Quand le Pays basque innove pour recycler ses plastiques
Quoi de mieux qu'une initiative locale pour apporter des solutions concrètes aux enjeux environnementaux de notre époque ? C'est le pari audacieux que s'est lancé Iparla, un projet fédérant une trentaine d'entreprises du Pays basque autour d'un objectif commun : créer des boucles circulaires pour recycler les déchets plastiques industriels. Une démarche innovante et solidaire qui pourrait bien inspirer d'autres territoires.
Un gisement de déchets à valoriser
Tout commence par un constat : le Pays basque, comme beaucoup de régions industrielles, génère un volume important de déchets plastiques. Plutôt que de les voir partir en incinération ou en enfouissement, pourquoi ne pas leur donner une seconde vie ? C'est là qu'intervient Iparla, acronyme basque signifiant "Revalorisation du plastique industriel". L'idée est simple mais ambitieuse :
- Identifier les gisements de déchets plastiques propres et homogènes au sein des entreprises du territoire
- Mutualiser les volumes pour atteindre un tonnage suffisant (10 à 15 tonnes)
- Mettre en place une collecte et un recyclage de proximité
Comme l'explique Thibault Hourquebie, délégué général de l'association Pays basque industries qui pilote le projet, l'enjeu est de taille :
Le plastique doit être trié et propre pour pouvoir être recyclé efficacement. En travaillant main dans la main, les entreprises peuvent atteindre les volumes nécessaires pour rendre la collecte viable économiquement.
Thibault Hourquebie, Pays basque industries
Des boucles locales et solidaires
Au-delà de l'aspect purement logistique, Iparla mise sur la création de véritables synergies de proximité. L'idée est de connecter les entreprises qui génèrent des déchets avec celles capables de les intégrer dans leur production, le tout à l'échelle du Pays basque. Un exemple concret ?
Le fabricant de mobilier de bureau Sokoa s'est associé au plasturgiste Somocap pour recycler les bacs en plastique dans lesquels il reçoit ses composants électroniques de la part de BMS circuits. Résultat : une boucle locale et vertueuse où un déchet devient une ressource. Comme le souligne Timothée Achéritogaray, patron de Sokoa :
Nous sommes prêts à y consacrer du temps et des moyens, sans savoir si nous aurons des résultats immédiats. Mais nous pensons que cela doit faire partie de la solution sur le long terme.
Timothée Achéritogaray, Sokoa
Vers un modèle inspirant ?
Iparla s'inscrit dans un contexte réglementaire en pleine évolution, avec la mise en place progressive de la responsabilité élargie du producteur (REP) pour les emballages industriels et commerciaux. Une contrainte qui peut devenir une opportunité pour repenser les modes de production et de consommation.
En misant sur l'action collective et la proximité, le projet basque ouvre des perspectives stimulantes. Il démontre qu'il est possible d'activer des leviers à une échelle territoriale pour faire de l'économie circulaire une réalité. Une démarche qui a d'ailleurs retenu l'attention de l'ADEME, l'Agence de la transition écologique, via son appel à projets Orplast.
Alors, le modèle Iparla sera-t-il dupliqué dans d'autres régions ? Une chose est sûre : à l'heure où l'urgence écologique n'a jamais été aussi prégnante, ce type d'initiatives bottom-up a un rôle essentiel à jouer. Elles prouvent que la transition passe aussi par la mobilisation des acteurs économiques sur les territoires. Un bel exemple à suivre pour donner une seconde vie à nos déchets !