Prévisions des VCs canadiens pour 2025 : habitudes, paris et buzzwords bannis
Alors que nous entamons une nouvelle année, les principaux investisseurs en capital risque du Canada partagent leurs ambitions, paris et mots clés bannis pour 2025. Entre volonté de bâtir des partenariats stratégiques, confiance absolue en sa thèse d'investissement et besoin de déconnecter, les VC canadiens nous dévoilent leur vision pour l'avenir de l'écosystème tech national. Décryptage.
Miser sur des relations approfondies et alignées
Pour Danielle Graham de Firehood, 2025 sera placée sous le signe de l'approfondissement des relations avec des personnes partageant la même vision et les mêmes valeurs. Il s'agit de « prioriser la qualité sur la quantité » en se concentrant sur des partenariats stratégiques en phase avec sa mission.
Dans la même veine, James Lochrie de Thin Air Labs compte adopter « une pratique de foi absolue » dans sa thèse d'investissement et son exécution opérationnelle. Concrètement, cela signifie ne faire aucun compromis avec des investisseurs qui ne partageraient pas sa tolérance au risque.
Optimiser son outil technologique pour gagner en efficacité
Côté outils, Lauren Epstein de Storytime Capital souhaite tirer le meilleur parti de sa "tech stack" personnelle en 2025. Au programme : recherche des applications complémentaires, intégration pour les faire fonctionner en harmonie et en retirer de la valeur ajoutée au quotidien.
Être pleinement présent et réduire les sollicitations
Pour Leah Carr de Koru, la résolution phare de 2025 sera d'être totalement présente, que ce soit avec les autres ou avec elle-même. Cela passe par des actions concrètes comme « fermer son ordinateur pendant les réunions, accorder toute son attention lors des appels virtuels et mettre son téléphone en silencieux pendant les moments de concentration personnelle ».
Dans un registre similaire, Josh Nilson de Maskwa Investments aspire à réduire les rendez-vous de suivi au profit de réponses concrètes. Son leitmotiv : « Soyez authentique - les entrepreneurs viennent de tous les horizons et vous n'avez pas à ressembler à tout le monde ».
Sortir de sa zone de confort et apprendre sans cesse
Sarah Young de Sandpiper Ventures s'est engagée à débuter l'année en réalisant son deuxième bain de l'ours polaire annuel dans l'océan Atlantique, malgré son aversion pour le froid. L'objectif : s'habituer à sortir de sa zone de confort.
Quant à Janet Bannister de Staircase Ventures, elle souhaite lire encore davantage en 2025, convaincue qu'« il est essentiel d'apprendre en permanence et de comprendre différents points de vue ». Elle cite Warren Buffet : « La personne que vous serez dans 5 ans dépend en grande partie des livres que vous lisez, des personnes que vous fréquentez et des habitudes que vous adoptez aujourd'hui ».
Objectifs "moonshot" : de l'expansion internationale au leadership en sciences de la vie
Interrogés sur leurs ambitions les plus folles pour 2025, les VC canadiens ne manquent pas d'idées. Danielle Graham rêve ainsi de mobiliser des millions de dollars pour les startups canadiennes dirigées par des femmes en élargissant son réseau mondial. Son but : positionner le Canada comme un leader international de l'innovation inclusive, en particulier dans les secteurs des cleantech, de la santé et de la fintech.
De son côté, James Lochrie a pour objectif de bâtir la société d'investissement la plus dynamique du pays, avec un accent particulier sur les sciences de la vie. Lauren Epstein se concentre quant à elle sur la levée de son deuxième fonds, une étape clé pour renforcer la croissance de sa firme.
Changer de paradigme et bâtir ses compétences en IA
Josh Nilson souhaite changer notre façon de penser l'investissement et d'aider les nouveaux entrepreneurs à réussir. Première étape selon lui : devenir soi-même un investisseur de premier ordre, tout en n'hésitant pas à mettre la main à la pâte pour épauler les équipes.
Leah Carr s'est quant à elle fixé un objectif à la croisée du développement personnel et professionnel : construire activement des workflows IA pour elle-même, et pas seulement pour les autres. Une compétence clé à développer à l'heure où la maîtrise de l'IA devient incontournable.
Des habitudes à perdre : moins de réunions Zoom et d'emails !
En 2025, les VC canadiens veulent aussi se débarrasser de certaines mauvaises habitudes. Au premier rang desquelles : les appels Zoom à rallonge. « Les visios c'est bien de temps en temps, mais prenons plutôt le téléphone comme au bon vieux temps », suggère Josh Nilson, qui avoue avoir plus de 1500 emails non lus dans sa boîte...
Lauren Epstein aspire quant à elle à moins composer avec « des informations discordantes et déconnectées ». Son credo : « Nous sommes en 2025, ça ne devrait plus arriver ! ». De son côté, James Lochrie veut arrêter de trop se justifier : « L'historique parle de lui-même et je vais le laisser s'exprimer », assume-t-il.
Ces buzzwords que les VC ne veulent plus entendre
Quels sont les mots clés que les investisseurs retirent de leur vocabulaire en 2025 ? « Diversité, équité et inclusion » pour James Lochrie. « Buzz word » itself pour Lauren Epstein. Ou encore « synchro » pour Josh Nilson, sous peine de devoir payer la première bière !
Danielle Graham préfère quant à elle bannir le terme de fondateur « cafard » au profit d'un langage plus inspirant comme le phoenix qui renaît de ses cendres. De même, Sarah Young ne veut plus entendre parler de « fruits à portée de main », de « révolutionnaire » ou de « polarisation ».
Et si le Canada se donnait pour résolution de...
Enfin, interrogés sur la résolution que devrait prendre le Canada pour la nouvelle année, les VC ne manquent pas de recommandations :
- Embrasser son potentiel mondial et être compétitif sur la scène internationale en misant sur ses talents et son innovation de classe mondiale pour devenir un leader dans des secteurs clés (Danielle Graham).
- Se réveiller chaque matin en ayant la rage de vaincre face au reste du monde (James Lochrie).
- Avoir un gouvernement et des dirigeants portés par une vision forte pour l'avenir du pays (Lauren Epstein).
- Investir massivement, au-delà de l'argent : le Canada a besoin de plus de fonds pré-amorçage pour transformer les idées en entreprises extraordinaires, mais aussi de mentors pour aider sur la stratégie (Josh Nilson).
- Se dépêcher en fixant des priorités et des étapes clés, en restant concentré sur les progrès et les améliorations plutôt que sur ce qui ne va pas (Sarah Young).
- Tout en s'attaquant aux problèmes de fond, reconnaître que le Canada reste l'un des meilleurs pays au monde et consacrer plus de temps à innover, créer et construire (Janet Bannister).
Une chose est sûre : à l'aube de 2025, les investisseurs en capital risque canadiens sont fin prêts à jouer un rôle moteur dans le développement de l'écosystème tech national, en misant sur des paris audacieux, des partenariats stratégiques et l'adoption de nouvelles habitudes. Vivement la nouvelle année !