Pfizer renoue avec la croissance malgré les défis
Dans un contexte pharma en pleine mutation, rien n'est jamais acquis, même pour un géant comme Pfizer. Malgré le déclin attendu de ses anciennes locomotives et la chute des ventes de vaccins et traitements Covid-19, le laboratoire américain a réussi un retour à la croissance en 2024. Un tour de force rendu possible par une stratégie mêlant innovations de rupture et rachats ciblés. Décryptage d'une année charnière pour Pfizer.
L'ombre des brevets et du Covid plane sur 2024
Pfizer abordait 2024 avec quelques épées de Damoclès au-dessus de la tête. Principal défi : préparer l'après-Covid et le déclin annoncé des ventes liées à la pandémie. Un recul confirmé, les revenus de son vaccin vedette Comirnaty dégringolant de 2 milliards de dollars sur le seul dernier trimestre 2024 en comparaison avec 2023.
Autre menace : l'expiration prochaine des brevets protégeant plusieurs de ses médicaments stars comme l'anticoagulant Eliquis, l'anticancéreux Ibrance ou le traitement des maladies cardiaques rares Vyndaqel. Des blockbusters très rentables dont les ventes risquent de s'effondrer entre 2027 et 2028 avec l'arrivée des génériques.
2024 a été une année de performance pour Pfizer, au cours de laquelle nous avons respecté ou dépassé nos engagements stratégiques et financiers.
– Albert Bourla, PDG de Pfizer
Des relais de croissance prometteurs
Pour compenser ces pertes annoncées, Pfizer mise sur plusieurs moteurs :
- L'innovation thérapeutique, avec le développement de nouveaux médicaments dans des aires stratégiques comme l'oncologie ou les maladies rares. La famille Vyndaqel (tafamidis), traitements des cardiomyopathies rares, affiche ainsi une croissance de 61% en 2024.
- Les acquisitions ciblées, à l'image du rachat en 2023 de la biotech Seagen, intégrée avec succès et contribuant à hauteur de 3,4 milliards de dollars au chiffre d'affaires 2024.
- L'extension des indications de ses médicaments phares, comme Prevnar, sa gamme de vaccins contre le VRS, dont les ventes bondissent à 6,4 milliards de dollars.
Globalement et hors produits Covid, Pfizer affiche une solide croissance de 12% de son chiffre d'affaires en 2024, à 63,6 milliards de dollars. De quoi rassurer sur sa capacité à tourner la page de la pandémie.
Cap sur un retour aux marges pré-Covid
Autre enjeu clé : la rentabilité. Pour préserver ses bénéfices malgré les vents contraires, Pfizer engage un vaste plan d'économies qui doit lui permettre d'économiser 4,5 milliards de dollars d'ici fin 2025. Au programme : mutualisation des achats, rationalisation des sites de production, digitalisation des opérations...
Nous restons confiants dans notre capacité à revenir aux marges d'exploitation d'avant la pandémie dans les années à venir
– David Denton, Directeur Financier de Pfizer
Cette cure d'austérité, couplée aux bons résultats 2024, permet à Pfizer d'aborder 2025 avec sérénité, tablant sur une fourchette de revenus comprise entre 61 et 64 milliards de dollars. Preuve que le laboratoire a su anticiper et négocier avec agilité le tournant délicat de l'après-Covid.
Malgré les défis patents, Pfizer semble donc avoir posé en 2024 les jalons d'un retour durable à la croissance. En pariant sur le bon mix d'innovations internes et d'acquisitions externes, le géant américain montre qu'il a plus d'un tour dans son pipeline pour rester dans la course. Un modèle inspirant à l'heure où toute l'industrie pharma cherche la martingale pour doper son potentiel sans rogner sur ses marges.