OpenAI Désactive Suggestions Publicitaires
Imaginez : vous posez une question technique à ChatGPT sur le chiffrement BitLocker de Windows, et soudain, une suggestion alléchante pour faire du shopping chez Target apparaît. Frustrant, non ? C'est exactement ce qui est arrivé à plusieurs abonnés payants début décembre 2025, déclenchant une vague de mécontentement sur les réseaux.
OpenAI face à la grogne des utilisateurs : des suggestions qui sentent la pub
Cette affaire a rapidement fait le tour de la toile. Des captures d'écran ont circulé, montrant des messages promotionnels pour des marques comme Peloton ou Target intégrés directement dans les réponses de l'assistant IA. Les réactions ne se sont pas fait attendre : beaucoup y ont vu l'arrivée discrète de la publicité dans ChatGPT, malgré les dénégations répétées d'OpenAI.
Pourtant, la société fondée par Sam Altman a toujours affirmé que son modèle économique reposait sur les abonnements, et non sur la publicité. Mais ces "suggestions" ont semé le doute. Était-ce un test raté ? Une erreur de modélisation ? Ou le signe avant-coureur d'un virage stratégique ?
Que s'est-il réellement passé ?
OpenAI a expliqué qu'il s'agissait en réalité de recommandations d'applications construites sur sa plateforme GPT, lancée en octobre 2025. Ces apps tierces, intégrées à l'écosystème ChatGPT, étaient suggérées aux utilisateurs en fonction du contexte de leur conversation.
Le problème ? Certaines de ces suggestions mettaient en avant des marques grand public de manière trop promotionnelle. Sans aucun échange financier, assure l'entreprise, mais avec un rendu visuel et textuel qui ressemblait furieusement à de la publicité classique.
« J'accordons que tout ce qui ressemble à une pub doit être manipulé avec précaution, et nous avons échoué sur ce point. »
– Mark Chen, chief research officer chez OpenAI
Cette admission rare de la part d'un haut dirigeant montre à quel point la controverse a touché l'entreprise. Mark Chen a même annoncé que ce type de suggestions avait été désactivé le temps d'améliorer la précision du modèle.
Les réactions des utilisateurs et des cadres
Sur X (anciennement Twitter), les plaintes ont fusé. Un utilisateur a partagé une capture d'écran particulièrement parlante, accompagnée d'un commentaire cinglant : "Yeah, screw this. Lose all your users."
Nick Turley, responsable de ChatGPT, a tenté de calmer le jeu en affirmant qu'il n'y avait "aucun test publicitaire en cours". Il a promis une approche réfléchie si la publicité devait un jour arriver. Mais le ton plus apologétique de Mark Chen a semblé plus sincère aux yeux de nombreux observateurs.
OpenAI a également promis de travailler sur des contrôles plus fins, permettant aux utilisateurs de réduire ou désactiver complètement ces recommandations si elles ne leur plaisent pas.
Un contexte interne tendu
Cette polémique arrive dans un moment particulier pour OpenAI. L'arrivée de Fidji Simo, ex-dirigeante d'Instacart et Facebook, comme CEO des Applications, avait fait naître des spéculations sur un futur modèle publicitaire.
Mais selon des informations récentes, Sam Altman aurait déclaré un "code red" interne, priorisant l'amélioration de la qualité de ChatGPT au détriment d'autres projets, y compris potentiellement la monétisation par la pub.
Cette décision semble refléter une prise de conscience : la confiance des utilisateurs est le bien le plus précieux d'OpenAI. Perdre cette confiance au profit d'un modèle économique plus agressif pourrait s'avérer fatal face à la concurrence croissante.
Les enjeux pour l'avenir de ChatGPT
Cette affaire soulève des questions fondamentales sur l'expérience utilisateur dans les IA conversationnelles. Comment monétiser un outil aussi puissant sans dénaturer son essence ?
Plusieurs modèles existent déjà :
- Le freemium avec limitations (version gratuite restreinte, abonnements payants pour plus de fonctionnalités)
- Les API payantes pour les entreprises
- Les partenariats avec des développeurs d'apps (comme la plateforme GPT)
- Et bien sûr, la publicité ciblée, modèle dominant du web actuel
OpenAI semble pour l'instant privilégier les trois premiers. Mais la pression financière est réelle : les coûts d'entraînement et d'inférence des modèles comme GPT-4o ou les futurs GPT-5 sont colossaux.
La concurrence n'aide pas. Google avec Gemini, Anthropic avec Claude, ou encore les modèles open-source comme ceux de Meta (Llama) ou Mistral AI en Europe, tous cherchent le modèle économique viable.
Pourquoi cette controverse est révélatrice
Au-delà du cas OpenAI, cet épisode met en lumière l'attente des utilisateurs vis-à-vis des outils d'IA. Nous voulons des assistants neutres, utiles, sans influence commerciale visible.
L'IA conversationnelle touche à l'intime : conseils santé, aide professionnelle, réflexions personnelles. Y insérer de la promotion, même subtile, peut briser cette relation de confiance.
Les utilisateurs payants, en particulier, se sentent légitimement trahis quand ils découvrent des éléments promotionnels. Ils paient justement pour une expérience premium, sans les contraintes du gratuit financé par la pub.
Vers une IA plus respectueuse de l'utilisateur ?
La réponse rapide d'OpenAI – désactivation des suggestions incriminées et promesse d'améliorations – est encourageante. Elle montre que l'entreprise écoute encore sa communauté.
Mais cela suffira-t-il à long terme ? L'industrie de l'IA va devoir inventer de nouveaux modèles économiques qui préservent la pureté de l'expérience tout en assurant la viabilité financière.
Quelques pistes émergent déjà :
- Des abonnements ultra-premium avec garanties "zéro pub, zéro suggestion commerciale"
- Des fonctionnalités exclusives pour les entreprises via API
- Des partenariats transparents et opt-in avec des apps utiles
- L'exploration de modèles décentralisés ou open-source avec financement communautaire
Ce qui est certain, c'est que les utilisateurs sont de plus en plus vigilants. Toute tentative d'introduire de la publicité sera scrutée, critiquée, et potentiellement sanctionnée par un départ massif vers la concurrence.
Conclusion : une leçon pour toute l'industrie
L'affaire des "fausses pubs" dans ChatGPT n'est probablement qu'un épisode parmi d'autres. Mais elle rappelle une vérité simple : dans l'IA grand public, la confiance est tout.
OpenAI a réagi vite et semble avoir tiré les leçons. Reste à voir si ces engagements se traduiront dans les faits, et si l'entreprise résistera à la tentation publicitaire quand la pression financière augmentera.
Pour nous utilisateurs, c'est aussi un rappel : rester attentifs, signaler ce qui nous dérange, et soutenir les modèles qui respectent nos attentes. L'avenir de l'IA conversationnelle en dépend.
(Article mis à jour suite aux déclarations officielles d'OpenAI du 7 décembre 2025)