Payfare initie une revue stratégique suite à la perte d’un partenariat clé
La scène des startups technologiques canadiennes vient de connaître un véritable séisme. Payfare, fleuron de la fintech basé à Toronto, traverse une zone de fortes turbulences suite à l'annonce de la perte de son partenariat le plus important avec le géant de la livraison de repas DoorDash. Une nouvelle qui a fait l'effet d'une douche froide sur les marchés, faisant plonger l'action Payfare de plus de 75% en une seule séance, à son plus bas historique. Face à cette situation inédite, le conseil d'administration de la société a décidé de lancer en urgence une revue stratégique pour évaluer toutes les options possibles pour l'avenir.
Le ciel s'assombrit pour Payfare
Fondée en 2015, Payfare s'est imposée comme un acteur majeur des solutions d'accès au salaire à la demande (earned wage access ou EWA en anglais) pour les travailleurs de la gig economy. Son produit phare, une app mobile couplée à une carte de débit prépayée, permettait notamment aux livreurs de DoorDash de récupérer leur paie de façon instantanée après chaque course, plutôt que d'attendre la paie classique.
Mais voilà qu'après plusieurs années de collaboration fructueuse, DoorDash a décidé de ne pas renouveler son contrat avec Payfare, mettant ainsi fin au programme DasherDirect. Un véritable coup dur pour la fintech canadienne qui a reconnu que les revenus issus de ce partenariat représentaient « une part substantielle » de son chiffre d'affaires global. Résultat, ses prévisions financières pour 2024 sont désormais caduques et les marchés sanctionnent durement ce qui est perçu comme une fragilité de son business model.
Un avenir incertain
Si Payfare assure disposer de plus de 100 millions de dollars de liquidités pour financer ses opérations et de nouvelles initiatives, ce revers stratégique majeur l'oblige à revoir en profondeur ses plans. La revue stratégique lancée en urgence ce week-end doit explorer « des partenariats stratégiques, des investissements, des acquisitions, une potentielle vente, fusion ou autre rapprochement » selon les mots de la société.
Malgré l'impact brutal de la perte de DoorDash, Payfare entend ajuster ses dépenses pour s'adapter à la baisse de revenus à court et moyen terme, tout en gardant les moyens d'exécuter de nouveaux projets. La startup met en avant l'extension récente d'un partenariat similaire avec Lyft comme motif d'espoir. Reste à savoir si cela suffira à rassurer des investisseurs échaudés et à redresser une valorisation en berne.
L'EWA, un marché prometteur mais disputé
Plus largement, ce coup de tonnerre vient rappeler que malgré le fort potentiel du marché de l'accès au salaire à la demande, estimé à près de 13 milliards de dollars d'ici 2026, la concurrence y est particulièrement âpre. Si les géants de la gig economy comme Uber, Lyft ou DoorDash représentent des clients de choix, ils disposent aussi d'un fort pouvoir de négociation face à des fintechs plus modestes.
La clé pour les acteurs de l'EWA sera de diversifier les verticales et les zones géographiques adressées pour réduire la dépendance à un nombre limité de grands comptes.
- Un analyste financier spécialisé dans les fintechs
Dans ce contexte, le parcours de Payfare ces prochains mois sera scruté de près. Il pourrait donner des indices sur la capacité de résilience et d'adaptation des fintechs B2B face aux soubresauts du marché et aux revirements des géants de la tech. Une chose est sûre, la startup de Toronto joue gros dans cette revue stratégique pour retrouver la confiance des investisseurs et se relancer sur de nouvelles bases.
Les défis à relever pour rebondir
Pour réussir son pivot stratégique, Payfare devra démontrer plusieurs éléments clés :
- Sa capacité à signer rapidement de nouveaux partenariats d'envergure avec des acteurs diversifiés
- Une maîtrise de ses coûts pour préserver ses marges malgré la baisse des revenus
- Des innovations produits pour se différencier et apporter plus de valeur à ses clients
- Une communication financière rassurante et transparente pour regagner la confiance du marché
Si elle parvient à relever ces défis, Payfare pourrait sortir renforcée de cette épreuve et s'imposer comme un leader consolidé de l'accès au salaire à la demande. Dans le cas contraire, son avenir d'acteur indépendant pourrait être remis en question, avec le spectre d'un rachat par un concurrent mieux armé ou un investisseur opportuniste. Les prochains mois s'annoncent donc décisifs pour l'avenir de cette pépite canadienne.