Renaissance industrielle de l’usine Renault à Douai
Au cœur des Hauts-de-France, l'usine Renault de Douai écrit un nouveau chapitre de son histoire. Après des années difficiles, le site nordiste opère une mue profonde pour redevenir le fleuron industriel du groupe au losange. Son ambition : devenir l'usine européenne de référence pour la production de masse de véhicules électriques.
De la Renault 5 à la renaissance électrique
Inaugurée en 1970, l'usine de Douai a connu ses heures de gloire avec le lancement de la Renault 5 en 1972. Mais après un pic de production en 2004 avec près de 470 000 véhicules, le site a traversé une longue période de déclin. La faute à la crise économique, à une gamme vieillissante et à une concurrence internationale féroce.
Mais en 2020, sous l'impulsion de Luca de Meo, le nouveau directeur général de Renault, Douai est choisie pour devenir le cœur battant de la stratégie d'électrification du groupe. Un pari audacieux qui implique une refonte complète de l'outil industriel.
On m'a dit que j'étais complètement fou quand j'ai pris cette décision de localiser nos nouveaux véhicules électriques en France.
– Luca de Meo, Directeur général de Renault
Optimisation et compactage du site industriel
Première étape de la transformation : un compactage drastique des installations. La surface du site est réduite de plus de moitié pour atteindre 118 hectares, dont 32 couverts. Une partie des terrains est cédée au fabricant de batteries AESC Envision qui y implante une gigafactory pour fournir les futures Renault électriques.
En parallèle, la logistique est repensée de A à Z pour gagner en efficacité et réduire les coûts :
- Réduction des stocks et optimisation des processus
- Implantation d'une plateforme logistique sur site
- 75% des fournisseurs localisés à moins de 300 km
Résultat : une réduction de 30% des coûts du système industriel. L'objectif à terme est d'atteindre les 50%.
Cap sur la production de masse de véhicules électriques
Avec une nouvelle ligne d'assemblage dernier cri, Douai se donne les moyens de ses ambitions. Dès 2025, le site doit produire 400 000 véhicules par an, contre seulement 50 000 en 2022. Un changement d'échelle rendu possible par la spécialisation du site dans les modèles électriques.
La nouvelle Renault 5 électrique, produite depuis septembre, doit montrer la voie. À terme, six modèles zéro émission seront fabriqués à Douai :
- Renault 5
- Renault 4 (à partir de 2025)
- Nouvelle Nissan Micra (2025)
- Un SUV Mitsubishi
L'objectif est de produire une Renault 5 en moins de 10 heures, puis de passer sous la barre des 9 heures. Un défi rendu possible par une optimisation de la conception du véhicule, avec une réduction du nombre de pièces.
L'énergie, un atout compétitif clé
Au-delà de la performance industrielle, Renault mise sur un autre atout pour assurer la compétitivité de ses futurs véhicules électriques : le coût de l'énergie. Et sur ce point, la France a une longueur d'avance.
Le nucléaire français garantit une énergie bas carbone et compétitive qui compense largement nos désavantages en termes de coût du travail.
- Josep Maria Recasens, Directeur des opérations d'Ampere
Un argument de poids quand on sait qu'un véhicule électrique consomme deux fois plus d'électricité qu'un modèle thermique sur l'ensemble de son cycle de vie. Douai est donc bien partie pour renouer avec son passé glorieux et incarner la renaissance industrielle électrique de Renault.
