Redfin : son PDG promet de “boire notre propre urine”
C'est une déclaration pour le moins inhabituelle qu'a faite Glenn Kelman, le PDG du site immobilier Redfin, lors de l'appel aux résultats du deuxième trimestre de l'entreprise. Interrogé sur le "plan B" de Redfin si les taux d'intérêt hypothécaires ne baissent pas, il a répondu sans détour : "Le plan B est de boire notre propre urine ou le sang de nos concurrents, rester dans le trou du renard." Des propos étonnants, tenus non pas lors d'une discussion informelle mais bien pendant une conférence officielle destinée aux investisseurs.
Un marché immobilier en « zone crépusculaire » selon Redfin
Si les résultats de Redfin ont dépassé les attentes, les analystes de Wall Street se sont surtout focalisés sur les perspectives du marché immobilier dans son ensemble. Glenn Kelman n'a pas mâché ses mots, comparant la situation actuelle à la série TV « La Quatrième Dimension » (The Twilight Zone en anglais) :
Je ne me souviens pas d'une époque où les taux [hypothécaires] ont baissé aussi loin, aussi vite, et où le marché a réagi de manière aussi contenue. Et nous devons simplement croire qu'il va [remonter].
– Glenn Kelman, PDG de Redfin
Le dirigeant espère certes une amélioration du marché, mais il ne mise pas tout là-dessus. Après sa fameuse promesse de consommer divers fluides corporels, il a ajouté : "Le dernier appel aux résultats s'est terminé par moi chantant une ligne d'une chanson de The Who, Won't Get Fooled Again, où j'avais dit que nous ne comptions pas sur des taux bas quand d'autres pensaient qu'ils pourraient baisser […] Nous sommes prêts à gagner des parts de marché si le marché croît, nous sommes prêts à en gagner s'il ne croît pas, mais nous n'allons pas relâcher nos efforts."
L'urine avant le sang
Conscient d'être peut-être allé un peu loin, Glenn Kelman a tenu à préciser juste avant la fin de l'appel : "Nous boirons notre urine avant le sang. En fait, j'aurais préféré ne pas dire ça. Je suis un amoureux, pas un combattant." Un mea culpa qui n'efface pas totalement le choc provoqué par ses déclarations initiales.
Le PDG de Redfin croit en son modèle malgré les difficultés
Au-delà de la provocation, les propos de Glenn Kelman montrent sa détermination à défendre le modèle de Redfin, basé sur des commissions réduites et la technologie, dans un marché immobilier compliqué. Fondé en 2004, le site a révolutionné le secteur en misant sur le digital pour réduire les coûts. Mais la remontée brutale des taux d'intérêt hypothécaires l'an dernier a refroidi le marché.
Redfin n'est pas la seule entreprise tech du secteur immobilier à souffrir dans ce contexte. Son concurrent Compass a aussi annoncé des résultats mitigés. Les acteurs traditionnels s'en sortent un peu mieux grâce à leurs réseaux physiques d'agences. Mais tous espèrent un rebond du marché, sans pouvoir le prédire avec certitude.
L'avenir de l'immobilier passera-t-il par la tech ?
Malgré les difficultés actuelles, Glenn Kelman reste persuadé que l'avenir de l'immobilier passera par les entreprises tech comme Redfin, capables de s'adapter rapidement et de réduire les coûts. Sa sortie fracassante visait sans doute à remobiliser ses troupes et à réaffirmer son engagement sans faille dans sa stratégie, quitte à choquer.
Mais le patron iconoclaste devra transformer l'essai sur la durée. Boire son urine (ou pire) pour tenir ses promesses n'est pas une option durable. Le vrai défi pour Redfin sera de continuer à séduire les acheteurs et vendeurs avec ses tarifs et ses outils, sur un marché immobilier de plus en plus concurrentiel et incertain. Tout en évitant, espérons-le, d'avoir à ingurgiter trop de substances corporelles en chemin.
