Pour Vonovia, la crise immobilière allemande n’est pas finie
Malgré quelques signes d'embellie, la crise immobilière est loin d'être terminée en Allemagne selon Rolf Buch, patron du géant Vonovia. Ce poids lourd du secteur, qui possède plus d'un demi-million de logements outre-Rhin, s'attend encore à "un nombre extrême de faillites dans les mois à venir, peut-être les années à venir", a-t-il déclaré mardi. Une prédiction inquiétante pour ce pilier de l'économie allemande.
Un secteur crucial durement touché
Pesant environ 730 milliards d'euros par an, l'immobilier représente environ un cinquième de l'activité économique en Allemagne. Mais après des années fastes portées par des taux bas et une économie dynamique, le secteur a subi de plein fouet le resserrement monétaire express de la BCE face à l'inflation galopante. Résultat : flambée des coûts d'emprunt, pénurie de financements, gel des projets, effondrement de promoteurs et même vacillement de certaines banques.
Vonovia particulièrement exposé
Vonovia, mastodonte bâti à coups d'acquisitions à crédit, s'est retrouvé pris à la gorge. Pour réduire son énorme dette, le groupe a dû se résoudre à vendre à tour de bras, enregistrant au passage la perte record de 6,7 milliards d'euros en 2023. Une purge qui s'est accompagnée d'une dépréciation massive de 11 milliards d'euros de son parc immobilier.
Que la BCE modifie ou non ses taux d'intérêt à la marge, cela ne va pas inverser la tendance pour l'immobilier.
Matthias Danne, Deka
Un rebond qui se fait attendre
Si la BCE a initié une baisse de taux début juin, le répit espéré sur le front immobilier tarde à se concrétiser. "Le rebond des ventes est plus lent à venir que prévu", constate Matthias Danne de Deka, important gestionnaire d'actifs immobiliers. Avec des taux qui restent élevés après deux ans de hausses, la reprise n'est pas pour demain. Un constat que partage Rolf Buch, même s'il assure avoir digéré le gros des dépréciations.
Des faillites en cascade à prévoir
Au delà de Vonovia, c'est tout le secteur immobilier allemand qui reste donc sous pression. Et les prochains mois s'annoncent douloureux, avec une vague de faillites à prévoir selon le dirigeant. Un coup dur pour cette industrie mais aussi potentiellement pour l'économie allemande dans son ensemble, compte tenu du poids de la pierre outre-Rhin. Les prochains mois s'annoncent décisifs pour mesurer l'ampleur des dégâts.