pour ses pratiques de fonds vautour, souvent plus intéressé par la revente d’actifs que par la pérennisation des entreprises. Cette défaillance met en lumière les limites des partenariats public-privé dans le sauvetage d’industries stratégiques.

Les Défis de la Transition Écologique

L’aciérie de Hagondange, équipée de fours électriques, incarne une opportunité pour la transition écologique. Contrairement aux hauts-fourneaux traditionnels, les aciéries électriques émettent moins de CO2, un atout dans le contexte de la décarbonation de l’industrie. Pourtant, la menace de fermeture de ce site soulève une contradiction : comment promouvoir une industrie verte tout en laissant disparaître des infrastructures déjà alignées sur ces objectifs ?

« On nous parle de transition écologique et de protection de l’industrie, et on va fermer une aciérie électrique », s’indigne Yann Amodoro. Les syndicats appellent à une nationalisation temporaire pour préserver les capacités industrielles et les emplois, une proposition qui pourrait séduire dans un contexte où l’acier devient un enjeu de souveraineté industrielle, notamment pour la défense.

Mobilisation et Perspectives

Face à l’incertitude, les salariés de NovAsco ne restent pas passifs. À Hagondange, des actions de blocage ont été organisées dès juillet 2025, avec un barrage filtrant à l’entrée de l’usine. Une assemblée générale est prévue le 25 août, suivie d’une marche citoyenne le 4 septembre pour sensibiliser à l’impact économique et social d’une éventuelle liquidation.

Six candidats à la reprise ont été auditionnés en juillet, mais aucun n’a proposé une offre globale pour l’ensemble des sites. Les syndicats craignent un démantèlement, où seuls les sites secondaires seraient repris, laissant Hagondange, le plus grand site, à l’abandon. Une solution pourrait venir d’un acteur industriel européen, comme l’italien Marcegaglia, qui a repris le site de Fos-sur-Mer en 2024 et investit dans l’acier bas carbone.

Un Enjeu de Souveraineté Industrielle

La crise de NovAsco dépasse le cadre d’une simple entreprise en difficulté. Elle pose la question de la souveraineté industrielle de la France et de l’Europe. L’acier, essentiel pour l’automobile, la défense et les infrastructures, est une matière stratégique. La fermeture de Hagondange pourrait fragiliser des chaînes d’approvisionnement entières, notamment pour les constructeurs automobiles européens.

Pour les experts, la situation de NovAsco reflète les défis structurels de la sidérurgie européenne. « La concurrence asiatique et les droits de douane américains créent un environnement hostile », explique Bruno Jacquemin. Une réponse pourrait passer par des politiques européennes plus protectrices, comme des taxes sur les importations d’acier asiatique ou des subventions ciblées pour moderniser les usines.

Vers un Avenir Incertain

À l’approche de l’audience du 25 septembre, l’avenir de NovAsco reste suspendu à la capacité des repreneurs à proposer des plans viables. Les salariés, eux, oscillent entre résignation et combativité. « C’est la quatrième fois en onze ans qu’on vit ça », confie un ouvrier d’Hagondange, résumant le sentiment d’épuisement face à ces crises à répétition.

Pourtant, l’espoir subsiste. L’effort de réarmement en cours, qui fait de l’acier un matériau clé pour la défense, pourrait attirer des investisseurs sensibles aux enjeux de souveraineté. De plus, la décarbonation offre une opportunité pour repositionner Hagondange comme un acteur clé de l’acier vert.

En attendant, les regards se tournent vers le gouvernement. Une intervention plus musclée, comme une prise de participation directe dans NovAsco, pourrait changer la donne. Mais le temps presse, et chaque jour rapproche l’entreprise d’une possible liquidation.

Pour résumer les enjeux :

  • Urgence financière : Trésorerie limitée jusqu’à début octobre 2025.
  • Emplois menacés : 760 salariés, dont 450 à Hagondange.
  • Enjeu stratégique : Préserver une industrie clé pour l’automobile et la défense.
  • Solution possible : Nationalisation temporaire ou reprise par un industriel européen.

La saga de NovAsco illustre les défis d’une industrie en mutation, entre impératifs écologiques, concurrence mondiale et nécessité de préserver des savoir-faire uniques. Le 25 septembre 2025 marquera un tournant, mais d’ici là, les salariés et les syndicats continuent de se battre pour que l’acier français ne devienne pas un simple souvenir.

Partager:

Ajouter Un Commentaire

Chercher

Étiquettes

abus technologie Accord OpenAI Apple accélérateur innovation santé accélérateur startup accélérateur startups Acquisition start-up acquisition stratégique Amazon actions fintech addiction réseaux sociaux adoption IA générative adoption intelligence artificielle all4pack emballages durables innovations packaging écoconception économie circulaire Alphabet financement ambitions venture capitalists Andreessen Horowitz Twitter influence réseaux sociaux capital risque autonomie véhicules électriques avenir IA générative avenir intelligence artificielle Avenir semi-conducteurs barquettes inox consigne réduction déchets Berny transition écologique biotechnologie avancée Bot Manager campus cybersécurité Chine OMC Droits douane Voitures électriques Tensions commerciales Subventions distorsion concurrence commerce international commissaires vie privée confiance intelligence artificielle controverse Elon Musk crise financement startups cybersécurité web3 données personnelles défis start-ups défis véhicules autonomes Energie verte expérience utilisateur Géotechnique Décarbonation industrie Empreinte carbone Transition énergétique Prototype innovant Imagino levée de fonds marketing digital données clients expansion internationale Industrie du futur Relocalisation industrielle Transition écologique Startups deeptech Souveraineté technologique mobilité urbaine Radware Bot startups innovantes transformation numérique Écosystème startup Innovation technologique Résilience entrepreneuriale Défis startups Croissance startup Canada économie circulaire énergies renouvelables

Beauty and lifestyle influencer

Follow my journey on all Social Media channels

Alienum phaedrum torquatos nec eu, vis detraxit periculis ex, nihilmei. Mei an pericula euripidis, hinc partem ei est.
facebook
5M+
Facebook followers
Follow Me
youtube
4.6M+
Youtube Subscribers
Subscribe Me
tiktok
7M+
Tiktok Followers
Follow Me
instagram
3.4M+
Instagram Followers
Follow Me