Prévention des incendies de batteries : les tests s’intensifient
Alors que les batteries lithium-ion envahissent notre quotidien, la question de leur sécurité devient primordiale. Pour mieux comprendre et prévenir les risques d'incendie liés à cette technologie, les experts en prévention et les assureurs multiplient les tests grandeur nature. Plongée dans les coulisses de ces essais cruciaux.
En ce froid matin de novembre, une équipe d'experts s'est réunie dans le grand hall d'essai du Centre National de Prévention et de Protection (CNPP) à Saint-Marcel dans l'Eure. Objectif : réaliser un test d'extinction de feu de batteries lithium-ion, ces accumulateurs omniprésents dans nos appareils électroniques et nos véhicules électriques. Un enjeu majeur alors que leur utilisation explose avec la transition écologique.
Un scénario réaliste pour couvrir un maximum de situations
Au centre du hall, une palette supporte 40 batteries de vélo électrique. Une plaque chauffante a été installée sur l'une d'elles pour provoquer un emballement thermique et déclencher l'incendie. Autour, d'autres palettes permettront d'étudier les risques de propagation. Des capteurs et caméras thermiques suivront l'évolution du sinistre.
La configuration vise à couvrir un maximum de situations de la vie réelle, comme l'explique Damien Roubineau, consultant du CNPP :
On retrouve ce type de stockage en bout de ligne dans une usine ou une entreprise de vente de batteries. Mais ces produits sont aussi présents chez les particuliers, avec des risques de feux mortels s'ils surviennent la nuit dans un couloir.
– Damien Roubineau, consultant CNPP
Des essais longs et coûteux, mais indispensables
Mis à feu, le foyer mettra un quart d'heure à se développer. Fumées noires, flammes, petites explosions... Le feu monte rapidement en intensité. Pourtant, les capteurs thermiques révèlent qu'il "chauffe finalement peu". Il faudra plusieurs minutes après l'apparition des flammes pour voir les sprinklers s'enclencher et arroser la scène.
Si le système a fonctionné, un léger retard dans le déclenchement est à noter. Une question de réglages selon les experts. Car les véritables enseignements viendront de l'analyse détaillée des données recueillies. Un travail de longue haleine pour France Assureurs, qui a financé cette campagne à hauteur de 458 000 euros.
Nous surveillons l'évolution des risques incendie depuis des décennies. Avec le développement des batteries lithium-ion, c'est un fait nouveau à intégrer. Nous devons savoir comment ces feux se développent et comment les maîtriser.
– Florence Lustman, présidente France Assureurs
Mieux connaître les risques pour renforcer la prévention
Car le défi est de taille. La diversité des technologies et des formats de batteries complique l'élaboration de standards. Chaque chimie, chaque géométrie de cellule réagit différemment. Et de multiples causes peuvent être à l'origine d'un départ de feu :
- Emballement thermique lié à une élévation de température
- Court-circuit dû à une pression mécanique
- Problème survenant suite à une décharge profonde
Face à cette complexité, les essais se poursuivront dans les mois à venir. L'objectif : mieux comprendre les mécanismes en jeu, tester l'efficacité des moyens d'extinction pour toujours plus de sécurité. Car si les batteries sont un maillon essentiel de la transition écologique, leur développement ne doit pas se faire au détriment de la prévention des risques. Un défi que les assureurs et experts en sécurité entendent bien relever, à force de tests et de persévérance.
