Paytm : Des Résultats Mitigés Suite Aux Mesures Réglementaires
Un vent glacial souffle sur Paytm. Le mastodonte indien des paiements numériques vient de publier des résultats trimestriels pour le moins mitigés : des pertes plus que doublées à 100 millions de dollars, et un chiffre d'affaires en chute libre de 36% sur un an, à 179,5 millions de dollars. En cause, le durcissement réglementaire de la Reserve Bank of India qui a sérieusement écorné les activités de sa filiale bancaire Paytm Payments Bank, véritable poumon de son modèle économique. Un coup dur pour celui qui incarnait jusqu'ici la success-story de la fintech indienne. Décryptage.
Paytm, de la gloire à la désillusion
Fondé en 2010, Paytm a été le pionnier et le grand artisan de la révolution des paiements mobiles en Inde. Avec son application phare de mobile wallet, il a démocratisé les transactions numériques auprès des masses, permettant à des centaines de millions d'Indiens de réaliser leurs premiers paiements dématérialisés. Une success-story qui lui a valu le soutien des plus grands noms de la tech comme Alibaba, SoftBank ou Berkshire Hathaway.
Mais ces dernières années, la concurrence s'est intensifiée avec l'essor fulgurant des paiements UPI, ce réseau interbancaire soutenu par l'État. PhonePe (détenu par Walmart) et Google Pay se taillent désormais la part du lion, éclipsant Paytm avec plus de 86% des transactions UPI à eux deux. Les consommateurs délaissent de plus en plus le portefeuille numérique au profit de ces solutions gratuites très simples d'utilisation.
Un tour de vis réglementaire fatal ?
Mais le coup de grâce est venu plus récemment des autorités de régulation. Début 2024, la Reserve Bank of India (RBI) a en effet interdit à Paytm Payments Bank, qui traite le gros des flux de Paytm, de réaliser de nombreuses opérations bancaires comme l'ouverture de nouveaux comptes ou les transactions par carte de crédit. Motif invoqué : de "persistants manquements" à la réglementation.
Ce trimestre est le premier où l'on peut mesurer l'impact des sanctions de la RBI sur l'activité de Paytm. Et les dégâts sont considérables.
Pour assurer la continuité de ses services, Paytm a dû nouer en urgence des partenariats avec d'autres banques indiennes. Mais le mal était fait. Les sanctions de la RBI ont fortement entamé la confiance dans sa marque et sa plateforme.
Vers une stratégie de rebond ?
Face à ces vents contraires, Paytm mise de plus en plus sur les services aux commerçants, notamment le crédit (avances de trésorerie, prêts...). Un segment sur lequel il affirme observer des signaux de reprise "démontrant notre chemin vers le redressement". Le management se veut confiant :
Cela indique aussi la confiance maintenue de nos partenaires commerçants et consommateurs dans notre plateforme. Nous les remercions pour leur soutien.
Un porte-parole de Paytm
Mais restaurer la confiance des investisseurs sera plus ardu. L'action Paytm a dévissé à l'annonce des résultats avant de se stabiliser, signe que le marché avait sans doute déjà "pricé" l'impact du tour de vis réglementaire. Le chemin de la reconstruction s'annonce long et semé d'embuches pour le pionnier déchu de la fintech indienne. Un rude combat l'attend pour retrouver son leadership face à des rivaux toujours plus agiles et des autorités pas prêtes à desserrer leur étau de sitôt.
