Pourquoi Phhhoto attaque Meta en justice pour concurrence déloyale
Phhhoto, une startup de réseau social longtemps fermée, accuse Meta de pratiques anticoncurrentielles dans un procès antitrust qui revient sur le devant de la scène. Selon la plainte initiale déposée fin 2021, le géant technologique aurait copié les fonctionnalités clés de Phhhoto avant d'étouffer la concurrence en manipulant l'algorithme d'Instagram. Une cour d'appel américaine vient d'invalider la décision d'un juge fédéral de rejeter la plainte, ouvrant ainsi la voie à un nouveau procès.
Les accusations de Phhhoto envers Meta
Phhhoto allègue que Meta a violé la loi américaine sur la concurrence en copiant ses principales fonctionnalités et en freinant sa croissance. La startup s'interroge notamment sur la manière dont Meta aurait utilisé l'introduction d'un flux algorithmique sur Instagram pour réprimer le contenu de Phhhoto.
Selon la plainte, Phhhoto a découvert cette manipulation algorithmique en utilisant un autre compte pour publier une vidéo sur Instagram. La même publication n'a jamais pris son envol une fois partagée depuis le compte officiel de Phhhoto, malgré ses 500 fois plus d'abonnés.
D'autres tactiques anticoncurrentielles dénoncées
Outre la manipulation de l'algorithme, Phhhoto affirme que Meta a eu recours à d'autres manœuvres déloyales :
- Retrait de l'accès à l'API "Find Friends" avant le lancement du flux algorithmique d'Instagram en 2016.
- Annulation de l'intégration prévue du contenu Phhhoto dans le fil d'actualité Facebook.
- Lancement par Meta de l'app concurrente Instagram Boomerang, copiant la technologie de Phhhoto.
Un appel gagnant pour Phhhoto
En première instance, le juge avait estimé que la plainte de Phhhoto était hors délai, le Sherman Act prévoyant un délai de prescription de 4 ans. Mais la startup a fait valoir en appel que le tribunal aurait dû suspendre ce délai. En effet, Phhhoto n'a découvert les problèmes avec le flux algorithmique de Meta qu'en décembre 2018, lorsque des documents relatifs au "Project Amplify" ont été rendus publics.
La cour d'appel ne se prononce pas sur le fond, mais conclut que le juge de première instance a fait erreur sur la question du délai de prescription. La plainte antitrust de Phhhoto était donc recevable et le procès doit avoir lieu.
Un précédent important à venir ?
Si Phhhoto obtient gain de cause, ce procès pourrait marquer un tournant dans la régulation des pratiques anticoncurrentielles des géants de la tech. La startup devra prouver que Meta a sciemment faussé le jeu de la concurrence en sa défaveur, portant un coup fatal à son activité.
Un porte-parole de Meta a déclaré que la plainte était « sans fondement » et que le groupe comptait « se défendre vigoureusement ». Mais si les tribunaux donnent raison à Phhhoto, cela pourrait ouvrir la voie à une multiplication des contentieux visant les algorithmes et autres tactiques des grandes plateformes numériques. Un dossier à suivre de près pour toutes les startups technologiques.