Quand la Sécheresse Perturbe la Production Industrielle au Mexique
Dans un monde confronté aux défis grandissants du changement climatique, les entreprises industrielles sont de plus en plus souvent confrontées à des situations inédites. C'est ce qu'a récemment vécu le géant américain de la chimie Chemours sur son site de production de dioxyde de titane à Altamira, au Mexique. Une sécheresse sévère a contraint le groupe à suspendre temporairement ses activités, un événement qui soulève des questions cruciales sur la gestion des ressources en eau dans l'industrie.
Quand la nature dicte sa loi à l'industrie
Le 31 mai dernier, face à une sécheresse d'une ampleur exceptionnelle touchant une grande partie du Mexique, les autorités ont demandé à Chemours de réduire drastiquement sa consommation d'eau afin de préserver l'approvisionnement des collectivités locales. Un choix cornélien pour l'industriel, qui n'a eu d'autre option que de mettre à l'arrêt son unité de production de dioxyde de titane, un composé largement utilisé comme pigment blanc, notamment dans les peintures, les plastiques ou encore les cosmétiques.
« C'est un rappel brutal que dans un contexte de raréfaction des ressources, les priorités peuvent rapidement évoluer. L'industrie n'est plus à l'abri de devoir, du jour au lendemain, s'effacer au profit d'autres usages jugés plus essentiels. »
analyse un expert du secteur.
Mobilisation des autres sites du groupe
Pendant près d'un mois, jusqu'à la reprise de la production le 24 juin, Chemours a dû s'appuyer sur ses autres sites dans le monde pour continuer à fournir ses clients en dioxyde de titane. Une situation loin d'être idéale, d'autant que la demande pour ce produit est actuellement soutenue. Mais le groupe n'avait pas d'autre choix que de se plier aux exigences des autorités mexicaines et d'attendre le retour de conditions météorologiques plus clémentes.
La sobriété hydrique, un impératif pour l'industrie
Au-delà de la gestion de crise, cet épisode met en lumière l'urgence pour les industriels de mettre en place des plans de sobriété hydrique. Face aux dérèglements climatiques, les sécheresses risquent de devenir plus fréquentes et intenses, y compris dans des zones jusqu'ici épargnées. C'est tout le modèle de développement industriel, gourmand en eau, qui est remis en cause.
Conscient de ces enjeux, Chemours a indiqué travailler « en étroite collaboration avec des partenaires gouvernementaux, commerciaux et communautaires pour identifier et mettre en œuvre des solutions à court et à long termes ». Un constat lucide qui doit inciter l'ensemble des acteurs industriels à repenser urgemment leur rapport à cette ressource vitale mais de plus en plus menacée qu'est l'eau.
Des pistes pour une industrie plus sobre
Parmi les leviers d'action possibles, on peut citer :
- L'optimisation des procédés pour réduire les besoins en eau
- Le recyclage et la réutilisation des eaux de process
- La réduction des fuites et gaspillages sur les réseaux
- La récupération des eaux de pluie
- Des partenariats avec les collectivités locales pour une meilleure gestion partagée de la ressource
L'industrie est aujourd'hui confrontée à ses responsabilités en matière de préservation de l'eau. Les exemples de pratiques vertueuses et innovantes existent, à elle désormais de s'en emparer pleinement pour assurer sa résilience et sa pérennité dans un monde où cette ressource sera de plus en plus disputée. L'épisode de Chemours au Mexique agit comme un véritable signal d'alarme qu'il faudrait être bien imprudent d'ignorer.