Particle : L’IA au Secours des Médias et de l’Information
Alors que l'industrie des médias traverse une crise sans précédent, entre baisse d'audience et vagues de licenciements, une lueur d'espoir pourrait bien venir de l'intelligence artificielle. C'est le pari audacieux de la startup Particle, qui vient de lever 10,9 millions de dollars et de nouer un partenariat stratégique avec l'agence Reuters pour repenser la consommation d'actualités à l'ère de l'IA.
Un assistant IA pour mieux s'informer
Fondée en février 2023 par d'anciens ingénieurs de Twitter, Particle a développé une application de lecture de news s'appuyant fortement sur l'IA pour aider les utilisateurs à appréhender l'actualité sous tous ses angles. L'idée : synthétiser les articles traitant d'un même sujet à partir de sources multiples, et ainsi offrir une vision plus complète et nuancée des événements.
L'une des thèses de Particle, c'est de montrer comment une histoire est traitée par tous les pans du spectre médiatique. Nous pensons que c'est important.
Sara Beykpour, co-fondatrice de Particle
Concrètement, l'application sélectionne les sources les plus pertinentes sur un sujet donné, résume leurs articles grâce au traitement du langage naturel, et agrège le tout dans une interface permettant de naviguer facilement entre les différents points de vue. De quoi décloisonner l'information et favoriser l'ouverture d'esprit, tout en gagnant un temps précieux.
Une IA entraînée pour éviter les biais
Pour autant, pas question de laisser les lecteurs s'enfermer dans des bulles de filtre où ils ne verraient que des contenus conformes à leur vision du monde. Particle a entraîné ses algorithmes pour assurer une réelle diversité des angles traités. Les articles sont regroupés par histoires et non individuellement, ce qui pousse à découvrir différentes perspectives sur un même fait.
Bien sûr, du machine learning est également à l'oeuvre pour personnaliser le fil d'actualité de chaque utilisateur en fonction de ses centres d'intérêt. Mais l'objectif est d'élargir les horizons plutôt que de les restreindre, en dosant subtilement les sujets familiers et la découverte de nouvelles thématiques.
Un écosystème ouvert aux éditeurs
Contrairement à d'autres initiatives tech ayant tenté de disrupter les médias, Particle ne se positionne pas en concurrence frontale avec les éditeurs de presse. Au contraire, la startup cherche à nouer des partenariats gagnant-gagnant avec ces derniers, comme en témoigne l'accord passé avec Reuters.
Dans un premier temps, Particle va s'abonner au fil d'actualités de l'agence pour nourrir ses propres synthèses. Mais à terme, l'idée est de définir ensemble de nouveaux modèles économiques profitant à la fois aux lecteurs et aux producteurs de contenus. Partage de revenus, publicité, abonnements... Toutes les pistes sont sur la table.
Nous voulons travailler avec les éditeurs pour développer à quoi ressemblera ce nouveau modèle. C'est l'une des raisons pour lesquelles nous collaborons avec eux.
Sara Beykpour
Le groupe de médias Axel Springer, propriétaire notamment de Politico et Business Insider, a d'ailleurs participé au tour de table de 10,9 millions de dollars aux côtés du fonds Lightspeed Venture Partners. De quoi crédibiliser l'approche de Particle dans un secteur historiquement méfiant vis-à-vis des initiatives technologiques.
La difficile équation de la rentabilité
Malgré ces promesses, le chemin vers la rentabilité s'annonce semé d'embûches pour Particle. D'autres applications spécialisées dans l'actualité ont récemment jeté l'éponge, à l'image de Artifact et ses tentatives de micro-paiements, ou du réseau social Post.
Le succès de Particle dépendra de sa capacité à apporter une réelle valeur ajoutée aux lecteurs, au-delà des simples résumés IA. Le design, l'expérience utilisateur et la qualité des recommandations seront déterminants pour fidéliser une audience dans un secteur hyperconcurrentiel. Tout comme le sera sa faculté à générer des revenus pour les éditeurs.
Un pari audacieux et nécessaire
En attendant, la startup met les bouchées doubles côté tech et recrutements, avec plusieurs postes clés ouverts en ingénierie, éditorial et partenariats médias. Son application est encore en beta privée sur iOS, mais des versions web et Android sont prévues.
Si beaucoup d'incertitudes demeurent sur la viabilité du modèle, une chose est sûre : face à la crise des médias et à la défiance envers l'information, des initiatives comme Particle seront nécessaires pour réinventer la façon dont nous consommons l'actualité. Un pari audacieux et périlleux, mais ô combien important pour l'avenir du débat public.