
NSO Group : Les Opérations de Spyware Déjouées Sans Cesse
Saviez-vous que chaque année, des dizaines de tentatives d’espionnage numérique sont déjouées par des experts en cybersécurité ? Parmi les acteurs les plus scrutés, une entreprise se distingue : NSO Group. Cette start-up israélienne, spécialisée dans les logiciels espions comme Pegasus, voit ses clients – souvent des gouvernements – se faire prendre la main dans le sac encore et encore. Mais pourquoi ces opérations, censées être ultra-secrètes, finissent-elles sous les feux des projecteurs ? Plongeons dans cet univers où technologie avancée et éthique se confrontent.
NSO Group : Une Start-up Sous Surveillance
Fondée en 2010, NSO Group s’est rapidement imposée comme un acteur majeur dans le domaine des logiciels de surveillance. Son produit phare, **Pegasus**, est capable d’infiltrer un smartphone en un clic, voire sans aucune interaction de la victime. Mais cette puissance a un revers : les clients de l’entreprise, souvent des États aux pratiques controversées, peinent à garder leurs activités dans l’ombre.
Un récent rapport d’Amnesty International, publié le 27 mars 2025, met en lumière une nouvelle affaire : deux journalistes serbes, travaillant pour le Balkan Investigative Reporting Network (BIRN), ont été visés par des messages suspects. Derrière ces tentatives ? Des traces menant directement à l’infrastructure de NSO Group. Cette énième révélation soulève une question : la technologie de pointe suffit-elle quand l’expertise adverse est tout aussi affûtée ?
Pegasus : Un Outil Puissant mais Repérable
Pegasus est souvent présenté comme l’arme ultime de la surveillance numérique. Ce logiciel peut extraire messages, photos, et même activer le micro d’un appareil à distance. Pourtant, malgré cette sophistication, il laisse des empreintes que les chercheurs en cybersécurité savent désormais traquer.
Dans le cas serbe, Amnesty a analysé un lien envoyé aux journalistes. En le suivant dans un environnement sécurisé, les experts ont identifié un domaine lié à NSO Group. Cette découverte n’est pas un coup de chance : elle repose sur des années d’observation et de catalogage des infrastructures utilisées par la start-up.
Nous avons passé des années à traquer Pegasus et ses usages contre les activistes et journalistes. Cette expertise nous permet de repérer rapidement leurs domaines malveillants.
– Donncha Ó Cearbhaill, responsable du Security Lab d’Amnesty
Cette capacité à déceler les indices, même minimes, montre que la bataille entre NSO Group et ses adversaires est aussi une guerre de savoir-faire. Les chercheurs ne se contentent plus de réagir : ils anticipent.
Une Lutte Inégale Contre les Experts
Les organisations comme Amnesty International ou Citizen Lab jouent un rôle clé dans cette traque. Depuis 2016, date du premier rapport de Citizen Lab sur une attaque contre un dissident émirati, ces groupes ont recensé plus de 130 cibles de Pegasus à travers le monde. Un chiffre impressionnant, qui ne représente qu’une fraction des victimes potentielles.
Leur secret ? Une combinaison de patience, d’analyse technique et de collaboration. Par exemple, le *Pegasus Project*, une initiative journalistique basée sur une fuite de 50 000 numéros de téléphone, a permis de cartographier l’ampleur des abus. Mais même sans ces données, les indices techniques suffisent souvent à pointer du doigt NSO Group.
John Scott-Railton, chercheur senior à Citizen Lab, résume la situation avec une pointe d’ironie : les clients de NSO Group surestiment la discrétion de leur outil. “Ils ne sont pas aussi doués pour se cacher qu’ils le pensent”, explique-t-il. Une faiblesse qui devient un cauchemar pour les utilisateurs de Pegasus.
Quand les Géants Technologiques S’en Mêlent
NSO Group ne fait pas seulement face aux ONG. Des acteurs comme Apple entrent aussi dans la danse. Depuis plusieurs années, la firme à la pomme envoie des alertes aux utilisateurs ciblés par des logiciels espions. Ces notifications, souvent suivies d’une assistance d’Amnesty ou d’Access Now, amplifient les découvertes.
Cette intervention des géants technologiques change la donne. Une victime alertée devient une piste pour les chercheurs, qui documentent alors de nouveaux cas. Résultat : une cascade de rapports techniques qui exposent encore davantage les activités de NSO Group.
Mais pourquoi ces échecs répétés ? Pour Donncha Ó Cearbhaill, la réponse réside dans une erreur stratégique : NSO vend son outil à des pays qui l’utilisent sans discernement, ciblant journalistes et activistes au mépris des risques d’exposition.
Les Conséquences d’une Surveillance Mal Maîtrisée
L’impact de ces révélations va au-delà de la simple humiliation pour NSO Group et ses clients. Chaque affaire fragilise la réputation de l’entreprise et alimente les débats sur la **surveillance numérique**. Les gouvernements impliqués, souvent autoritaires, se retrouvent sous pression internationale.
Pourtant, NSO Group persiste. Malgré les scandales, la demande pour des outils comme Pegasus reste forte. Mais à quel prix ? Les experts estiment que cette course à la discrétion est perdue d’avance face à une communauté de chercheurs toujours plus aguerrie.
Voici quelques chiffres révélateurs :
- 130 victimes identifiées en moins de 10 ans.
- 50 000 numéros potentiellement ciblés selon le Pegasus Project.
- Des dizaines de rapports techniques publiés par des ONG.
Un Avenir Incertain pour NSO Group
Alors que les scandales s’accumulent, NSO Group doit repenser sa stratégie. Continuer à vendre à des clients peu regardants expose l’entreprise à de nouvelles fuites. Mais limiter ses ventes pourrait nuire à son modèle économique. Un dilemme qui illustre les tensions entre innovation technologique et responsabilité.
Pour les défenseurs de la **confidentialité**, ces échecs sont une victoire. Chaque opération déjouée renforce la prise de conscience mondiale sur les dangers des spywares. Mais la lutte est loin d’être terminée : tant qu’il y aura des acheteurs, NSO Group aura une raison d’exister.
Et vous, que pensez-vous de cette bataille entre technologie et éthique ? La puissance de Pegasus fascine autant qu’elle inquiète, mais une chose est sûre : dans ce jeu du chat et de la souris, les chercheurs ont pris une longueur d’avance.