Repenser le travail : L’autonomie, clé du salariat moderne
Le monde du travail est en pleine mutation. Les jeunes générations aspirent à plus d'autonomie et de flexibilité, remettant en question le modèle traditionnel du salariat. Face à ce constat, Pascal Lokiec, professeur de droit social à Paris 1 Panthéon-Sorbonne, propose dans son dernier ouvrage de repenser le lien de subordination qui fonde la relation employeur-salarié. Une réflexion nécessaire pour rendre le salariat plus attractif et épanouissant.
L'autonomie, un besoin croissant des salariés
Selon les enquêtes, 72% des jeunes sont attirés par le travail indépendant. Un chiffre révélateur d'une quête d'autonomie et de liberté dans le travail. Pourtant, le statut d'indépendant comporte aussi des contraintes et des risques que les salariés n'ont pas toujours en tête. Le salariat, sur lequel s'est bâti notre système de protection sociale, a encore de beaux jours devant lui, à condition de se réinventer.
Pour qu'il reste attractif, il faut introduire de l'autonomie dans le salariat.
Pascal Lokiec
Trop ou trop peu d'autonomie, les dangers des situations extrêmes
Si certains salariés, comme les cadres au forfait jour, disposent d'une grande autonomie, celle-ci peut paradoxalement devenir un piège lorsqu'elle s'accompagne d'objectifs difficilement atteignables. À l'inverse, le développement des nouvelles technologies de surveillance limite considérablement la marge de manœuvre de nombreux salariés, y compris les télétravailleurs. Dans l'industrie, la robotisation des tâches risque d'accentuer ce phénomène.
Il faut absolument trouver des espaces d'autonomie aux métiers peu qualifiés aussi. Les jeunes ouvriers en ont autant envie que les jeunes cadres !
Pascal Lokiec
Vers un salariat plus épanouissant
Pour développer l'autonomie des salariés, Pascal Lokiec suggère de faire évoluer le lien de subordination qui définit actuellement le salariat. Plutôt que de partir du principe que l'employeur décide et que le salarié conteste, il propose d'inverser la logique :
- Donner au salarié la capacité de décider de ses conditions de travail (horaires, lieu), charge à l'employeur de refuser si besoin
- Associer davantage les salariés à la définition de leurs objectifs de travail
- Impliquer les salariés dans la détermination de la stratégie de l'entreprise
Selon les études, ces évolutions permettraient aux entreprises de gagner en attractivité et en performance, avec des salariés plus motivés et innovants. Un cercle vertueux dans lequel chacun serait gagnant.
Une réflexion à poursuivre
La proposition de Pascal Lokiec ouvre des pistes prometteuses pour moderniser le salariat. Elle appelle un dialogue approfondi entre partenaires sociaux pour redéfinir un cadre adapté aux aspirations des salariés, sans fragiliser les fondements de notre modèle social. Un défi stimulant pour façonner le travail de demain, plus épanouissant et porteur de sens.