
Pourquoi les Femmes Quittent-elles le Capital-Risque?
Dans l’univers effervescent du capital-risque, où les décisions façonnent l’avenir des startups, une question se pose avec insistance : pourquoi tant de femmes quittent-elles ce secteur? Au Canada, une récente analyse révèle qu’une femme sur quatre a quitté l’industrie du capital-risque depuis 2019. Ce chiffre, bien qu’alarmant, n’est qu’un point de départ pour comprendre les dynamiques complexes de la rétention des talents féminins. Alors, qu’est-ce qui pousse ces professionnelles à partir, et comment le secteur peut-il inverser la tendance?
Une Industrie en Quête de Diversité
Le capital-risque (VC) canadien, bien que dynamique, reste un secteur traditionnellement dominé par les hommes. Pourtant, ces dernières années, des efforts ont été faits pour diversifier les profils, notamment sous la pression des investisseurs institutionnels. Mais recruter des femmes ne suffit pas : encore faut-il les retenir. Une organisation comme Canadian Women in VC (CWVC) s’est donnée pour mission de décrypter ce phénomène, en analysant les parcours de plus de 600 femmes ayant rejoint ses rangs depuis 2018.
Leur constat? Près de 25 % des membres ont quitté le VC en cinq ans. Ce chiffre interpelle, mais sans données historiques ou comparatives, il reste difficile à interpréter. Est-ce un taux de départ normal pour une industrie volatile? Ou un signal d’alarme sur des problèmes structurels? CWVC veut aller plus loin pour répondre à ces questions.
Pourquoi les Femmes Partent-elles?
Les raisons des départs sont multiples et souvent opaques. Parmi les hypothèses, on retrouve un manque d’opportunités d’avancement, des déséquilibres entre vie professionnelle et personnelle, ou encore des écarts de rémunération. Comme le souligne une responsable de CWVC :
« Était-ce un manque de perspectives de croissance? Un problème d’équilibre vie pro-vie perso? Ou lié à la rémunération? Nous voulons creuser ces questions. »
– Emily Tiessen, CWVC
Cette réflexion met en lumière une réalité : sans données précises, il est difficile de cerner les causes exactes. Cependant, les parcours des femmes ayant quitté le VC offrent des indices. Parmi elles, 39 % se sont tournées vers l’entrepreneuriat, fondant ou rejoignant des startups. D’autres ont migré vers des secteurs comme la finance traditionnelle (20 %), le secteur public (15 %), le conseil (11 %) ou les grandes entreprises technologiques (7 %).
Ce phénomène suggère que le VC, bien qu’attrayant, peut manquer de leviers pour retenir ses talents féminins. Mais qu’en est-il de celles qui restent?
Celles qui Restent : Progression et Obstacles
Pour les 75 % de femmes restées dans le capital-risque, l’analyse de CWVC révèle des dynamiques encourageantes, mais aussi des défis. Environ 16 % ont obtenu une promotion au sein de leur fonds, et 10 % ont changé de fonds tout en restant dans l’industrie. La moitié, cependant, est restée dans le même rôle, ce qui peut indiquer une stagnation pour certaines.
Les promotions, lorsqu’elles ont lieu, se concentrent principalement aux niveaux intermédiaires (manager, directeur, principal) pour 46 % des cas, et aux postes d’analyste ou d’associé senior pour 34 %. Plus prometteur encore, 20 % des promotions ont propulsé des femmes à des postes de partenaire ou de direction, un signal positif pour l’accès aux rôles de décision.
Ces chiffres montrent qu’il existe des opportunités de croissance, mais elles ne sont pas uniformément réparties. Les obstacles à la progression, comme le manque de politiques claires sur les congés parentaux ou l’inclusion, peuvent freiner l’ascension des femmes dans ce secteur compétitif.
Les Défis Structurels de l’Industrie
Le capital-risque canadien a traversé des périodes tumultueuses ces dernières années. Après un boom en 2021, le secteur a connu une contraction, avec des fonds peinant à lever des capitaux. Cette instabilité a accentué le turnover, et les femmes, souvent sous-représentées, peuvent être particulièrement touchées. Comme le note une experte du secteur :
« Dans un contexte économique difficile, retenir les talents féminins est plus crucial que jamais. »
– Une observatrice de l’industrie VC
Les fonds doivent donc repenser leurs stratégies de rétention. Cela passe par des discussions ouvertes sur des sujets sensibles comme l’équité salariale, les opportunités d’avancement, et les politiques de soutien à la parentalité. Sans ces ajustements, l’industrie risque de perdre des talents précieux au profit d’autres secteurs.
Des Solutions pour une Meilleure Rétention
Comment le secteur peut-il s’améliorer? CWVC propose plusieurs pistes concrètes pour renforcer la rétention des femmes :
- Créer des parcours clairs pour l’avancement professionnel, avec des critères transparents.
- Mettre en place des politiques de congé parental équitables et bien définies.
- Assurer une rémunération compétitive et équitable pour tous les niveaux.
- Favoriser une culture d’inclusion où les femmes se sentent valorisées.
En parallèle, CWVC prévoit de poursuivre ses analyses annuelles pour mieux comprendre les tendances à long terme. L’organisation souhaite également encourager les fonds à engager des conversations franches sur leurs pratiques internes.
Un Appel à l’Action pour l’Industrie
Le départ d’une femme sur quatre du capital-risque canadien est un signal fort. Il ne s’agit pas seulement de recruter plus de femmes, mais de créer un environnement où elles peuvent s’épanouir. Les fonds qui investissent dans des politiques inclusives et transparentes ne se contentent pas de retenir leurs talents : ils renforcent leur compétitivité dans un marché en constante évolution.
Pour résumer, voici les points clés à retenir :
- 25 % des femmes quittent le VC, souvent pour l’entrepreneuriat ou d’autres secteurs.
- Les promotions existent, mais concernent surtout les niveaux intermédiaires.
- Des politiques inclusives et transparentes sont essentielles pour retenir les talents.
Le capital-risque canadien a une opportunité unique de se réinventer. En plaçant la rétention des femmes au cœur de ses priorités, il peut non seulement diversifier ses rangs, mais aussi inspirer d’autres industries. La question reste : les fonds relèveront-ils le défi?